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gion. Oh! qu'on doit être heureux de pouvoir ainsi excuser tous les excès! La révolution nous a appris déjà que ce sont les victimes qui ont toujours eu tort; il ne manquera plus qu'une chose, c'est de décerner des louanges à la justice et à la modération des persécuteurs et des bourreaux.

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EXTRAIT RELATIF A LA DOCTRINE DU SENS COMMUN.

Tandis que la doctrine du sens commun est l'objet de tant d'apologies et de critiques, nous avons pensé que les passages suivants, extraits de Mémoires peu connus, et contenant en substance toute cette doctrine, ne pourroient manquer d'intérêt aux yeux de nos lecteurs, surtout lorsqu'ils en connoîtront l'auteur.

« Si par une curiosité assez naturelle, vous vouliez savoir ce » qu im'a le plus touché de ce que j'ai vu ou entendu sur les » preuves de la religion, je vous le dirai fort simplement, » suivant que le bon sens me le pourra suggérer, sans affecter » une profondeur de connaissances qui ne m'appartiennent pas. >> J'ai donné beaucoup, en premier lieu, au consentement » général de toutes les nations et de tous les siècles, et parti» culièrement de tous ou presque tous les hommes célèbres » dont j'aie entendu parler, soit pour les lettres, soit pour les armes, soit pour la conduite des états, qui, en général, ont » estimé la piété, quoiqu'en différentes manières ; au lieu qu'on » ne compte depuis tant de siècles pour impies et pour athées » qu'un très-petit nombre d'esprits médiocres, qui ont voulu » passer pour plus grands qu'ils n'étaient, ou du moins que le public ne les a trouvés, puisqu'ils n'ont pu jusqu'ici se faire, » comme les autres, un parti considérable dans le monde, une » longue suite d'approbateurs et d'admirateurs.

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>> Ce consentement universel m'a toujours semblé d'un très» grand poids; car, après tout, il n'est pas étrange que la raison

> se trompe en un petit nombre de particuliers, puisque les sens » mêmes, dont la certitude est si grande, se trompent aussi en » quelques particuliers, et qu'il y en a qui voient des choses toutes » différentes de ce qu'elles sont en effet. Mais si en ce qu'il y\ » avoit de plus important au monde, et qu'on a étudié avec » le plus de soin, la raison humaine, généralement parlant, » s'étoit trompée en tous les temps et en toutes les natures, et » toujours régulièrement de la même sorte, pour nous faire > embrasser comme le plus grand et le plus important de nos » devoirs un fantôme et une chimère qui ne fût rien du tout, » elle ne serait plus elle-même une raison, mais une folie à » laquelle il faudrait renoncer; ce qui est la plus grande extra» vagance et la plus grande contradiction qu'un esprit raison»nable puisse soutenir, puisqu'il ne la soutiendroit qu'en rai» sonnant lui-même....

» Ces premiers fondements étant posés, il m'a toujours semblé, » mon fils, que tout le reste suivoit facilement. La variété in>> finie des religions peut faire peine; mais elles ont toutes, au » fond, tant de rapports l'une à l'autre, tant de principes et » tant de fondements qui leur sont communs, que leur diver» sité même confirme visiblement une seule religion, dont » toutes les autres sont des copies imparfaites ou falsifiées, qui >> ne laissent pas de conserver les traits les plus remarquables » de l'original.

» Et quand il n'est plus question que de démêler cet original > d'entre ces copies, quelle autre religion le peut emporter sur » la nôtre, à laquelle tout ce qu'il y a eu de gens habiles et » éclairés dans le monde se sont rendus quand elle a paru, qui » est aujourd'hui embrassée et suivie, non pas, comme les >> autres, par des nations barbares, ignorantes et grossières, » mais par toutes celles où l'esprit et le savoir sont le plus » cultivés; qui, d'ailleurs, si on regarde l'ancienneté, est la » même que la juive, la plus ancienne de toutes, et dont elle » n'est que la perfection et l'accomplissement, prédit, promis

» et annoncé plusieurs siècles auparavant par des hommes ex»traordinaires, en même temps qu'ils faisoient mille autres » prédictions que l'événement confirmoit chaque jour; qui, » dès ce temps-là, s'est vantée hardiment qu'aussitôt qu'elle >> seroit à ce point de perfection qu'elle attendoit, elle dé» truiroit entièrement la païenne, dont elle étoit alors mé» prisée ou opprimée, et n'y a pas manqué, tous ces dieux » qu'on adoroit ayant disparu devant le sien, sans qu'il en soit » plus resté un seul dans le monde ? »

Telles étoient les instructions qu'un père adressoit à son fils, pour graver dans son esprit les principaux motifs de la foi du chrétien. Outre l'autorité départie à la vérité, quel qu'en soit l'organe, ces instructions tirent une autorité toute particulière du caractère de celui qui les a écrites; et, pour en nommer enfin l'auteur, qu'on sache que c'est Louis XIV (1).

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H. G.

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LETTRES D'ATTICUS, ou considérations sur la religion catholique et le protestantisme, par un ANGLAIS PROTESTANT. (2)

Au milieu de toutes les attaques dirigées de nos jours contre l'Église romaine, les apologistes qui peuvent être opposés le plus victorieusement aux agresseurs, sont ceux qui, du sein même de l'héresie, ont élevé leur voix en faveur de cette sainte Église. On ne sauroit recueillir avec trop de soin ces précieuses dépositions, ces témoignages si peu suspects, dont la réunion forme en faveur de la vérité une démonstration désespérante

(1) Les passages que nous venons de citer sont extraits des Instructions de Louis XIV pour le Dauphin, lesquelles se trouvent à la bibliothèque royal:, et n'ont été publiées que partiellement.

(3) Prix, sur papier fin satiné, 3 fr., et 3 fr. 50 cent. par la poste, et sur papier vélin satiné, 5 fr., et 5 fr. 50 cent. par la poste. Au bureau du Mėmorial Catholique, rue Cassette, no. 35; et à la librairie ecclésiastique de Rusand, rue du Pot-de-Fer Saint-Sulpice, no. 8.

pour la mauvaise foi, et à laquelle nul esprit raisonnable et impartial n'est en droit de résister.

Que de nos jours, en effet, du sein de l'Église romaine, un écrivain s'élève, qui entreprenne de démontrer la funeste influence du protestantisme sur la société, et qui proclame que l'Église romaine peut seule guérir les plaies dont les états protestants ont été frappés par la réforme, quel seroit le résultat d'une pareille tentative? Ceux qui étoient déjà dans la vérité seront confirmés dans leur opinion; quelques esprits seront peut-être éclairés; mais le plus grand nombre des partisans de l'erreur, auxquels s'adresse un pareil ouvrage, le rejetteront dédaigneusement, comme dicté par des préjugés de secte et par une aveugle passion. Que si celui qui fait entendre sa voix accu satrice contre le protestantisme est protestant lui-même ; si, laissant échapper de pareils aveux, il ne fait céder au cri d'une conscience tourmentée par la force de la vérité, alors toutes les préventions tombent aussitôt ; et la vérité n'a qu'à se montrer pour être favorablement accueillie de tout esprit juste et raisonnable.

que

Tel est le but de l'ouvrage que nous annonçons au public; tel est le caractère de son auteur. Avant de présenter l'analyse de cet ouvrage, nous emprunterous à l'Avertissement de l'éditeur, dont il est précédé, quelques passages qui feront connaître les circonstances de sa publication, et certains détails curieux sur son auteur.

« Les Lettres d'Atticus parurent en Angleterre à une époque » où il n'existoit entre ce pays et le nôtre presque aucunes com>>munications; et comme d'ailleurs il n'en fut tiré qu'un petit » nombre d'exemplaires dont l'auteur se réserva la distribu» tion, on peut dire que cet ouvrage a été jusqu'ici à peu près >> inconnu en France...

» L'édition des Lettres d'Atticus, publiée à Londres, ne porte point de nom d'auteur; mais on sait avec certitude que ces » Lettres sont de lord Fitz-William. Originaire d'Irlande, où il

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avoit des propriétés considérables, il employa six mille livres » sterling à faire bâtir, dans une paroisse de ses domaines, une » église catholique, dont il alla lui-même surveiller les travaux. » Une vaste instruction, des manières polies, une noble affabi» lité, prêtoient un grand charme à son commerce. Il avoit beau» coup voyagé, et, pendant un long séjour en France, il » s'étoit familiarisé avec notre langue, de manière à l'écrire avec » une correction et une élégance fort rares chez les étrangers. » Il ne parloit qu'avec enthousiasme de Pie VI qu'il avoit connu » à Rome. Lorsqu'il publia les Lettres d'Atticus, il en envoya » des exemplaires à Louis XVIII et à tous les évêques français qui se trouvoient alors en Angleterre. Un respectable ecclésiastique, de qui nous tenons ces détails, lui disait un jour : Milord, on ne croira jamais qu'un protestant ait parlé » comme vous l'avez fait de la religion catholique romaine. Il » lui répondit : Dieu sait tout! On ignore quels motifs ont >> pu empêcher un homme d'un esprit si juste et d'un caractère » si droit, de rentrer dans le sein de l'Église à laquelle il a >> rendu un si magnifique hommage. Il y a d'étranges secrets au » fond du cœur humain! Toujours protestant à l'extérieur, lord >> Fitz-William est mort à Londres, frappé d'une apoplexie fou>> droyante.

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La première question importante traitée dans les Letttes d'At-· ticus est celle de l'Influence de l'établissement des communautés religieuses sur la population.

« L'Europe aujourd'hui, dit l'auteur, selon les meilleures autorités, contient environ cent soixante millions d'habitants. Je ne me donnerai pas la peine d'en tracer l'exacte distribution; il suffit de dire, en général, que la France, l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la Pologne et les états de l'empereur, occupent la partie la plus belle et la plus civilisée. Je parle comme si les changements qui ont eu lieu depuis quelques années n'étoient point arrivés. Ces royaumes contiennent pour le moins les trois quarts des habitants de l'Europe; ce qui. en proportion de leur étendue, réunis, fait une différence de quarante millions de plus que leur portion ne devrait être. »

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