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» patience nous avons attendu cette époque de notre » organisation.

» En nous arrêtant un moment à chaque degré de » la nouvelle hiérarchie politique que vous avez créé pour le bonheur des françois, qu'il nous est doux » de vous porter un nouveau tribut d'admiration, de respect & de reconnoissance! Si le devoir nous l'im»pose, il est en même-temps le besoin le plus pressant de nos cœurs.

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» Nous l'avons fait ce serment solemnel, & nous » le repétons encore en vos mains, Messieurs » Nous maintiendrons de tout notre pouvoir & de » toutes nos forces cette sage constitution dont vous » avez posé les bases majestueuses & éternelles : fidèles envers la nation, soumis à la loi, pleins d'amour » & de respect pour le modèle de tous les rois,quels obstacles pourroient nous effrayer ou nous arrêter dans la carrière que vos pénibles travaux nous ont ouverte? » Quelle puissance oseroit s'opposer à cette masse res»pectable & invincible de la volonté commune & gé» nérale?Qui osera tenter de relever cette antique idole, » que l'égoïsme avoit créé, que le despotisme soute»noit, que l'abus avoit consacré, & qu'un peuple » soumis au joug du plus vil esclavage étoit forcé » d'encenser? Il est tombé à vos pieds, Messieurs » ce colosse odieux & formidable & sur ?

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ses dé

?

bris yos mains paternelles ont établi pour jamais le temple de la liberté : nous le défendrons »ce temple auguste & précieux Malheur à ces ames » rampantes qui, habituées à la servitude, regrette»roient les chaînes que l'énergie de la nation vient de >> briser; malheur à ces mauvais citoyens qui, dans la » balance politique ne mettant leur intérêt person»nel,. déplorent les sacrifices que le bien général exige, & osent employer tous les moyens de s'y soustraire; malheur sur-tout à ces perturbateurs de l'or»dre public, à ces fanatiques incendiaires, à ces » laches transfuges de la cause commune, qui

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que

ne

voyant que l'erreur au-delà de leur opinion indivi duelle, attisant partout le feu de la discorde, avilissant la religion qu'ils professent, & déshonorant

le caractère auguste dont ils furent revêtus, manifestent leurs projets pervers par des écrits séditieux par des déclamations coupables, par des protestations criminelles. Marqués du sceau de l'infamie » que le bonheur de leurs frères dont ils se sont sé» parés, fasse à jamais le tourment de leur vie !

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» Pour vous, Messieurs, sans craindre désormais » les effets d'une cabale expirante, couverts des bé» nédictions d'un peuple qui vous revère, jouissez » de votre triomphe.

» Par vous, vos concitoyens seront heureux; paṛ » vous, l'empire françois va prendre, aux yeux de » l'europe étonnée, ce caractère imposant que doiț » avoir la première des nations: elle comptera au nom»bre de vos bienfaits, Messieurs, le droit que vous lai » avez rendu d'éloigner d'elle le fléau de la guerre, en pesant dans la balance de la justice le sang des peu»ples, & les vaines prétentions des ministres ambi>> tieux.

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Agréez, Messieurs, notre reconnoissance; agréez >> notre soumission sans réserve à tous vos décrets : en » fixant dans votre sagesse les limites de tous les pou

voirs qui constituent la machine politique, conti> nuez à resserrer ces liens sacrés d'amour & de fidélité ? qui uniront à jamais le meilleur des rois & le plus

aimant de tous les peuples; achevez cet édifice ma»jestueux, dont la voix unanime de vos concitoyens » vous confia la construction; continuez à justifier » leurs espérances, assurer leur félicité & la gloire » de l'empire sur des bases inébranlables; & les gé» nérations présentes & futures, toutes les nations du » monde en lisant le code des françois, s'écrieront » avec enthousiasme : quel peuple rendit un plus bel » hommage à la religion! quel peuple fut plus digne » de donner des loix à l'univers!

outre cette

Les cultivateurs & gens de métiers membres de l'assemblée électorale de ce département, adresse commune, en firent une autre qui peint les mêmes sentiments, & dans laquelle on lit :

>> Tous les françois ont vivement senti le bienfait de » l'abolition de la féodalité; mais qu'il nous soit per» mis, MM., de vous rappeller que laetagne est

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la province du royaume qui en a le moins profité, » Autrefois, envahie par une multitude de tyrans elle perdit le nom d'Armorique, & a été depuis régie » par autant d'usements particuliers qu'il se forma de seigneuries; usements qui firent autant de serfs qu'il » resta d'armoricains sous la loi des vainqueurs, de sorte que votre sagesse n'ayant point statué sur ces » régimes particuliers, une partie du peuple françois » se trouve encore sous un joug d'autant plus pesant » que le régime arbitraire des usements est beaucoup plus vexatoire que le régime féodal dont il tire sa source, & dont il est l'excès».

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Le 16 juin, les électeurs du district de Josselin avoient élu M. Duval, administrateur : il vint se présenter à l'assemblée, protesta de son dévouement à la chose publique; mais ne payant pas une contribution suffisante, il déclara qu'aux termes des décrets il n'étoit pas éligible, & il pria de jetter les yeux sur un autre pour le remplacer. Cette déclaration faite avec

une modestie bien propre à l'honorer, excita les applandissements & les regrets de l'assemblée.

L'on ne peut se défendre de faire ici les réflexions naturelles qu'inspire l'impuissance fàcheuse où s'est trouvé M, Duval de répondre à la confiance de ses concitoyens.

Un évêque, un courtisan de Louis XIV, c'est-àdire, un apôtre du despotisme, avoue lui-même dans son fameux discours sur l'histoire universelle, que Rome portoit dans son sein la cause de sa ruine dans la rivalité perpétuelle des plébéiens avec les praticiens : les guerres sanglantes des Marius & des Sylla en furent les suites affreuses; les premiers étoient néanmoins parvenus depuis long-temps à partager tous les honneurs: nos représentants ont détruit un pareil germe de division; ils ont en ce point surpassé en sagesse la constitution de ce peuple célèbre : mais les Romains ne voyoient par-tout que des citoyens éligibles, à l'exception de cette multitude trop susceptible de séduction par ses besoins & sa position nécessiteuse, qui ne contribuoit en rien aux dépenses de l'état, qui cependant avoit des droits à sa protection & à ses bienfaits

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par les enfants qu'elle élevoit, & qui étoit désignée par la dénomination de prolétaires ou de capite censi: Ils exceptoient encore les depontani senes. Ces veillards qui n'avoient pas le droit de passer le pont pour porter leur suffrage, sont inconnus dans les décrets d'une assemblée qui a eu la gloire de savoir mieux res pecter la vieillesse; mais pourquoi a-t-elle établi la distinction des deux classes, d'éligibles & non éligibles? Comment un citoyen actif qui fournit ses impositions proportionnelles, est-il reduit au simple droit de voter? L'exclusion qui l'empêche de goûter les fruits d'une confiance généralement obtenue par les lumières & les vertus, ne tend-t-elle pas à anéantir l'émulation? Enfin le décret du 22 décembre 1789, est-il constitutionel dans toutes ses parties? Si l'affirmative est constante, les réclamations particulières, fondées sur des inconvénients partiels, doivent céder à l'intérêt général que les grandes vues de nos représentans savent embrasser dans l'ensemble d'une constitution que nous devons soutenir. Le défaut de place nous empêche de placer ici les noms de MM. les administrateurs du departement & des neuf districts. Nous les donnerons incessamment. DEPARTEMENT DE L'ILLE ET VILAINE. De Rennes. J'ai rapporté dans le N°. 20, que les étudiants en droit avoient protesté contre la nomination de M. Chaillou à la chaire de professeur en droit canonique. Il leur adressa hier soir une lettre moëlleuse dans laquelle il cherche à gagner leur estime. Le but est lonable; mais quoiqu'il les traite comme des enfants dont on a surpris la signature, ils ont fait leurs preuves, & montré plus d'une fois qu'ils ne signoient que d'après une conscience éclairée. Il reclame toujours les deux suffrages: c'est une forte masse d'opposition à tous les arguments! il cite tous ses traits de civisme, une contribution exigée par la loi, & une apparition momentanée à l'assemblée primaire qui reçut son serment: il parle beaucoup de la candeur des jeunes gens; il paroît qu'il compte encore plus sur une simplicité crédule.

A la fin de cette lettre, M. Chaillou m'accuse aměrement d'être son ennemi particulier; il ne peut me

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pardonner d'avoir trouvé cette protestation humiliante pour lui, & il paroit être convaincu que j'en suis le rédacteur.

La protestation n'est point mon ouvrage. J'en ai rendu compte, parce qu'elle semble amener une grande question, celle de savoir si un individu quelconque peut se présenter pour remplir des fonctions dont le défaut de confiance de la part de tous ceux avec lesquels il doit avoir des rapports directs & continus, paroit devoir l'éloigner. Voilà le point de vue qui m'a engagé à rapporter cet événement. Je desire, comme tout bon citoyen, de voir les places importantes occupées par ceux que le public met au rang des bons patriotes, & des amis de la constitution. Ne peut-on former ce vou sans être l'ennemi de M. Chaillou ? Ne peut-on paroître bon citoyen sans fournir à M. Chaillou la persuasion cruelle qu'il n'est pas aimė & sans qu'il vous taxe de haîne & de jalousie? M. Chaillou crie à la calomnie ! ... Mais, depuis quand calomnie-t-on, lorsque l'on s'en' tient à rapporter des faits notoires? Est-il vrai que les jeunes gens ont protesté contre sa nomination? voilà le fait unique que j'ai rapporté. Je veux croire. que M. Chaillou n'avoit point encore connu ni mérité d'humiliation; mais une protestation semblable estelle bien flatteuse? Je desire bien sincèrement pour lui qu'elle ne l'humilie pas, mais il n'empêchera jamais mon opinion délicate de la trouver très-humiliante.

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INTÉRÊT DES ASSIGNATS

Dates. I de 200 l.de 3co l. Août 13 1l. 198.4d. 2l. 195. d.

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de 1000 / 9l. 16 5.8 d.

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RENNES, Chez R. VATAR, fils, libraire, 1790.

Instruction adieffée par ordre du roi au département de l'Ille & Vilaine; prix 15 ious.

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