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Séance du soir, 29 juillet.

En attendant que la séance fût plus complette, M. Regnault a fait lecture d'un discours prononcé le 14 juillet par un des membres du club de la révolution à Londres.

Une philosophie bien entendue a dicté ce discours. Ses bases portent sur les principes de l'assemblée nationale de France, celui sur-tout par lequel elle déclare que, ne voulant point faire de conquête, la nation françoise ne prendra jamais les armes que pour repousser les ennemis de l'état. Si tous les peuples étoient animés des mêmes sentimens, dit l'orateur anglois, les passions des rois ne les replougeroient plus dans les horreurs de la guerre.

Les deux peuples feront bientôt un pacte fédératif pour le bonheur de l'humanité entière & le triomphe de la liberté. Quand la paix, dans quelque partie du globe, sera troublée, les deux puissances bienfaisantes ordonneront la paix; & la paix sera faite.

Ce discours a été singulièrement applaudi; il a donné naissance à différentes motions: ici l'on vouloit écrire aux amis de la constitution, pour savoir les deux motifs des armemens formidables de l'angleterre, là on a demandé que l'on relût cette pièce lorsque l'assemblée seroit pius complette, & l'assemblée y a consenti.

La suite à demain.

La correspondance de Rennes à l'assemblée nationale prévient le public qu'elle n'avoue, qu'elle ne garantit d'autre bulletin quecelui souscrit de ses secrétaires.

6 SULLIVAN, prêtre, secrétaire & membre de la correspondance.

COSTARD, secrétaire & membre de la correspondance.

Chez R. VATAR, fils, Libraire, Im rimeur de la correspondance de Rennes à l'aeble nationale, au coin des rues, Châteaurenault & de l'Hermine, No. 791, au premier étage.

N°. 16.

4 Août 1799.

(153)

JOURNAL DES DÉPARTEMENTS,

DISTRICTS ET MUNICIPALITÉS

DE LA CI-DEV. PROVINCE DE BRETAGNE.

Par une Société de Patriotes.

BULLETIN.

DE LA CORRESPONDANCE DE RENNES,

Suite de la séance du 29 Juillet 1798, au soir.

Le carabinier, surnommé le général de Liconnier pour avoir arrêté ce général à la bataille de Laufeld le même dont M. le Camus a fait mention pour prou yer à l'assemblée combien les pensions étoient injustement reparties, a été admis à la barre. Il a été applaudi généralement de tout le monde. Mais plus versé dans l'art de manier le sabre que la parole, un des mem bres de l'assemblée a dit : Vous voyez devant vous un homme que le respect fait trembler pour la première fois. Il a exposé ensuite les faits, la conduite intrépide & loyale du carabinier, sa réponse au général anglois, qui lui présentoit sa bourse & ses bijoux : « général » un carabinier françois ne fait pas la guerre pour de » l'argent, mais pour l'honneur ».

que

La pension de 100 écus lui avoit accordée Louis XV, avoit été réduite à 50 liv.

Sur la pétition des officiers de fortune du régiment de la Martinique, qui représentent qu'on se dispose

B. tom. VI. J. tom. I. Abonnement d'août 3.

à leur faire des passe-droits, & à faire avancer à leur préjudice des jeunes gens sous prétexte qu'ils sont nobles, MM. Alexandre de Lameth & de Noailles ont obtenu le décret suivant :

« Il sera sursis à la nomination de tout emploi militaire, jusqu'à ce que le mode de l'avancement de l'armée soit décrété. »

M. le président a dit : Je viens de recevoir un courier extraordinaire de Châlons-sur-Marne, qui m'apprend que le sieur Bonne-Savardín, dont vous connoissez tous l'évasion, vient d'être arrêté dans la voiture de M. l'abbé de Barmont avec un autre individu. J'ai reçu une lettre de M. de Barmont, une autre de MM. les officiers municipaux avec le procèsverbal de l'arrestation. On a fait lecture successivement de ces trois pièces : la première étoit une lettre de M. l'abbé de Barmont à M. le président : nous la transcrivons.

que

<< Messieurs, j'ai été arrêté aujourd'hui dans la ville de Châlons-sur-Marne, ayant dans ma voiture M. le chevalier de Bonne-Savardin & un garde national d'Oberneheim. Je conçois sur-le-champ combien de soupçons peuvent s'élever sur moi. Je proteste qu'ils sont tous faux. C'est à la seule sensibilité M. de Bonne a dû cet asyle, qu'il m'avoit demandé jusqu'à Strasbourg seulement. Jele lui ai d'abord refusé,sentant combien je me compromettrois en accueillant sa demande. Je lui ai dit enfin que ma voiture étoit toujours ouverte ; que je ne l'en chasserois point. Le motif qui m'a déterminé est simple. M. de Bonne n'étoit plus entre les mains du comité des recherches. Le procureur de la commune avoit fait sa dénonciation au châtelet. Il n'étoit pas encore au châtelet, puisque le procureur du roi n'avoit pas conclu à le décréter, mais à une simple information; ainsi, dans la rigueur des principes, M. de Bonne étoit libre. J'ai été touché de son sort : qui ne l'eût pas été à ma place? Je déclare sur mon honneur & j'ai, je crois, prouvé combien il m'étoit cher que je n'avois jamais entendu parler de M. de Bonne avant qu'il s'adressât à moi pour cet objet. Il est dans cette affaire, mille détails dont une lettre n'est

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pas susceptible. J'ai demandé à la municipalité de me remettre sur-le-champ à l'assemblée nationale pour lui rendre compte d'une conduite qui lui manifesteroit des sentimens dignes d'être avoués, bien loin d'être corrompus. On a refusé ma demande avant que l'assemblée eût prononcé. Je la supplie de me demander auprès d'elle. J'irai avec le courage de l'innocence 9 non pas me justifier (je me suis réellement compromis), mais dissiper des nuages incompatibles avec la générosité, motif de mon action. J'attendrai avec impatience cette grace que j'ai le droit de demander comme votre collègue. Il est encore un objet que je vous prie de ne pas perdre de vue. Le nommé Eggs qui a été arrêté avec moi, ignoroit parfaitement qnel étoit son troisième compagnon de voyage. Il vint me demander une place dans ma voiture pour retourner chez lui; c'étoit la première fois qu'il venoit à Paris. Il étoit membre de la fédération. A ce titre, & à la recommandation de M. l'abbé d'Eymembre de l'assembeée, je me fis un plaisir de la lui offrir; je me fais un devoir de le défendre, quelque singulier qu'il puissent paroîtreà un accusé de devenir l'avocat d'un autre. Sa positiondoit vous intéresser; je ne puis que rendre justice à la manière dont la municipalité s'est conduite à mon égard, sauf l'objet de ma requisition que je crois qu'elle ne pouvoit pas me refuser; j'ai été traité avec toutes les marques de considération que je vous reporte comme en étantle but. Je suis, &c. Signé, l'abbé de Barmond, député de Paris.

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Il a ensuite été fait lecure du procès-verbal de la municipalité de Châlon sur Marne.

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Le 28 juillet, à l'heure de minuit, M. Julien, aide-de-camp de M. de la Fayette, s'est présenté devant nous & nous a montré ses titres bien vérifiés ; lequel, en sadite qualité, nous a demandé mainforte pour arrêter une voiture à quatre roues, venant sur le chemin de Strasbourg, dans laquelle étoit le sieur Bonne de Savardin échappé des prisons de l'Abbaye Saint-Germain-des-Prés. M. Julien a dé claré qu'hier il s'étoit présenté chez M. de la Fayette

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rieux; que

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un particulier qui avoit annoncé que M. Bonne de Savardin devoit partir aujourd'hui dans la voiture de M. l'abbé de Barmont ; que depuis son évasion, il s'étoit retiré dans une maison de campagne à sept lieues de Paris chez les frères de M. l'abbé de Barmont ; qu'il ne parloit à personne qu'à ce dernier que l'un des frères de M. de Barmont lui avoit dit une fois qu'il falloit se débarrasser d'un réfugié si dangeM. de Bonne fut apperçu à travers une jalousie que la personne qui l'avoit découvert, n'avoit cessé de le suivre ; qu'elle avoit appris enfin qu'il devoit partir demain dans la voiture de M. Barmont, & qu'il s'occupoit depuis quelque temps à se teindre les cheveux en châtain & à se barbouiller le visage pour n'être pas reconnu. Le sieur Julien, instruit par le cocher même de l'heure du départ, n'a pas hésité de se mettre à la poursuite, en prenant avec lui le sieur Mestre, capitaine de la cavalerie nationale; il couroit devant, & laissoit le sieur Mestre en arrière, afin de ne point perdre de vue la voiture si elle eût changé de route. Arrivé à Châlon, il s'est transporté chez le Maire, qu'il n'a point trouvé d'abord. Delà, il s'est rendu chez le Maître de Postes, auquel il a fait défense 9 au nom du Maire, de donner des chevaux de poste à une voiture qu'il a désignée. Il est allé de nouveau chez le Maire, où il a été reçu avec l'empressement le plus patriotique. Il en a obtenu un détachement de garde nationale avec lequel il a arrêté la voiture du sieur abbé de Barmont. Celui-ci a montré son congé de député. L'autre personne a déclaré s'appeller Bonne-Savardin, n'avoir point de passe-port, & être entré dans la voiture dusieur abbé de Barmont, parce que la sienne ne fermoit pas. Le sieur Eggs a montré un passe-port de député à la fédération. Il a été trouvé dans leur voiture plusieurs effets à leur usage. On a fait un inventaire des papiers trouvés sur eux, parmi lesquels s'est trouvée une lettre adressée à M. le Cardinal de Rohan M. l'abbé de Barmont a déclaré que cette lettre se trouvoit dans sa voiture sans qu'il le sût.

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M. l'abbé d'Eymar dont M. l'abbé de Barmont allègue dans sa lettre la recommandation en faveur

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