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1791.

IV. Ep. portait les regrets de la nation, et bientôt après, dénoncé, obligé de lutter contre le décret d'accusation qui le menaçait.

Delessart fut mis en état d'accusation, et traduit à la haute-cour nationale, récemment réunie à Orléans. Tous les autres ministres, plus ou moins poursuivis, furent bientôt forcés de céder leur place à un nouveau conseil, que le roi fut obligé de choisir parmi les membres les plus prononcés de la société des jacobins, et qui, pendant quelque temps, firent marcher la machine politique avec plus de succès; mais bientôt après, eux-mêmes furent enveloppés dans le système secret qui ne voulait laisser au pouvoir exécutif aucun agent stable. Le moyen employé et sûr, était de susciter des troubles intérieurs. Si le pouvoir exécutif agissait avec rigueur, les patriotes étaient opprimés; s'il usait de ménagement, on accusait sa lenteur d'être un système d'inertie; et tel était bien un des plans de l'opposition: s'arrêter pour prouver que les chemins n'étaient pas libres. Mais cette ruse, petite et mesquine, ne pouvait réussir que dans une lutte égale de faction à faction. Le mouvement d'un grand corps délibérant devait bientôt la mettre à découvert et l'entraîner. Les départements méridionaux étaient surtout le théâtre de nouveaux événements révolutionnaires. La réunion d'Avignon n'y avait pas

ramené le calme : les auteurs des premiers trou- IV.• Ep. bles, les meurtriers de la glacière, avaient été 1792. saisis par la force armée, après avoir soutenu un siége dans le palais, théâtre sanglant de leurs crimes. Une armée de Marseillais vint les tirer de leur prison, et les lâcher sur cette même terre qu'ils avaient ensanglantée; de nouveaux meurtres furent la suite de leur vengeance. A Arles, une autre armée de Marseillais vint s'emparer de la ville, chassa le directoire du département, et fit mettre bas les armes à deux bataillons suisses. A Perpignan, le commandant Cholet 4 janv: fut accusé d'avoir voulu s'emparer de la citadelle, et traduit à la haute-cour, à Orléans. L'assemblée recevait journellement des députations de soldats des régiments de ligne, apportant des plaintes contre le ministre, et le ministre était obligé d'entrer en justification et en jugement à la barre.

Les subsistances étaient le motif d'autres soulèvements dans l'intérieur. La libre circulation des grains était vainement ordonnée; le versement de province à province était continuellement empêché; il fallut envoyer à Noyon des commissaires de l'assemblée, et faire marcher des bataillons. Vaublanc, homme droit et éloquent, fut un des commissaires, et fit un rap- 20 févi port détaille, qui montra inutilement le véritable

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IV. Ep. état des choses. Tous ces mouvements étaient

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factices, et ceux qui les suscitaient, avaient plutôt besoin d'être contenus qu'éclairés. A Etampes, le maire Simonneau voulant maintenir la loi, et refusant de taxer les grains, fut abandonné de son escorte, et massacré par les agitateurs, au milieu du peuple, sur la place du marché. Tous les partis opposés couraient au même but, le renversement de la constitution actuelle; les uns, pour remettre la royauté telle qu'elle était avant; les autres, pour abolir la royauté; et leurs moyens étaient les mêmes, les troubles intérieurs et la guerre au dehors.

Tout la rendait inévitable; le système de la coalition était d'effrayer l'assemblée pour l'amener à une capitulation, et le système de l'assemblée était de forcer de mesures pour marquer son assurance; on parlait d'un congrès des puissances alliées, qui, sous le titre de médiation armée, devait proposer des modifications à la constitution française. L'assemblée y avait répondu par un décret qui déclarait infâmes et traîtres à la patrie tous les Français qui proposeraient d'adhérer à un congrès. Une députation porta, séance tenante

séance tenante, ce décret au roi, et sa réponse fut de fixer le 10 février comme délai fatal pour une explication précise et cathégorique · de l'empereur. Peu de jours ayant, sur une lettre

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lettre du roi, qui semblait annoncer l'espérance IV. Ep. de mesures conciliatrices, l'assemblée avait porté le décret d'accusation contre les princes.

Cet accord et cette fermeté en avaient imposé, et ralenti les mesures offensives; les rassemblements de Français émigrés furent réellement séparés; plusieurs même rentrèrent dans leur patrie. Les ministres de France, dans les cours étrangères, y prirent une attitude plus convenable à leur dignité. La notification du roi, de son acceptation, qui avait été refusée dans plusieurs cours, et notamment en Suède, fut accueillie, et l'empereur s'expliqua hautement sur le changement que cette circonstance appoftait aux affaires. Dumourier était alors ministre des relations extérieures. Presque étranger aux premiers événements de la révolution, il avait quitté sa retraite pour venir offrir ses services, et un plan de conduite qu'il avait bien vu manquer. Dumourier, déja connu dans l'armée comme officier d'état-major, instruit et habile, était doué d'une grande activité d'esprit et de corps; prompt et entreprenant par caractère, propre à entreprendre, confiant dans ses moyens d'exécution; mais trop prompt pour mener à sa fin l'entreprise qu'il avait conçue et conduite. Le style de ses dépêches donna d'abord un autre accent aux négociations chez les puissances étrangères; toutes les opinions n'y étaient pas conTome II.

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IV. Ep. traires à la révolution de France, et les mesures préparées contre elle, n'y obtenaient pas l'assentiment général; les opinions philosophiques des écrivains français, avaient pénétré en Allemagne, et toute la classe des lettres, qui formait comme un ordre particulier, était partisan et défenseur de la révolution française. Léopold avait essayé de la combattre à armes pareilles, et des journaux anti-révolutionnaires furent publiés à Vienne; mais la partie n'était pas égale, et la thèse de la liberté publique, qui n'est pas toujours soutenue avec avantage dans le fait et dans la pratique, a toujours pour elle le droit et la théorie, Léopold ne se portait qu'à regret à entreprendre une guerre dont il prévoyait les suites, ét pentêtre même cette guerre n'eût point eu lieu; mais sa mort inopinée vint susprendre un moment, ensuite précipiter les événements. Environ un mois après, Gustave fut assassiné à Stockholm. Ankastroem, noble suédois, le frappa au sortir d'un bal. Gustave survécut peu de jours, et laissa une renommée composée de grands talents, de grands défauts, et de quelques vertus, Il venait de tenir les états de son royaume, et maniant avec une politique habile et adroite les différents ordres, pendant la tenue des états, qu'il venait de congédier, il avait réussi à obtenir de grands subsides, et se disposait a se mettre à la tête de la coalition contre la France.

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