blic, & pour le particulier. Il me reste à prouver, que le Prince n'y gagnera pas moins.

M. Necker, dans le compte qu'il a rendu au Roi, porte les revenus de Sa Majefté, fur la taille, la capitation, & les autres impofitions dont je propofe ici la fuppreffion, à 148,590,000l. Il faut donc que le droit de 2 1. 10 f. par quintal, par lequel je propose de remplacer toutes ces impofitions, rende annuellement cette fomme, & qu'il la rende plus nette dans les coffres de Sa Majefté. C'est auffi ce qui arrivera, & je vais le démontrer.

On a vu, dans ma première Partie, que la con sommation des bleds dans le Royaume, montoit annuellement à 40 millions de fetiers, en ne fupputant même fa population que fur le pied de 16 millions d'individus; mais les bleds qui fe confomment, ne font pas tous bleds fromens. Dans plufieurs contrées, les confommateurs les mêlent; dans d'autres, le pain n'eft que de feigle, d'orge, ou de bled noir, & le droit doit être moindre fur ces efpèces de bleds inférieurs. Il convient donc de ces différences, dans le calcul du produit.

pezer

Je réduirai, en conféquence, la consommation du Royaume en froment, à millions de

fetiers.

30

Or, 30 millions de fetiers font 72 millions de quintaux, lefquels, à raifon de 2 1. 10 f. l'un, don

neront un produit de 180 millions de Livres en argent, ci,..........

́ ́ Je supposerai ensuite la confommation des feigles à 5 millions de fetiers, qui font 12 millions de quintaux, sur lesquels le droit ne fera

180,000,000l.

porté qu'à 21. par quintal; ce fera un produit de 24 millions en argent, ci, 24,000,000 Et pareillement, la confommation des orges & autres menus-grains, à 5 millions de fetiers, ou 12 millions de quintaux, lefquels, à raifon de .1 l. 5 f. de droit, seulement, donne- ; ront un produit de 15 millions en argent, ci,

Je ne fpécule, comme l'on voit, la confommation de toutes les espèces de bleds, au total, que fur le pied de 40 millions de fetiers, & il en résulte un produit de 219 millions de livres, en argent, ci,

Il ne s'agit de remplacer au Roi

que 148,590,000 l.,ci,

Le Roi trouvera donc un bénéfice

de 70,410,000 l.,*ci, ...

15,000,000

219,000,000

148,590,000

70,410,000

* Si je tirois mon produit d'après la fuppofition faite

Et

Et, en supposant qu'il en coûtât 9 millions pour les frais de régie, il resteroit toujours net au Roi, par chaque année, un bénéfice de 60 millions, & plus, (*)

Or, ce produit & ce bénéfice, Sa Majefté fe les procurera, fans cottifation de qui que ce foit, fans avertiffement ni contraintes, fans Collecteurs & fans Huiffiers. Quelle reffource pour les finances Quelle tranquillité pour fes Peuples? Quelle fource de gloire & de fatisfaction pour elle

même ?

par l'Auteur des Obfervations fur le Commerce des grains, le bénéfice du Roi monteroit à cent vingt-deux millions par än, au lieu des foixante-dix millions auxquels je me réduis

ici.

Et fi je le tirois d'après celle faite par M. Necker, dans fon favant Traité fur la Légiflation & le Commerce des grains, ce bénéfice féroit beaucoup plus confidérable encore.

-(*) Je démontrerai en tems & lieu que la régie de ce droit fera fimple & facile, que les neuf millions, auxquels j'en arbitre ici les frais, feront plus que fuffifans pour pourvoir, & qu'avec un peu d'ordre, auffi aisé à tenir qu'à prefcrire, on parviendra, non-feulement à éviter la fraude dans la perception, mais encore, à corriger nombre d'abus qui excitent journellement les plaintes du Public contre les Meuniers & les Fariniers.

Ce qu'il eft bon d'obferver, c'eft que par cette difpofition des chofes, qui fait contribuer également tous ceux de la Nation aux charges de l'État, & qui appelle même à les payer, concurramment avec eux, tous les Étrangers qui confommeront de nos Bleds, je donne au Roi 20 ou 25 millions de contribuables, où Sa Majefté ne trouvoir, tout au plus, que 12 à 15 cent mille Sujets à cottiser. Ainfi la charge, aujourd'hui très-pefante pour les pauvres, fe trouvera tellement partagée, qu'elle deviendra infenfible pour chacun : & loin que ce nouvel ordre puiffe être envifagé,comme une augmentation du prix du pain, il en affurerà au contraire la diminution à perpétuité. Il tiendra lieu cependant de toutes les impofitions réelles & perfonnelles, tandis que le prix aЯuel du pain, quoique fort fupérieur, ne tient lieu de rien, & ne garantit pas, ni qu'il n'augmentera plus, ni qu'on n'en manquera point.

Le feul droit de:25 fols, par quintal, ajouté pour les tems de guerre, à celui de 2 1. 10 f. qu'on perce vra feul pendant la paix ; ce feul droit de 25 f. qui, toutefois, n'augmentera le prix du pain que de 3 den, par livre, donnera au Roi un revenu extraordinaire de plus de 10 millions par an. Il mettra conféquemment, Sa Majefté, en état de fubvenir à tous les frais dé la guerre, fans charger ses Peu

ples d'aucune autre impofition. J'ofe même préfumer que ce fera un moyen d'éloigner, & peut-être d'écarter , pour toujours, ce fléau terrible; car quelle Puiffance ne craindra pas d'entrer en guerre avec un Monarque qui, au premier coup de tambour, verroit, fur le champ, accroître fes revenus, de plus de cent millions, fans que ce fupplément de revenus, qui auroit lieu, tant que la guerre dureroit, fit la moindre fenfation dans la fortune. d'aucun de fes Sujets.

Et qu'on ne dife pas que cette facilité de fe procurer de fi gros revenus, pourroit devenir funefte aux Sujets. Je me fuis fait à moi-même cette objection; mais je me fuis dit, en même tems qu'à cet égard, les vues du Gouvernement auront néceffairement des bornes, & que pour cueillir le fruit, on ne voudra pas déraciner l'arbre je me : fuis dit,qu'un bon père n'égorgeoit point fes enfans pour multiplier fes richeffes, & qu'un Monarque fenfé ne fauroit oublier, que l'aifance de fes Sujets eft le principe & la bafe de fa puiffance: je me fuis dit que les dépenfes de l'État diminueront néceffairement, fans rien diminuer à la splendeur avec laquelle le Roi doit foutenir l'éclat de fa. Couronne. Pourquoi ? Parce que le prix des denrées & marchandifes, qui forment les dépenfes,