Page images
PDF
EPUB

fervations que l'auteur rapporte, il y en a deux concernant des hommes mordus par un chat enragé, qui ont été préfervés de l'hydrophobie; mais M. P. a employé les fangfues & les véficatoires fur les morfures. Une petite fille, mordue par le même chat, & pour laquelle on avoit négligé les fecours topiques, eut des accidens de la rage. Elle guérit néanmoins au moyen des frictions mercurielles, de la faignée & des calmans. Le 4e. malade fut encore traité avec les topiques & le mercure; le se., qui n'étoit peut-être pas dans le cas de l'hydrophobie, compta parmi les fecours les fangfues & les véficatoires appliqués fur le lieu des morfures. Le 6e. ne prouve rien, puifque M. Portal n'a pas eu de fes nouvelles depuis qu'il lui a donné fa confultation,

Il paroît d'après ce que nous avons dit de cet ouvrage, qu'il pourroit être plus utile encore, fi l'auteur lui eût donné tous fes foins. La partie typographique, & furtout la ponctuation y font très-négligées. Malgré ces défauts, on voit qu'il a à cœur de tranquillifer les efprits, de fixer les points qui doivent véritablement infpirer des craintes, d'écarter tout ce qui fait naître des foupçons mal fondés, de détruire les préjugés qui s'oppofent au traitement raifonné des maladies, & d'établir celui qui, jufqu'à préfent, a le mieux réuffi, quoique, comme nous l'avons obfervé, il ne paroiffe pas apprécier affez le mérite des topiques.

Hiftoire univerfelle depuis le commencement du monde jufqu'à préfent, compofée en anglois par une fociété de gens de lettres, nouvellement traduite en françois par une fociété de gens de lettres, &c. Tome VIII. A Paris, chez Moutard. 1779.

O

N a vu dans le volume précédent l'hiftoire de Perfe, telle que Pont donnée les Grees, qui, jufqu'à préfent, ont fervi de guide à tous les écrivains qui ont entrepris de rédiger les annales de cet empire. Les auteurs anglois n'ont pas cru dévoir négliger les auteurs orientaux, & furtout les Perfans. La pofition de ces derniers les a mis naturellement à portée de plufieurs monumens hiftoriques qui ont dû échapper aux ravages des Macédoniens. Les Parfis, qui fuivent encore la religion de leurs ancêtres, en ont dû conferver plufieurs ; & puifqu'ils ont encore entre les mains le Zend ou le code original de Zoroaftre ou Zerdusht & plufieurs autres livres très-antiques, n'eft-il pas vraifemblable que quelques-uns de leurs hiftoriens ont pu être également conservés ? Il eft vrai que l'on remarque bien des détails fabuleux dans les regnes des princes perfans, écrits par les orientaux : les récits des Grecs ne le font fans doute pas moins ; mais quelle eft la nation dont les fables ne cou

vrent pas le berceau; & pendant une affez longue fuite de fiecles, qu'est-ce que l'histoire profane ancienne dans les premiers tems qui ont fuivi le déluge?

On peut obferver auffi avec les auteurs anglois, que les anciennes annales des Perfes ne fubfiftent plus pour nous; ce qui nous en refte vient des mahométans, qui les ont certainement altérées en les traitant à leur maniere. «< Bien plus, plufieurs de ces écrivains ont fubftitué aux récits anciens & vrais des actions des premiers monarques de Perse, des romans écrits plufieurs fiecles après, dans le deffein de plaire au peuple, ou par des motifs que nous ignorons. Pouvons-nous fuppofer que des étrangers élevés dans des fentimens de mépris pour les Parfis, defcendans des anciens habitans du pays, rendront exactement juftice à leurs ancêtres? Pouvons-nous croire que des hommes qui, par leur religion font les plus grands ennemis de la religion de ces rois dont ils décrivent les regnes, parleront d'eux d'une maniere conforme à la vérité ? Pouvons-nous douter que ces auteurs n'aient altéré cette vérité en bien d'autres occafions, quand nous voyons qu'ils difent de certains rois fages & pieux, qu'ils n'étoient point mages, mais de vrais croyans, c'eftà-dire, de leur religion? Il eft cependant certain que tous les monarques perfans depuis Keyomaras jufqu'à Yezdegherd ont profeffé la même religion, à quelques dif

[ocr errors]

férences près, qui ont lieu dans toutes les religions du monde, durant un espace de tems fi confidérable ».

[ocr errors]

Keyomaras, felon les orientaux, fut le premier roi de Perfe; il fut appellé au trône par les habitans de la province d'Aderbayagjan, qui, las des troubles inféparables de l'anarchie, ne trouvant plus la liberté dans un em pire où les volontés particulieres remplaçoient les loix générales, réfolurent de reconnoître l'empire d'un feul. On porte cette époque au fiecle qui précéda celui d'Abraham. Ce prince fut le premier de la race des Pischdadiens, qui prit le nom de Pifchdad, lequel veut dire jufte juge, furnom honorable qui fut donné à Hushang, le fecond fucceffeur de Keyo& qui a fervi enfuite à défigner tous les rois de cette race. Si Keyomaras fut le premier en Perfe élevé à l'autorité fouveraine, il fut auffi le premier qui, la regardant comme un fardeau, s'empreffa de s'en débarrafler pour finir fes jours dans la retrai te & la tranquillité de la vie privée.

maras,

Les regnes de Siamek & de Hushang, fes fucceffeurs, offrent peu de détails; celui du dernier, qui obtint le beau nom de jufte, ne préfente guere que. des fables. «Il eft peut-être, difent les auteurs anglois, le monarque de l'univers qui a été le plus célébré parles poëtes ; vraisemblablement ces poëtes n'étoient point des hommes de génie: car fi les fouverains font quelquefois la fortune des poëtes, ce font

toujours les grands poëtes qui font la réputation des fouverains, & Hushang eft prefque ignoré. Nous ne nous arrêterons pas à tous les fouverains de cette race; nous nous bornerons à en indiquer quelques-uns. Phridun, felon les orientaux, fut un des plus grands & des plus fages princes de la Perfe; il finit auffi par abdiquer l'empire. Le dernier confeil qu'il donna à fon fils en lui remettant la couronne, eft digne du caractere fous lequel on le peint. Mon fils, regardez les jours de votre regne comme autant de feuilles d'un livre; prenez garde de n'écrire fur un feuillet que ce qui fera digne d'étre connu de la poflérité. On a recueilli auffi plufieurs de ses maximes; en voici quelques-unes : Que tes richesses ni ton pouvoir n'excitent point en toi des fentimens d'orgueil; que la chute de ceux que tu as vus élevés te ferve de leçon. Une même fin nous attend tous; & quand la mort nous force à defcendre au tombeau, qu'importe que nous partions d'une couche royale ou d'un vil matelas? En faut-il moins faire le voyage ?

Ce fut fous le regne de Key-Chofrau troifieme roi de la feconde race, que vécut Locman, cet illuftre philofophe de l'orient, furnommé Al-Hakim, le Sage; fon hiftoire eft la même que celle d'Efope; & ces deux hommes fameux pourroient bien n'en avoir été qu'un. On convient affez généralement que le fabulifte perfan étoit contemporain de Salomon, tandis que le Grec doit avoir véTom. I. Part. I. C

« PreviousContinue »