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IV. Ep. « plusieurs articles qui m'avaient été présentés << comme constitutionnels.

1791.

<< Vous avez établi des formes légales pour la «révision de ceux que vous avez placés dans la <<< constitution; enfin, le vœu du peuple n'est plus douteux pour moi je l'ai vu se manifester à la fois par son adhésion et par son « attachement au maintien du gouvernement monarchique..

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J'accepte donc la constitution. Je prends l'engagement de la maintenir au dedans, de «la défendre contre les attaques du dehors, et <« de la faire exécuter par tous les moyens qu'elle << met en mon pouvoir. Je déclare qu'instruit «de l'adhésion que la grande majorité du peuple <<< donne à la constitution, je renonce au con<<cours que j'avais réclamé dans ce travail, et << que n'étant responsable qu'à la nation, nul << autre, lorsque j'y renonce, n'a droit de s'en plaindre.

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« Je manquerais cependant à la vérité, si je « disais que j'ai aperçu, dans les moyens d'exé<cution et d'administration, toute l'énergie qui serait nécessaire pour y imprimer le mouve«ment et pour conserver l'unité dans toutes les parties de ce vaste empire; mais puisque les opinions sont aujourd'hui divisées sur ces objets, je consens que l'expérience seule en demeure juge. Lorsque j'aurai fait agir avec

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« loyauté tous les moyens qui m'ont été remis, IV. Ep. << aucun reproche ne pourra m'être adressé, et 1791. << la nation, dont l'intérêt seul doit servir de << règle, s'expliquera par les moyens que la con« stitution lui a réservés. Mais, pour l'affermis« sement de la liberté, pour la stabilité de la << constitution, pour le bonheur individuel de << tous les Français, il est des intérêts sur lesquels un devoir impérieux nous prescrit de «<< réunir tous nos efforts.

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<< Ces intérêts sont le respect des lois, le ré«<tablissement de l'ordre et la réunion des ci«toyens. Aujourd'hui que la constitution est définitivement arrêtée, les Français vivants sous « les mêmes lois, ne doivent connaître d'autres << ennemis que ceux qui les enfreignent la dis<< corde et l'anarchie, voilà nos ennemis com<«<muns; je les combattrai de toutes mes forces: «< il importe que vous et vos successeurs me se<< condiez avec énergie. Sans vouloir dominer la pensée, la loi protége également tous ceux qui << lui soumettent leurs actions. Que ceux que la «< crainte des persécutions, des troubles, aurait éloignés de leur patrie, soient certains d'y << trouver, en y rentrant, la sûreté et la tran« quillité; et pour éteindre les haines, pour «< adoucir les maux qu'une grande révolution en<< traîne toujours à sa suite, pour que la loi com« mence d'aujourd'hui à avoir une pleine et en

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1791.

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IV.• Ep. « tière exécution, consentons à l'oubli du passé ; que les accusations et les poursuites qui n'ont << pour principe que les événements de la révolu«<tion, soient éteintes dans une réconciliation

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générale. Je ne parle pas de ceux qui n'ont été <«< déterminés que par leur attachement pour « moi; pourriez-vous y voir des coupables? Quant « à ceux qui, par des excès où je pourrais aper<«cevoir des injures personnelles, ont attiré sur «< eux la poursuite des lois, j'éprouve à leur égard << que je suis le roi de tous les Français.

« P. S. J'ai pensé, Messieurs, que c'était au <«<< milieu même des représentants de la nation, et « dans le lieu même où la constitution avait été formée, que je devais en prononcer l'accepta« tion solennelle. Je me rendrai en conséquence, « demain à midi, à l'assemblée nationale. »

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Si l'on examine attentivement l'esprit de cette lettre, on y trouvera expliqué le système de conduite de Louis XVI, ou plutôt que sa conduite n'avait point de système..

Sans conseil, et même méfiant par sa position et par raisonnement, il se réglait sur chaque événement; n'ayant aucun moyen personnel ou auxiliaire pour les créer, il s'éloignait ou se rapprochait de la révolution, selon que les événements amenaient ou calmaient les désordres. Ayant trop peu de lumières acquises par l'expérience ou par l'étude pour prévoir au loin, le

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moment le déterminait toujours. Chaque état de IV.• Ep. choses, en mieux ou en mal, lui paraissait devoir être toujours tel; et sa conduite variait à chaque changement, parce que chaque changement faisait varier son opinion. Ne connaissant, par éducation et par état, ni les hommes ni les affaires, tous ses jugements se portaient sur les événements, et il n'étudiait qu'eux, parce qu'eux seuls étaient à sa portée. Lui supposer une profonde dissimulation et une duplicité longue et soutenue, serait lui supposer plus qu'un jugement droit et commun; et s'il eût eu plus, il s'en serait servi.

Cette lettre fut accueillie avec des transports extraordinaires de satisfaction publique, et de longs et vifs applaudissements. Une députation de 60 membres alla remercier le roi. Il n'y eut, de part ni d'autre, aucun discours, aucune réponse préparée; ce fut comme une visite où tout se passa en compliments de société. Pendant ce temps, Lafayette fit la motion de l'amnistie générale pour tous les faits relatifs à la révolution, et le décret en fut de suite envoyé au roi. On en régla la rédaction de manière à y comprendre implicitement l'abolition de toutes les lois précédentes qui avaient pu être faites sur l'émigration. On abolit aussi tout autre serment que le serment civique. Le lendemain, à midi, le roi entra au bruit du canon, des applaudissements et des bénédictions du peuple, qui se por

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IV. Ep. tait sur son passage. La salle était indistinctement comblée d'une assemblée nombreuse de citoyens réunis aux députés. On avait prévenu que l'assemblée, comme représentative, devait s'asseoir pour recevoir le serment du roi. Dès qu'il commença son discours, le président s'assit, et l'assemblée à son exemple. Ce mouvement imprévu frappa le roi, qui s'assit brusquement sans s'interrompre, et promenant sur l'assemblée un regard de confiance et de dignité tellement senti, qu'il fut un instant interrompu par des applaudissements vifs et courts. Son discours fut en peu de paroles. La réponse du président, plus délayée, fit moins d'effet. Le roi, à sa sortie, fut reconduit par l'assemblée entière. A son retour, elle ordonna un jour de réjouissance publique dans toute la France, et en envoya im18 sept. médiatement le décret au roi. Il y eut une fête et illumination dans Paris; et le roi et sa famille, dans une voiture d'appareil, se rendirent aux Champs-Elysées, à minuit, et furent accompagnés par tous les témoignages de l'alégresse publique. Peu de jours après, le roi alla au théâtre Français et à celui de l'Opéra. Pendant le chant d'un choeur, qui disait : Régnez sur un peuple fidelle, les spectateurs, debout, en firent l'application par des applaudissements. Tout sembla fête pendant plusieurs jours : la nation semblait se hâter de reprendre son caractère.

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