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à l'assemblée que l'impossibilité de faire le bien, leur avait fait un devoir de donner leur démis sion simultanée au roi, et sortirent brusquement de la salle. Un long silence marqua et suivit leur départ. Cette mesure était imprévue, mais ne fit pas la sensation qu'on eût pu en attendre. Le roi resta sans ministres, comme au premier 14 juillet, lorsqu'un général suisse lui servit de secrétaire, et qu'un grand maître de la garderobe contre-signa des lettres de grace, dont l'expédition était urgente. On opposa à la démission combinée des ministres, de nombreuses pétitions, qui vinrent demander la mise en accusation de Lafayette, et la réintégration de Pétion. Cependant une proclamation du roi confirma l'arrêté qui le destituait, et bientôt un décret leva la suspension on fut même obligé de reconnaître de la prudence et de la nécessité dans cette mesure. C'était la veille de la fédération et telle était l'exaltation des esprits, que l'on regarda comme dangereux de ne pas composer avec elle; la tranquillité de la journée du 14 juillet parut devoir passer avant toute autre considération. Cet anniversaire de la fédération se passa avec assez de calme; beaucoup d'hommes y parurent portant écrit sur leur chapeaux : Pétion, ou la mort! On remarqua même que la plupart de ces devises paraissaient être écrites de la même main,

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V. Bp. et avec des caractères dont la forme n'était pas 1792 celle des lettres françaises. Dans les autres fédérations, le roi avait prononcé la formule

de son serment, sans quitter la place où il siégeait; ce jour, il descendit dans l'arêne, la traversa sans aucune escorte, et monta à l'autel de la patrie; où il prononça le serment.

Les événements du midi firent un moment diversion aux querelles privées, car on ne peut qualifier autrement cette guerre d'autorité à autorité, où il s'agissait de décider qui serait maire d'une commune. Un parti s'était formé dans le département de l'Ardèche, les montagnes des Cevennes : plusieurs officiers-généraux, Conwai, Dusaillant, avaient reçu des pouvoirs des frères du roi, pour lever des troupes, organiser une armée, et tâcher d'établir un système de guerre intérieure dans le midi de la France: mais bientôt la division se mit parmi les chefs, les moyens leur manquèrent. Ils se réunirent d'abord au camp de Jalès, déja connu: ils réussirent ensuite à s'emparer du château de Bannes, et à y établir un centre d'opérations. Les motifs de religion étaient le prétexte, et beaucoup de prêtres étaient les agents du parti. Le directoire du département rassembla les gardes nationales; on assiégea le château de Bannes, qui fut pris et rasé ; ce qui s'y trouva, environ deux cents hommes, furent passés au

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1793.

fil de l'épée. Dusaillant y périt ; et cette tentative, V. Ep. commencée avec des moyens insuffisants et sans suite, finit par la mort de son chef: ses papiers saisis, donnèrent des renseignements nominatifs sur plusieurs individus, et des éclaircissements dont on fit usage, sur les moyens employés pour conserver et entretenir les relations entre les partis du dedans et du dehors. Cette entreprise, terminée à son début, n'occupa qu'un moment, et l'ordre du jour rappela bientôt la discussion sur la dénonciation de Lafayette. Le comité fit un rapport. Lasource fit un long discours, où le général ne fut épargné ni par les inculpations, ni par les qualifications de traître et de conspirateur. Cependant la majorité paraissait décidée à acquitter. Guadet intervint et déposa sur le bureau une dénonciation signée. Le maréchal Lukner avait dit que Lafayette lui avait fait proposer, par Bureau-de- Puzy, de réunir leurs armées pour marcher sur Paris, et que lui, Lukner, avait répondu : « Si Lafayette marche sur Paris, je marcherai sur lui. » La dénonciation amena un ajournement jusqu'à l'examen de ce nouvel incident.

Cependant un décret venait de déclarer la 22 juill patrie en danger. Un appareil imposant, composé d'un cortége nombreux des magistrats de la commune, des six légions de la garde nationale et d'un train d'artillerie, ayait

1792.

V. Ep. parcouru les carrefours et les places publiques une bannière portait cette inscription: Citoyens, la patrie est en danger. Une proclamation avait été publiée, et des amphithéâtres dressés recevaient les enrôlements civiques. Les armées ennemies combinées s'approchaient. On avait perdu le temps précieux de leur éloignement, pour les prévenir par les opérations militaires, comme on les avait devancées par une déclaration de guerre hâtive. Ce temps avait été employé par les généraux à réorganiser leur armée. Mais les dispositions du cabinet des ministres n'avaient encore effectué que des marches et des contre-marches qui replaçaient le théâtre de la guerre dans le même local où elle avait été commencée. L'armée de Lukner 30 juin. avait evacué Courtrai; Jarri, officier de talent et qui avait longtemps servi dans l'armée prussienne, brûla, en se retirant, le faubourg de Courtrai, sans que l'on puisse rien donner motif de cette terrible exécution militaire.

pour

On avait toujours voulu croire que les Belges n'attendaient que l'armée française pour s'y réunir, et Lukner écrivait : « Je vois qu'il ne faut «pas compter sur l'insurrection des Belges.» Son armée revint au camp de Famars, sous Valenciennes; celle de Lafayette resta à Bavai. Dumourier commandait sept à huit mille hommes, au camp de Maulde. Custine et Kel

1792

lermann étaient à la tête de petites armées sur V. Ep: la Sarre: Lamorlière tâchait de rassembler une armée dans les départements du Rhin: Montesquiou en commandait une près de Genève, d'où il menaçait la Savoie, qu'il devait bientôt envahir; et le général Anselme rassemblait sur le Var, une armée destinée à agir contre le Piémont, et à s'emparer du comté de Nice, par des mouvements combinés avec l'escadre de Toulon, aux ordres du contre-amiral Truguet.

Après l'évacuation de Courtrai, et la retraite de l'armée de Lukner, il ne fut plus question que de prendre un système défensif contre les armées qui s'avançaient de tous les points et menaçaient la frontière. On avait assez prévu qu'elles tenteraient de pénétrer par la Champagne ; et le plan de défense fut convenu avec les nouveaux ministres. Le jeune Dabancourt avait remplacé Lajard. On assigna à Lafayette son commandement depuis Dunkerque jusqu'à Mont-Médi où se terminait la droite de sa ligne de défense. Lukner dut prendre le commandement depuis Mont-Médi jusques au Rhin, ayant sous lui les corps commandés par Kellermann, Custine et Lamorlière; Dumourier resta au camp de Maulde, avec une division aux ordres de Lafayette, et bientôt il réussit à la mettre dans un état d'indépendance,

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