Page images
PDF
EPUB
[blocks in formation]

Hn'y a point eu aujourd'hui de séance.
FÉDÉRATION.

Les François célèbrent aujourd'hui 14 juillet 1790, Panniversaire premier de l'ère de la liberté.

En face de l'Eternel cette immense famille a juré d'être libre; c'est-à-dire, d'obéir aux loix ; & leurs gardes nationales ont juré de les maintenir, de faire respecter dans l'homme la dignité de son être, de conserver la propriété de chacun, & de garantir envers & contre tous l'existence la liberté & la fé licité de tous les citoyens.

2

[ocr errors]

Le champ de mars offroit un amphitéâtre orale garni de bancs où trois cens cinquante mille personnes pouvoient être assises à l'aise tout étoit rempli. Derrière ces bancs étoit encore une espace ca pable de contenir un peuple immense qui s'y étoit porté Les arbres même qui couronnoient les travées B. tom. V J. tom. I. Abonnement de juillet.

étbient surchargées de ces curieux avides de voir obstacle une fête aussi belle. Dans le lointain, sur les monticules de Chaillot & de Passy, on appercevoit une foule innombrable que la crainte des événemens presqu'inséparables d'une grande fête, les inquiétudes qu'avoient jetés dans leurs ames des écrits incendiaires, avoient fait porter dececôté-là, & fait louer des places jusqu'à 24 livres.

2

Au milieu de la place est arrivée successivement ment l'armée imposante des gardes nationales de France.

La garde nationale parisienne formoit, dans l'intérieur du champ, une haie de deux hommes de front, qui se prolongeant en deux branches, à partir de l'arc de triomphe jusqu'à la gallerie des députés & du roi enveloppoient l'enceinte, au milieu de laquelle se sont rangées, en défilant sur deux lignes, les gardes nationales & les troupes de ligne.

Ceci conduit à rapporter un fait qui a été remarqué de beaucoup de monde.

M. de Brissac, comme écuyer du roi, l'avoit conduit jusques à son fanteuil, il s'étoit placé en avant entre le roi & le président, de manière à offusquer la vue de celui-ci. M. de Brissac est resté assez longtemps dans cette position; cependant le roi l'a averti 'charitablemeut de ce qu'il avoit à faire; l'écuyer s'est retiré en rougissant, & est allé se placer à-peu-près au niveau des gardes nationales. Il est étonnant qu'on s'expose, en présence du souverain, à être obligé de rougir; il falloit que la dose fut forte; car on ne rougit guère à la cour: ce n'est pas le pays de la pudeur.

La marche étoit ouverte par une compagnie de cavalerie avec un étendard & six trompettes, le chef & le major de la cavalerie marchoient à la tête de ce is detachement. Une compagnie de grenadiers, ayant la 29moitié de la musique & des tambours en tête. Les électeurs de la ville de Paris. Une compagnie de volontaires. L'assemblée des représentants de la commune. Le comité militaire. Une compagnie de chasseurs. Les tambours de la ville. MM. les présidens

de district. Les députés de la commune pour le pacte fédératif. Les soixante administrateurs de la munici palité, accompagnés des gardes de la ville. Corps de musique & de tambours. Bataillon des élèves militaires. Détachemens des drapeaux de la garde patiouale parisienne. Bataillon des vétérans. Les députés des gardes nationales des quarante-deux premiers départemens, par ordre alphabétique. Le porte-oriflame. Les députés des troupes de ligne. Les députés de la marine. Les députés des gardes nationales des quaranteun derniersdépartements, par ordre alphabétique. Une compagnie de chasseurs volontaires. Une compagnie de cavalerie avec un étendard & deux trompettes pour fermer la marche.

1

En arrivant sur la place Louis XV, les pelotons de drapeaux se sont portés à droite & à gauche, de manière à recevoir l'assemblée nationale entre les deux haies & à lui servir d'escorte.

[ocr errors]
[ocr errors]

Arrivés au champ de mars le cortège, les troupes ont défilé daus l'ordre ci-dessus, seulement elles se sont portées à droite & à gauche, & les corps civils ont pris le milieu du champ.

[ocr errors]

2

[ocr errors]

A peine voyoit on paroître la bannière d'un des départemens (chacun d'eux en a reçu une de la maison commune, où est écrit d'un côté le nom du département, & au milieu constitution de l'autre côté fédération nationale, à Paris, le 14 juillet 1790); à peine, dis-je, voyoit-on cette bannière, que les cris d'allégresse retentissoient au loin dans les airs; on répétoit sans cesse, vive la nation; des applaudissemens perpétuels; les chapeaux en l'air toutes les attitudes, tous les mouvemens diversifiés qu'une joie vraiment sentie peut faire faire à 5 à 600 mille hommes amis & frères qui, après avoir été naufragés & jettés épars çà & là sur des côtes éloignées, se retrouvent sains & saufs. Tant que les bannières parcouroient l'arène patriotique, c'étoit la même ivresse & le même enthousiasme.

Figurons nous transportés au champ de mars,

Uu pont de bateaux jetté exprès sur la seine, conduit à un arc de triomphe coupé en trois vastes portiques. L'architecture de l'arc brille par la noble simplicité qui en fait le caractère.

Sur la façade extérieure du côté de l'eau, on lit: La patrie ou la loi peut seule nous armer: Mourons pour la défendre & vivons pour l'aimer. Uned frises en bas relief couronne toutes les inscriptions. Ces vers sont surmontés par dés figures analogues Ge sont des guerriers à l'antique armure

:

semblent parler, & ajouter au serment civique le distique ci-dessus suivent immédiatement les pères de la patrie, qui respirent le patriotisme le plus pur jurant de finir l'ouvrage qu'ils ont commencé.

A gauche, le roi est peint tenant le dauphin; îl lui fait, jurer sur l'autel de la patrie le serment civique : la reine en a fait faire autant à madame; l'autel se: trouve au milieu de l'arc. A droite on voit un coq, emblême de la France, & une femme qui la représente, appuyée sur un écusson aux trois fleurs de lys: elle est suivie de la constitution, s'appuyant sur les tables de la loi. Paroit ensuite la nymphe de la seine; puis la liberté armée d'ailes, qui s'élance sageinent sur la France. Cette déesse est suivie d'un grouppe de jeunes gens des deux sexes, qui, dansant au son des instrumens, présentent aux yeux la félicité publique. Sur les pilastres au dessous des inscriptions étoient des trophées.

· Au pied du premier à gauche, deux figures assez parlantes faisoient lire sur un écusson, l'un droits de l'homme, & l'autre : constitution.

Le second avoit également deux emblêmes représentatives; l'une de la bastille (esclavage), & l'autre de la liberté: celle-là est hautaine, fière & barbare; celle-ci est modeste.

Sur le troisième trophée, l'Histoire présentoit cet écusson: ¥4 juillet

Un autre sous la figure d'une femme, présentoit aux yeux, victotre. Ces deux emblêmes frappans re

traçoient aux yeux le combat & la victoire du patriotisme sur le despotisme.

Sur la façade intérieure, tournée en face de la ga, lerie destinée à l'assemblée nationale & au roi, quatre trophées d'armes comme sur la face antérieure i tous étoient supportés par deux figures surmontées dit bonnet de la liberté. Le premier trophée à gauche présentoit l'union & la force; le second, loi& décret, sur des écussons portés par des figures analogues &. parlantes. Le troisième figuroit le serment civique de 1790. L'emblême étoit une femme qui tenoit de la même main & le serment civique, & un écusson où étoit gravé ce sermeut.

Au milieu de l'àrêne s'élève l'autel de la patrie, en forme circulaire, flanqué de quatre exhaussemens quarrés & coupés par quatre vastes degrés qui conduisent à l'autel.

Chaque face quarrée étant coupée par quatre vastes degrés, présente deux couperoles collatérales P'une à gauche & l'autre à droite " ce qui en forme

huit en tout.

[ocr errors]

Sur la face coupant le cours de la Seine, à angles, droits, à la couperole gauche, est une femme ; elle représente la Constitution.

Au-dessous d'elle " on apperçoit des jougs brisés

des fers rompus.

A droite, la France, avec les attributs de l'abondance , paroît assise sur une partie du globe; elle a dans ses mains la corne d'abondance; elle est environnée des attributs de l'industrie humaine, du commerce & du labourage.

Sur la face répondant à-peu-près au cours de la b Seine, à droite & à gauche, sont des groupes de real[90 nommées, embouchant la trompette; elles publient à tous les peuples de l'univers les décrets de l'assem→ blée nationale.

Songez aux trois mots sacrés qui garantissent ces décrets.

« PreviousContinue »