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V. Ep. qui lui assura, par ses amis de la capitale, le commandement en chef, auquel il aspirait. Biron aussi, sous le 'maréchal Lukner, eut une armée, avec la qualité de général en chef; et le but de cette disposition nouvelle ne fut autre que de partager en trois les secours et les moyens de défense, et d'en mettre les deux tiers entre les mains de Lukner, quoique son armée n'eût que la moitié de la frontière à défendre. Cette mesure, qui parut d'abord insignifiante, trouva son application après l'événement du 10 août. C'était un plan secret des anticonstitutionnels, pour mettre la grande majorité des forces entre les mains qu'ils croyaient plus disponibles à leur gré. Cet échange de territoire entre Lukner et Lafayette, occasionna aussi un échange de quelques troupes, qu'ils desirèrent garder à leurs ordres, mais ne retarda point leur arrivée à leurs destinations. et dans les postes militaires qu'ils devaient occuper. On ne manqua pas de dénoncer ce mouvement comme une combinaison secrète, afin de réunir les deux armées dans un point rapproché de la capitale, pour essayer de lui en imposer, ou pour y recevoir le roi. Ce fut bien vers ce même temps qu'un aide-de-camp de Lafayette vint à Paris, et que l'offre fut faite au roi de le garder en sureté à Compiègne. Mais cet échange de quelques troupes ne pouvait rien avoir de

commun avec cette offre : il n'était pas néces- v.o Epă saire pour l'effectuer.

Le mouvement s'exécuta vers le 14 juillet: l'armée de Lafayette marcha par sa droite, par la Capelle et Mézières. Les troupes de Valenciennes et de Maubeuge se portèrent, les unes sur Sedan, les autres sur Mont-Médi. Toutes les troupes de la gauche du commandement de Lukner passèrent sous celui de Lafayette; celles de la droite de l'armée du centre furent réunies à Lukner. Ce mouvement n'occasionnant pas une différence de plus d'une marche, pour que chacun conservât les bataillons et les escadrons qu'il avait toujours commandés, les généraux crurent devoir leur éviter les inconvénients d'un changement d'armée. Celle de Lukner, partant du camp de Famars, conduite par les généraux Berthier et Daboville, fit son mouvement par l'intérieur, pour se porter sur la Moselle. Ces divers mouvements simultanées, rassemblant sur un même point des forces qui, dans le moment de leur rapprochement formaient quarante-cinq à cinquante mille hommes, Lafayette fit proposer à Lukner une entreprise sur l'armée autrichienne, dans sa position de Mons, qu'elle occupait avec seize à vingt mille hommes. Les deux colonnes de droite étaient formées par l'armée de Lafayette; les deux de gauche, par celle du maréchal; la cinquième

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V. Ep. colonne au centre par les troupes partant du camp de Maulde aux ordres de Lanoüe. Lukner se refusa à tout mouvement offensif, soit qu'il suivît en cela des ordres confiés à lui seul, soit qu'il craignît de compromettre son antique réputation; et il est vrai que les officiers-généraux et supérieurs, encore étonnés des désastres de Mons et de Tournai, gardaient une circonspection qui leur faisait craindre de donner au hasard avec des troupes incertaines, et des accusateurs préparés : le compte à rendre à la tribune législative et aux tribunes populaires, en imposait plus que le canon de l'ennemi. L'armée de Lafayette marcha le 14 par Avesnes, et arriva le 21 au camp de Villers-le-Rond, proche Marville, entre Mont-Médi et Longwi. On décida, le lendemain, une attaque sur plusieurs postes de l'ennemi, dans les environs d'Arlon, sur la frontière du Luxembourg; les généraux Leveneur, Lallemand et le colonel Stengel, durent conduire chacun une colonne; la réserve, aux ordres de Latour-Maubourg, dut faire la principale attaque.

Dans la nuit, l'ennemi changea sa position, et malgré l'avis qui en parvint, Lafayette, incertain de l'arrivée à temps des contre-ordres, laissa s'opérer le mouvement convenu, qui se borna à une reconnaissance sur la frontière du Luxembourg, et à une canonnade, à là colonne

de Leveneur; un adjudant-général, officier de V. Ep. mérite, Desmotes, y fut tué.

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Tel était alors l'état des armées, qu'à peine leur organisation était connue et réglée; les relations avec le pouvoir exécutif étaient incertaines et sans suite. Dumourier écrivant au président de l'assemblée nationale pour demander des ordres et des secours, commençait sa lettre ainsi : «Ne sachant pas s'il y a un ministre de la guerre, etc...;» La hiérarchie entre les généraux n'était pas fixée. chacun prétendait ne prendre l'ordre que de tel chef, et souvent n'en prendre que de soi-même; tous, comme il arrive dans les temps de troubles, songeaient surtout à s'attacher leurs armées. Les partis dans l'intérieur se les disputaient, et s'occupaient plus de faire destiner les renforts aux armées sur lesquelles ils croyaient pouvoir compter, qu'à celles qui, par leur position militaire, ou par leur dénuement, en avaient le plus besoin. Les jacobins, soit girondins, soit montagne, étaient bien plus craints des généraux, et les craignaient aussi bien plus que l'ennemi. Souvent les moyens de subsistance n'étant, ni prévus, ni assurés par les ministres, il fallait que les corps administratifs y pourvussent par des avances, ou par des réquisitions. Les corps administratifs voulaient aussi prendre Pièces j. part au commandement, selon leurs convenances ou leurs craintes locales; ils donnaient des ré

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V. Ep. quisitions aux généraux pour le placement ou déplacement des troupes.

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Le 14, un corps de six à sept mille hommes de l'armée autrichienne, s'empara d'Orchies, où se trouvait le bataillon de la Somme, au nombre d'environ six cents hommes, avec deux pièces de campagne. L'ennemi attaqua avec fureur les deux portes du côté de Lille et de Douai. On n'avait pas encore eu le temps de fortifier ce poste; le bataillon se défendit avec le plus grand courage, et fit sa retraite sur Saint-Amand, ayant perdu un de ses canons; un capitaine, nommé du Thai, se couvrit de gloire et sauva la garnison; deux colonnes ennemies tirèrent l'une sur l'autre et perdirent cinq cents hommes. Le lendemain le poste fut repris, et l'ennemi, cerné par les de troupes qui avaient marché du camp Famars, du camp de Maulde et de la garnison de Douai, n'eut que le temps de faire sa retraite. Dumourier alors renforça son camp de Maulde d'une partie des garnisons voisines; il avait devant lui l'armée autrichienne, forte de quinze mille hommes, commandée par le duc de Saxe-Teschen, qui s'était établi dans le camp de Bavai, de jours après le départ de l'armée de Lafayette pour occuper les positions de la Chiers, entre Sédan et Mont-Médi. C'était ce camp de Maulde devenu fameux par le refus

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