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millions décrété hier, a ajouté qu'il convenait de IV.• Fp. vérifier l'état de la caisse de l'extraordinaire.

que

Un autre membre a demandé la même mesure fût prise pour la caise du trésor public. En conséquence, l'assemblée a décrété ce qui | suit:

L'assemblée nationale, le roi absent, ordonne que ses commissaires près la trésorerie nationale et la caisse de l'extraordinaire, de concert avec les commissaires du roi pour ladite trésorerie et ladite caisse, dresseront un procès-verbal de l'état actuel desdites caisse et trésorerie, lequel procèsverbal sera rapporté à l'assemblée nationale in

cessamment. »

Ensuite l'assemblée nationale (1) a passé à

(1) Il y eut bien un peu d'affectation à passer ainsi à l'ordre du jour, et de reprendre les affaires courantes, comme si celles du moment n'eussent été qu'un incident accessoire; mais cette affectation même supposait du calme et de la présence d'esprit public. Après un ou deux décrets, on revint au véritable ordre du jour. Cette séance fut déclarée permanente, mais seulement pour la forme, et les délibérations ne se prolongèrent pas dans la nuit: on repoussa même quelques motions d'alarmes, telle que de hisser des pavillons en berne et de sonner le tocsin, en signe de détresse. Le peuple fut parfaitement tranquille après la proclamation de l'assemblée, qui l'invitait à l'être, et si une invasion avait été tentée, jamais la guerre ne se fût faite sous de plus beaux auspices.

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1791.

IV. Ep. Fordre du jour, qui était la continuation de la 1791. lecture du procès-verbal de la veille, et celle de la discussion sur le code pénal.

Signé, Alexandre Beauharnois, président; Dauchy, Jacques Menou, ex-présidents; Lecarlier, Régnier, Merle, Fricaud, Grenot, Mauriet, secrétaires.

Le roi était sorti de Paris le 21 juin vers minuit. Des voitures disposées à l'extrémité du Pont-Royal, et sur la place du Carouzel, s'étaient réunies à la porte Saint-Martin, où une même voiture préparée chez le comte de Fersen, suédois avait reçu le roi, la reine, le dauphin, la fille du roi, appelée, madame; sa sœur, madame Elizabeth, et madame de Tourzelle, gouvernante. Une voiture de suite mena deux femmes de chambre; des chevaux de poste étaient préparés à Bondi; les voitures suivirent la route de Metz jusqu'à Sainte-Menehoult, où elles prirent celle de Montmédi; et la suivirent sans événement jusqu'à Varennes. Le roi descendit plusieurs fois de voiture, causant, à toutes les postes, parlant surtout des affaires publiques.

Lafayette ne fut instruit du départ que vers six heures du matin. Il écrivit aussitôt à quelques amis qu'il convoqua à l'hôtel de la Rochefoucault, et se rendit à la Maison commune,

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presqu'au moment où les commissaires de l'as- IV. Ep. semblée vinrent l'y chercher. Ils le trouvèrent déja rétabli dans l'opinion du peuple, assez maître de sa position, pour refuser les mesures de sûreté personnelle, que les commissaires crurent devoir prendre pour lui; ils revinrent seuls à l'assemblée, et sans vouloir d'escorte. L'intendant de la liste civile, Laporte, avait été mandé à la barre et avait déposé sur le bureau, un mémoire, ou plutôt une proclamation que le roi lui avait fait remettre à son départ, avec un billet de sa main; Laporte demanda que le billet ne fût point lu en public; l'assemblée voulut que le billet fût rendu, comme propriété, sans être

ouvert.

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Les ministres s'étaient retirés; la séance avait été déclarée permanente; et on fit la lecture du mémoire du roi. Cette pièce importante, où l'on voit un roi entrer en cause et exposer ses griefs, n'était pas à la hauteur des circonstances; le style, les expressions, la na- Pièces j; ture des plaintes, rien ne portait ce caractère d'élévation que l'infortune ne doit jamais ôter à la grandeur; on peut croire, au défaut de la diction et en même temps au ton de supériorité qui y régnaient, que le roi ne le consulta point, et le dressa lui-même. A côté de ré

(1).

1791.

IvEp. clamations graves sur la nouvelle forme du gouvernement, on y lit de petites plaintes sur l'insuffisance de son logement, sur le traitement pécuniaire des officiers de sa maison sur la modicité d'une somme de 24 à 30 millions affectés à sa liste civile. Ce mémoire semble rédigé par des commensaux mécon tents qui se servent du nom de leur maître ; telle fut la sensation qu'il fit dans l'assemblée; il n'indisposa point contre le roi; on n'y vit que des suggestions, dont il n'avait pas su se défendre; tout était si peu prévu et si mal concerté, que cette pièce, qui, du moins, n'aurait dû paraître que lorsque le roi aurait été rendu en sûreté à sa destination, fut remise et publique peu d'heures après son départ. Après la lecture du mémoire, qui fut entendue sans aucun signe d'émotion, on reprit les occupations du moment. Le ministre, adjoint au comité diplomatique, fut chargé de notifier aux puissances étrangères que le vœu de la France était de continuer avec elle, les anciennes relations de politique et d'amitié: on organisa ensuite la garde nationale de tout le royaume. Les départements frontières durent fournir et armer ce que leur population comportait, et les autres départements, de deux à trois mille hommes. La séance se prolongea dans la nuit;

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e

1791.

et le mercredi 22, on nomma trois commis- IV. Ep. sions, de trois membres chacune, dont un fut choisi parmi les militaires membres de l'assemblée. Ils durent porter aux troupes en station aux frontières, cette formule de serment rédigée par Emeri : « Je jure d'employer les << armes remises en mes mains, à la défense de "s la patrie, et à maintenir, contre tous les enne« mis du dedans et du dehors, la constitution « décrétée par l'assemblée nationale; de mou<< rir plutôt que de souffrir l'invasion du terri<< toire français par des troupes étrangères, et «de n'obéir qu'aux ordres qui seront donnés << en conséquence des décrets de l'assemblée << nationale.

Par un mouvement unanime, les deux côtés de l'assemblée se réunirent, et tous les députés militaires se portèrent à la tribune, et prononcèrent le serment; la chose publique devint la cause commune; et, pour un moment, les divisions de parti s'effacèrent.

Cette réunion fut plus marquée dans la séance tenue le jour même du départ du roi à la société des jacobins ; plus de trois mille membres s'y rendirent. Ceux mêmes qui s'en étaient retirés, prévoyant l'exagération dangereuse de cette société, y revinrent. Lafayette

y

fut inculpé et accusé par Danton. On lui re

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