Page images
PDF
EPUB

vernement eft, fans ceffe, importuné de demandes pour des intérêts dans des entreprises onéreufes aux peuples, il lui fera facile de former une Compagnie, pour une entreprife qui affure au cultivateur le débit de fa récolte, aux Peuples, une abondance indépendante de l'intempérie des faifons, à l'État, le débouché de tout le fuperflus de fa production, & qui préfente aux Affociés, avec l'espoir d'un profit honnête, l'honneur de procurer tous ces biens, & le titre glorieux de ferviteurs de la Patrie ? On m'excufera, fans doute, fi j'ai ofé préfumer auffi avantageufement, & de la confiance due au Gouvernement, & du zèle des citoyens aisés.

Ainfi donc, en autorifant l'exportation, on en fera ceffer tous les dangers; on en fera refluer les avantages fur tous les fujets du Roi, fans exception d'un feul: ainfi tous les Ports, & toutes les autres forties du Royaume, pourront être ouverts, & le Peuple verra le transport des bleds, fans inquiétudes; il ne craindra plus que les mouvemens, qu'on lui fera faire, foient dictés par l'envie de les lui furvendre ; il fera le premier, à faciliter les opérations de la Compagnie, qu'il ne pourra confidérer que comme sa bienfaitrice, que comme une mère de famille, uniquement occupée du foin de pourvoir aux befoins de chacun de fes enfans. Ainfi le Gouvernement fe trouvera délivré des follicitudes

qu'entraînoit la légiflation, fur cette importante ma tière, légiflation qui, foit qu'elle ait permis, défendu ou restraint l'exportation, a toujours échoué contre les rufes du monopoleur, & dont en confé quence, les fuccès momentanés, ont dégénéré en malheurs publics: ainfi enfin, les Hôpitaux feront en état de fournir la fubfiftance aux pauvres infirmes, & la mendicité pourra, définitivement & férieusement, être bannie du Royaume.

Paffons à la feconde Partie. J'en ai trop dit, fur celle-ci,pour les personnes intelligentes & de bonne volonté. Je n'en aurai pas dit affez, pour les gens à préjugés. J'avois, au furplus, mes bases à fer; elles le font, je ferai conféquemment plus court fur l'autre.

Fin de la première Partie.

po

SECONDE PARTIE

J'AUROIS 'AUROIS pu, fans doute, m'en tenir aux trois objets contenus dans la première Partie de mon Projet; mais c'eût été laiffer à d'autres, à glaner dans mon champ, & j'ai cru devoir ne rien négliger de ce qu'il me paroiffoit pouvoir produire. J'ai ofé propofer, en conféquence, la fuppreffion de toutes impofitions réelles & perfonnelies; j'ai ofé annoncer des revenus fuffifans pour foutenir dignement, fans le fecours de ces impofitions, la Majefté du Trône, & pour fubvenir à tous les befoins de l'État, dans le cas même des plus longues guerres. Ce font mes deux derniers points Il faut m'expliquer ; je vais le faire en

de vues.
peu de mots.

Je me vois ici entre deux écueils, dont l'un me repouffe néceffairement contre l'autre. J'ai à traiter deux objets, dont le premier trouvera fûrement des contradicteurs puiffans, dans la claffe financière, & le fecond déplaîra peut-être fouverainement au Public. Ils font, toutefois, tellement inféparables, que le fuccès de celui-là ne peut avoir lieu, fans l'exécution de celui-ci. Je n'en fens que mieux combien ma position est délicate

& critique; mais le vrai zèle brave les obftacles, & quelquefois il en triomphe.

Oui, je defire que le laborieux Cultivateur l'induftrieux Artifte, le malheureux Ouvrier, le pauvre Peuple ceffent de gémir fous le poids des Impofitions qui les accable, fous le poids de la perception, fouvent plus dure que les impofitions elles-mêmes: je defire que tous, à l'avenir, jouisfent en paix & en liberté du fruit de leurs fueurs de leur industrie, de leurs épargnes. Je defire, en un mot, que la France foit le féjour du bonheur, & qu'elle béniffe, à jamais, le Monarque dont ce bonheur fera l'ouvrage.

2

Or, ce fera, je crois, un moyen d'y parvenir que de fupprimer les tailles, taillon, uftenfiles quartier d'hiver, capitation, vingtièmes, deux fols pour livre, induftrie, & généralement toutes les impofitions qui portent, fur les perfonnes, ou fur les biens.

Cependant comme tous les Sujets doivent des fecours au Prince, en échange de la protection qu'ils en attendent, comme les revenus de l'État font, la portion que chaque Citoyen doft payer de fon bien, pour jouir de l'autre paisiblement & avec fùreté; comme il importe d'ailleurs à la Nation, que Sa Majesté conferve, à fes créanciers, le titre qu'ils ont acquis fur elle, & que les arré

rages en foient exa&tement acquittés, jufqu'au remboursement des capitaux qu'ils ont avancés pour les befoins de l'État ; en un mot, que Sa Majefté puiffe toujours, payer comptant fes dépen fes, fe procurer le gain qui doit réfulter de cette économie, & qu'elle ne foit plus, à l'avenir dnns la néceffité de s'arriérer; il eft jufte, il eft indifpenfable qu'en faifant, de fa part, le facrifice des impofitions dont je viens de parler, elle foit dédommagée, par d'autres reffources.

Mais ici, ma plume se refuse, en quelque forte, à l'expreffion de mes idées. Je tremble de prononcer feulement, le mot de droits à percevoir fur les grains. Comment, en effet, défabufera - on, tout un Peuple accoutumé à fufpe&ter les opérations du Gouvernement, même les plus faines, comme autant de piéges tendus à fa crédulité? Comment lui perfuadera-t-on que le préjugé dans lequel il est entretenu, par une habitude de plufieurs fiècles, fur la néceffité de la franchise des grains, eft un préjugé eft un préjugé puérile & défaftrueux ? Comment, fur tout, étouffera-t-on les clameurs de cette fourmillière d'hommes, intéreffés à l'exiftence des impofitions, dont ce changement entraî neroit la fuppreffion, qui n'y appercevront que la chute de leur fafte; & qui ne verroient

« PreviousContinue »