Souvenirs de la Révolution et de l'Empire, Volume 1

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Charpentier, 1850 - France - 268 pages
 

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Page 311 - ... de cet homme est intéressée dans le sentiment qu'il veut communiquer, et qu'à force de s'identifier avec la passion qui le domine, il peut devenir, de temps en temps, grand et imposant comme elle. C'est une singulière méprise que d'avoir appelé Bonaparte la révolution incarnée. Il n'ya rien de plus dissident dans toutes les combinaisons des événements et de la pensée. Bonaparte étoit tout simplement le despotisme incarné. La révolution incarnée, c'est Robespierre avec son horrible...
Page 318 - Qui suis-je, moi qu'on accuse? Un esclave de la liberté, un martyr vivant de la République, la victime autant que l'ennemi du crime. Tous les fripons m'outragent ; les actions les plus indifférentes, les plus légitimes de la part des autres sont des crimes pour moi ; un homme est calomnié dès qu'il me connaît ; on pardonne à d'autres leurs forfaits ; on me fait un crime de mon zèle.
Page 130 - Comme l'arme pacifique n'étoit chargée qu'à poudre , suivant l'usage, personne ne fut blessé, mais il y eut dans la voiture une grande et juste appréhension de représailles. La mère du petit garçon fut saisie d'une crise de nerfs si affreuse, que cette nouvelle inquiétude fit diversion à toutes les autres, et qu'elle occupa tout particulièrement l'attention des brigands.
Page 303 - Sur ses champs empestés confusément épars, Ces montagnes de morts privés d'honneurs suprêmes, Que la nature force à se venger eux-mêmes, Et dont les troncs pourris exhalent dans les vents De quoi faire la guerre au reste des vivants, Sont les titres affreux dont le droit de l'épée, Justifiant César, a condamné Pompée.
Page 125 - Dans ces réminiscences amassées sans ordre et traduites sans méthode, je ne me suis certainement avisé d'aucun système de composition; mais quel tahleau, grand Dieu! pour ces grands écrivains qui sont de grands peintres, un Walter Scott, un Victor Hugo, un Alfred de Vigny, que celui de ces jours d'exception dont le caractère indéfinissable et sans nom ne peut s'exprimer que par les faits euxmêmes, tant la parole est impuissante pour rendre cette confusion inouïe des idées les plus antipathiques,...
Page 130 - Il avoit une de ces physionomies qu'on ne peut pas oublier, et qui se composent d'un mélange inexprimable de douceur et de force, de tendresse et d'énergie. Quand il se livroit à l'éloquente pétulance de ses inspirations, il s'élevoit jusqu'à l'enthousiasme.
Page 311 - ... espèce de glapissement assez semblable à celui des hyènes : voilà Robespierre. Ajoutez à cela l'attirail d'une coquetterie empesée, prude et boudeuse, et vous l'aurez presque tout entier. Ce qui caractérise l'âme, le regard, c'est en lui je ne sais quel trait pointu qui jaillit d'une prunelle fauve, entre deux paupières convulsivement rétractiles, et qui vous blesse en vous touchant.
Page 128 - ... pas condamnables aux yeux de la morale. J'ai vu beaucoup de ces malheureux, j'ai vu surtout ceux dont il est question ici, et je les vois encore, téméraires, exaltés jusqu'au délire, passionnés jusqu'à la fureur, mais incapables de faire tort d'un denier au trésor d'un riche, et prêts à racheter de leur sang les larmes d'un enfant ; semblables enfin à ces compagnons de Charles Moor ou de Robert chef de lirfgauds, qu'ont illustrés la tragédie et le mélodrame.
Page 316 - Je sens que partout où l'on rencontre un homme de bien, en quelque lieu qu'il soit assis, il faut lui tendre la main et le serrer contre son cœur. Je 'crois à des circonstances fatales dans la révolution, qui n'ont rien de commun avec les desseins criminels; je crois à la détestable influence de l'intrigue, et surtout à la puissance sinistre de la calomnie.
Page 123 - Je n'ai même jamais vu son nom écrit correctement, car je vien.s de me conformer à un usage ridicule, pour ne pas étonner le lecteur par une désignation insolite. Le nom sacramentel des Vengeurs était Compagnons de Jéhu, et fort bien approprié à leur cruel ministère, Jéhu étant, comme on sait, un roi d'Israël qui avoit été sacré par Elisée, sous la condition de punir les crimes de la maison d'Achab et de Jézabel et de mettre à mort tous les prêtres de Baal. La révolution, habile...

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