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1792.

V. Ep. vières qui tombent dans l'Aisne au dessus et au dessous de Sainte- Menehoult, à deux lieues de distance, l'Auve au sud, au nord la Bionne, ceignent cet espace. Le quartier - général fut établi à Sainte- Menehoult, et se trouvait au centre, à distance égale de l'armée et du corps de Dillon aux Iletes. Dans cette position extraordinaire, les deux armées françaises adossées faisaient front à l'ennemi qui, lui-même, avait derrière soi le pays qu'il venait envahir, tandis que l'armée de Dumourier dépassée, faisait face à la France.

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Par cette disposition, Dumourier forçait Brunswick à une action; celui-ci ne pouvait hasarder de pénétrer en Champagne, laissant derrière soi une armée que ses renforts portaient à soixante mille hommes. Le général français n'eut plus qu'à mettre son camp qui était aussi son champ de bataille en état de défense. Il plaça à la rive droite de l'Aisne un bataillon de troupes de ligne dans le château de Saint-Thomas qui terminait sa droite; trois autres bataillons et de la cavalerie à Vienne-le-Château, à Moremont et à la Neuville ces postes communiquaient avec les troupes qui gardaient le défilé de la Chalade! Le front du camp fut couvert de batteries qui découvraient le vallon sur tous ses prolongements; il porta son`avant-garde loin au devant de son front, le long du ruisseau de la Tourbe,

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à plus de trois lieues, avec ordre de se retirer VE lentement, de couper les ponts et de fourrager tous les villages, en s'étendant sur sa gauche, de se placer ensuite derrière la Bionne, et d'y faire la même manœuvre avant de se replier sur l'armée. La gauche du camp se terminait au grand chemin de Châlons. Le terrain sur la rive droite de l'Auve fut laissé à l'armée de renfort que Kellermann amenait. La marche de cette armée avait été retardée par les nouvelles alarmantes qu'avaient répandu au loin les fuyards de Grand-Pré. Kellermann s'était retiré sur Vitry ; des avis plus certains lui firent reprendre sa marche, et il annonça à Dumourier que sa jonction

s'effectuerait le 18.

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Le corps que Beurnonville amenait du camp de Maulde fut aussi détourné ; ne doutant pas de la défaite totale, au lieu de marcher de Rethel droit à Sainte-Menehoult, il se rapprocha de la rive droite de la Marne et de Châlons, pour y joindre les débris de l'armée. Plusieurs officiers envoyés au devant de lui ne le rencontrèrent pas. Le 17, marchant en, crainte et avec précaution, il s'avança du village d'Auve sur les hauteurs de Gisaucourt, et vit au loin des colonnes de troupes en bon ordre qui entraient -au camp de Sainte-Menehoult: ne doutant pas que ce ne fût l'armée prussienne, il se retira à Châlons. Là, des officiers envoyés sur tous les

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V. Ep. points pour démentir le bruit de la défaite de Dumourier, le ramenèrent au camp de SainteMenehoult, où ce corps de dix mille hommes déja aguerris, fut d'une grande utilité à la journée du 20.

Le général de Spare était toujours au camp de Notre-Dame-de-l'Epine en avant de Châlons; il rassemblait tout ce qui arrivait de renforts des départements. Dumourier lui rallia les troupes conduites par le général du Bouquet, qui, après sa retraite du défilé du Chêne-le-Populeux, était venu droit à Châlons; là se trouvaient aussi ces bataillons formés sous le nom de fédérés, ramas d'hommes sans discipline, sans connaissance l'un de l'autre, n'ayant entre eux d'union que pour commettre des atrocités. Aux premiers bruits de la défaite, ils reprirent le chemin de la capitale, se livrant à tous les excès; ils couperent la tête à plusieurs de leurs officiers, ils disaient qu'ils venaient à l'armée pour y massacrer les traîtres, c'est-à-dire, les généraux. Dumourier fut obligé de les menacer de les faire pendre au premier délit dont on lui porterait plainte. Ces hommes étaient un des instruments employés pour désorganiser les armées; et malgré les intrigues et les revers, elles étaient réunies et déja dans un ordre imposant. On éprouva alors que ceux qui s'étaient opposés au licenciement de l'armée de ligne

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avaient rendu un service public: malgré l'émi- V. Ep. gration d'un grand nombre d'officiers, malgré l'insubordination excitée parmi les soldats, l'esprit des anciens corps se conserva; la cavalerie était excellente, instruite et bien montée; l'artillerie la meilleure de l'Europe; les bataillons de garde nationale que les réquisitions'augmentèrent ensuite, trouvèrent des modèles à imiter pour la discipline et la tactique; le civisme et l'enthousiasme patriotique suppléèrent à tout, et la présence de l'ennemi ne laissa bientôt de rivalité que celle d'une généreuse émulation. Tel était déja l'état des choses au camp de Sainte- Menehoult, où Dumourier réunissait, à portée de ses ordres, plus de soixante mille hommes

Le jour même 14, où il avait abandonné le camp de Grand-Pré, les Prussiens y étaient entrés; le 17, ils avaient débouché dans la plaine en avant de la forêt d'Argonne, par Vouziers et Autri jusqu'à Cernai. L'avant-garde, aux ordres de Stengel, cédant lentement le terrain et disputant tous les passages, ne s'était réunie à l'armée que le 18; ce retard avait donné le temps d'effectuerʻla jonction de Kellermann; il amenait quinze mille hommes de bonnes troupes, et en avait laissé cinq mille au général la Barolière, pour couvrir Bar et Vitry.

Le 19,

le corps aux ordres de Kellermann,

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V. Ep. effectua sa jonction avec l'armée de Dumourier, et campa à sa gauche dans une position que Kellermann ne jugea pas soutenable; sa droite s'y trouvait séparée par un étang, et sa gauche commandée par des hauteurs; derrière lui le ruisseau de l'Auve et des marais, dont deux défilés étaient les seules issues; il le déclara au général en chef, et donna ordre de lever le camp dans la nuit, pour se porter à une position qu'il avait reconnue sur les hauteurs, entre les villages de Dampierre et de Voilmont.

Vers les trois heures du matin, 20 septembre, le rapport des postes avancés, avertit de l'approche de l'armée prussienne et autrichienne; elle s'avançait sur trois colonnes, et avait déja dépassé le village de Hans, environ une lieue en avant de Valmy. Les avant-gardes étaient aux prises; Kellermann fit soutenir la sienne par sa réserve, aux ordres du général Valence, composée des carabiniers, de quatre bataillons de grenadiers, et de quelques escadrons de dragons et deux compagnies d'artillerie à cheval. Valence se porta d'abord en avant, se déploya sur les hauteurs en avant du chemin de Gisaucourt à Valmy, étendit son front sur une seule ligne, s'y maintint, masquant ainsi toute la plaine en arrière de sa position, où l'ennemi devait supposer des corps d'infanterie à l'appui ; et cette contenance en imposa assez pour qu'i

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