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IV. Ep. et de ce nombre, le défaut de prestation de serment, ou są rétractation, ou l'absence prolongée au-delà des délais. La garde constitutionnelle du roi fut fixée à 1200 hommes de pied et 600 à cheval; enfin, on essaya une question à laquelle on attachait une grande importance.

Les membres de la dynastie régnante, les parents du roi, princes du sang, n'avaient aucune place dans la constitution; même elle les avait privés de l'exercice des droits de citoyen. Les comités, par justice ou par politique, voulaient leur conserver le titre de princes; et cette survivance d'un titre féodal à l'extinction de tous les autres, n'était peut-être pas la distinction qu'il fallait désigner. Cette proposition déplut à-la-fois au parti populaire, qui y voyait un berceau de distinctions natives, et au parti contraire, qui y retrouvait un souvenir des titres qu'il avait perdus. Cette loi passa avec peine; un signe extérieur et visible eût mieux rempli l'objet et eût trouvé moins d'opposition. On en était aux représailles, et le parti vaincu obtint que les princes ne pourraient commander les armées de terre ou de mer qu'avec le cont sentement du corps législatif. Il semblait qu'il y eût un double intérêt à les tenir dehors,à éloigner leur rapprochement: les uns, ceux qui déja avaient pris des engagements à Co

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blentz, voulaient y trouver des chefs qui don- IV. Ep. nassent de la consistance et du crédit au parti; les autres pensaient à isoler la royauté, afin de la rendre impossible de fait. N'ayant pu réussir à la faire disparaître de la constitution, ils voulaient au moins qu'elle n'y tînt que la moindre place possible. Et c'est peut-être le vrai reproche à faire à l'assemblée constituante: elle sembla vouloir un roi sans vouloir la royauté, ce gouvernement que l'on a représenté avec assez de justesse sous l'emblême d'une pyramide dont le pouvoir exécutif occupe le faîte, que soutiennent toutes les parties de l'édifice, et auquel elles viennent toutes se réunir on sembla, comme on le disait alors, avoir construit une pyramide renversée. Toutes les parties venaient également se réunir au sommet; mais, au lieu de le supporter, toutes pesaient sur lui : l'édifice pouvait rester debout, tant qu'il était en équilibre; mais la moindre secousse devait le renverser, faute de base. Sans doute il eût mieux valu procéder par des voies plus simples et plus droites, et s'il était décidé que les temps de la monarchie étaient passés, donner avant tout à la nation la constitution qui pouvait être du rable, ou du moins rendre durable celle qu'on lui donnait. Mais, environnée des décombres que l'opinion avait amoncelées autour d'elle, l'assemblée n'eut pas le temps de choisir les

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IV. Ep. matériaux, lorsqu'il fallut reconstruire. On se hâta de montrer au peuple impatient une façade qui supposait un édifice; mais ceux qui vinrent ensuite voulurent bâtir sur leur propre plan. L'assemblée cependant eût peut-être pu achever le sien; l'impatience publique s'y opposa. Le reproche si répété d'avoir trop tôt abandonné son ouvrage, est injuste: il ne faut que se reporter à ce moment où l'opinion publique, impatiente au dehors, criait de sortir à ceux qui étaient las d'entrer tous les jours, depuis plus de deux ans ; qui, divisés entre eux, étaient pressés d'abandonner leur place, par ceux mêmes qui en occupaient une partie. Toutes les raisons plausibles inculpaient l'assemblée du projet de se perpétuer. Les choses étaient au point que les libelles les plus injurieux s'imprimaient et se débitaient publiquement à la porte même du lieu de ses séances. On mettait dans la main. des députés qui allaient prendre leur place, un livret intitulé: Rendez-nous nos 18 fr., et allez vous f. f. L'opinion des clubs, des cafés, des groupes de place, était la même; les députés n'y étaient plus respectés. L'assemblée, à cette époque, ne pouvant plus faire le mieux, que trop d'intérêts particuliers ou étrangers rendaient impossible, fit le moins mal, en livrant à ses successeurs une machine qu'ils pouyaient faire aller, s'ils le voulaient, quoique

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trop imparfaite pour aller d'elle-même on le IV. Ep. sentait tellement que le dernier acte du pouvoir constituant fut de prévoir l'époque où l'on pourrait retoucher son ouvrage. On traita la question des conventions nationales, sorte d'assemblée dont l'histoire d'Angleterre et d'Amérique offrait des exemples, et qui supposait aux membres de ces assemblées des pouvoirs illimités. On voulut d'abord décréter qu'elles ne pourraient avoir lieu avant trente ans ; on sentit que c'était s'exposer à voir ce décret rapporté par les successeurs: on se borna à une invitation, en constatant le droit de la nation de changer sa constitution toutes fois et quand il lui plairait. Cette vérité, qui ne signifie autre chose que le droit d'exercer le pouvoir à celui qui a la force, était si ancienne et si incontestée, qu'il eût mieux valu peut-être la supposer

incontestable.

Tout étant prêt, le 2 septembre, on régla le mode de présentation. Soixante membres, députés, portèrent au roi la constitution. Thou- 3 septa ret, président, dit : « Les représentants de << la nation viennent présenter à votre majesté l'acte constitutionnel qui consacre les droits imprescriptibles du peuple français, qui rend « au trône sa vraie dignité, et qui régénère le << gouvernement de l'empire ». Le roi répondit: <«< Je reçois la constitution que me présente l'as

Tome 11.

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IV. Ep. ✩ semblée nationale; je lui ferai part de ma ré<< solution dans le plus court délai qu'exige un objet si important. Je me suis décidé à rester « à Paris ; je donnerai mes ordres au comman<«<dant de la garde nationale parisienne pour le «service de ma garde ». Il remit cette réponse écrite et signée.

Le décret portait que le roi donnerait ses ordres pour sa garde, et déterminerait le lieu de sa demeure, pendant le délai qu'il fixerait pour faire connaître sa résolution. Douze jours se passèrent, pendant lesquels l'ordre accou tumé fut rétabli au château : le roi reprit l'appareil extérieur du pouvoir, et la liberté de ses

actions.

Se plaçant dans l'état des choses du moment, et toute abstraction faite de l'avenir, alors inconnu et imprévu, la grande question de savoir si son intérêt politique était d'accepter, se jugerait par le raisonnement telle qu'il la jugea. Le refus nécessitait l'abdication; et, comme père, il put calculer que les crises d'une minorité hasarderaient la couronne sur la tête de son fils, âgé de sept ans. Le parti qui voulait un changement de dynastie était connu et assez nombreux, même dans l'assemblée. Aucun proche parent dont la considération politique pût en imposer aux partis. La régenċe, par la loi, appartenait au prince d'Orléans : sa con

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