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après un dong délibéré, a rendu un arrêt qui casse celui de Pau; attendu, est-il dit, qu'il s'agit d'un legs pieux et universel pour service religieux, qui ne pouvoit s'exécuter qu'avec l'autorisation de l'évêque diocésain, et que ces sor tes de dispositions ne peuvent s'exécuter qu'avec l'autorisation du gouvernement. Nous rendons compte de ce fait, dont la connoissance peut être de quelque intérêt pour nos lecteurs.

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par

Dans un journal du 11 novembre, on proposoit sans façon de supprimer tous les aumôniers de régimens ; c'étoit, disoit-on, une économie de 500,000 fr. La messe seroit dite par les prêtres des lieux où les régimens se trouvent; dans les hôpitaux, les secours seroient donnés aux militaires malades les aumôniers de ces établissemens. Ainsi, ajoutoit-on, bien portante ou malade, l'armée n'a pas besoin des aumôniers pour faire son salut. De plus, les aumôniers sont un sujet d'inquiétude pour tous les militaires, ce sont des espions qui rendent tous les mois compte au grand aumônier, ils envoient des notes sur le colonel comme sur le tambour. De là des défiances qui nuisent à leur ministère. Enfin les 175 aumôniers des régimens, répandus dans les campagnes, y combleroient un vide affligeant. Tel étoit le plan du Con stitutionnel, plan fort simple, comme on voit, et plein de bienveillance pour les aumôniers comme pour la religion. M. l'abbé Guyon, aumônier du 7o de dragons, en garnison à St-Mihel, y répondit dans une lettre adressée au Constitutionnel, mais que ce journal, avec son impartialité ordinaire, refusa d'insérer. Cette lettre étoit néanmoins aussi mesurée dans la forme que solide pour le fond. M. l'abbé Guyou représentoit que les prêtres des villes ne pourroient remplacer entièrement les aumôniers, soit parce qu'ils ont d'autres occupations, soit parce qu'ils n'ont pas l'habitude des rapports avec le soldat, rapports qui exigent un genre à part; que les enfans de troupes, qui réclament des soins assidus, seroient alors abandonnés; que l'on ne pouvoit espérer qu'ils eussent la même confiance pour des ecclésiastiques qui changeroient avec la garnison; qu'il faudroit donner un traitement aux prêtres des paroisses qui rendroient quelque service aux régimens, ce qui affoibliroit les économies projetées; que, si des paroisses de 600 ames et même au-dessous ont des pasteurs, il n'est pas étonnant qu'on en donne à des

corps

de troupes de 1500 hommes; que sans doute on ne veut pas affranchir de tout culte le militaire français; que les aymôniers ne laissent pas d'opérer quelque bien, chacun suivant sa capacité; que plusieurs sont à la tête d'écoles régimentaires, qu'ils tâchent d'apaiser les querelles et d'étouffer les divisions, qu'ils visitent les malades, et que, par leurs soins, des soldats se sont préservés pendant 6 ans de la contagion des mauvais exemples. M. l'aumônier dément avec force ce qui avoit été dit de l'espionnage de ses confrères; il est faux qu'ils rendent compte de la conduite des militaires, et qu'ils aient des registres où ils notent la vie du colonel comme celle du tambour. M. Guyon déclarait que cette accusation étoit sans fondement, et qu'on n'y trouvoit même pas de prétexte dans les instructions imprimées de M. le grand 、aumônier aux ecclésiastiqués placés dans les différens corps. Vous avez été indignement trompé, disoit en finissant M. l'abbé Guyon, la France l'aura été aussi; la justice doit vous faire un devoir d'insérer notre réclamation. Néanmoins la réclamation a été laissée à l'écart. Il est permis au Constitutionnel de noircir, d'accuser, de diffamer les prêtres; mais insérer leur apologie, même la plus mesurée, mais réparer l'injustice, mais dissiper les soupçons qu'il avoit semés, cela n'entre plus dans son plan, et il n'y a point de place dans ses colonnes pour ces rectifications et ces désaveux..

M. l'abbé Gloriot et M. Caillat, son confrère, ont donné à Nanci les exercices de la retraite sacerdotale. Elle s'ouvrit le 22 octobre. La saison, déjà avancée, a été un obstacle pour un certain nombre d'ecclésiastiques, qui n'ont pu s'y rendre. Néanmoins cent quarante prêtres environ s'y trouvoient réunis. Tous ont été vivement touchés du zèle des missionnaires, et leurs solides instructions ont laissé des impressions profondes. La veille de la clôture, au soir, tout le clergé a vénéré la relique de saint Léon IX, ancien évêque de Toul et souverain pontife. Envoyée à M. l'évêque de Nanci par le saint Père, elle est destinée à enrichir la cha pelie qui s'élève maintenant à Dabo, arrondissement de Sarrebourg, sur la montagne et au lieu même où naquit ce grand pontife. Le dernier jour, on s'est rendu processionnellement à la cathédrale, où M. Gloriot a fait un excellent discours sur le sacerdoce. Au bienfait de cette retraite, les missionnaires ont ajouté celui d'une nouvelle retraite pour

les élèves du grand séminaire, à la rentrée des vacances. M. l'évêque, que des motifs gravès et connus avoient retenu quelque temps à Paris, revint pour la première de ces retraites. Il couchoit au séminaire, assistoit à tous les exercic'ès, et recevoit en particulier, avec une bienveillance paternelle, chacun de ses prêtres, pour s'informer de l'état de leurs paroisses. Il leur a aussi parlé plusieurs fois dans les réunions générales, et tout en leur donnant les conseils de la prudence et de la douceur évangéliques, il a cru de son devoir de les prémunir contre les intrigues d'un parti qui s'agite en tout sens pour semer la division dans les rangs du sacerdoce, et ruiner l'édifice de la foi parmi les peuples. Des Farmes ont coulé lorsque, dans un de ces mouvemens heureux qui appartiennent encore plus à son ame qu'à son talent, il communiquoit à toute cette famille sacerdotale qui l'entouroit les sentimens de foi dont il est si vivement pénétré. Le prélat a aussi signalé, avec le mépris convenable, certaines calomnies absurdes dont il savoit être lui-même l'objet, celle, entr'autres, d'avoir détourné, en faveur de son œuvre du Mont-Valérien, une somme d'argent appartenant au séminaire, tandis que des pièces authentiques démontrent que, dès les commencemens de son épiscopat, depuis plus de quatre ans, cet argent est placé à l'avantage du Séminaire de la manière et la plus légale et la plus sûre. Sans doute tant de preuves, depuis 15 ans, d'un zèle et d'un dévoûment sans bornes, tant de sacrifices en tout genre et une fortune considérable étoient d'assez puissans motifs pour faire apprécier le ridicule de cette inculpation. Aussi M. l'évêque auroit dédaigné probablement d'entrer dans ces expli- cations, s'il ne s'y étoit vu comme forcé par l'acharnement des ennemis de la religion. Une classe d'hommes, dont la haine est pour lui un titre d'honneur, profitoit adroitement, pour surprendre les simples, de ce vif'intérêt qu'il attache à l'établissement du Calvaire de Paris. Ce prélat assurément met une grande importance à cette œuvre, et il saura trouver d'autres ressources que celles dont la malignité l'accusoit d'avoir fait l'emploi. Il a encore présidé à plusieurs exercices. de la retraite de son grand séminaire, et a donné différens avis aux élèves sur le nouveau réglement qu'il vient d'établir. Il a cru devoir faire des changemens dans cette maison, mais non pour les motifs que lui prête le Courrier. Des directeurs

qui en sont sortis, l'un est curé de canton, un autre est chargé d'une paroisse de 2,400 ames; un troisième, jeune prêtre, est vicaire dans une ville, et un quatrième est, pour une année seulement, dans le diocèse de Paris. Ainsi, par l'exposé des faits, sont démenties les faussetés qui remplissent l'article d'un journal toujours empressé à recueillir les bruits les plus absurdes contre les prêtres, et surtout contre les membres de l'épiscopat.

Une note insérée dans le n° 1456 sur l'abbé Beck a étonné les nombreux amis de ce vertueux ecclésiastique; elle suppose qu'il fut membre du congrès d'Ems. C'est une erreur; le signataire des actes d'Ems pour l'électeur de Trèves s'appeloit Joseph-Louis Beck, et cet abbé Beck étoit conseiller intime et official de Trèves, tandis que l'autre Beck portoit les noms de François-Henri. Celui-ci avoit quitté le diocèse de Trèves depuis 1782, pour n'y plus retourner, et à l'époque où furent signés les articles d'Ems, en 1786, il étoit prébendé de la cathédrale de Strasbourg. Enfin toute la vie et les démarches de l'abbé Beck montrent que personne ne pouvoit être plus opposé que lui à l'esprit et aux principes qui présidèrent au congrès d'Ems. François-Henri Beck naquit le 1er mai 1740 à Villé, en Alsace; en 1765, il fut nommé professeur de philosophie au collège royal de Strasbourg, et trois ans après, principal au collège de Metz. En 1772, l'électeur de Trèves, le prince Clément de Saxe, l'attira auprès de lui, en lui faisant un traitement honorable. L'abbé Beck lui fut très-utile, et lui montra son désintéressement en refusant, l'année suivante, une riche cure qui lui étoit offerte, et dont il cût pu toucher les revenus, en y mettant un vicaire. Aussi gagna-t-il toute la confiance' de l'électeur, qui le choisit pour son confesseur, et qui, par ses conseils, renonça à la chasse et aux autres amusemens mondains que se permettoient souvent les princes-évêques d'Allemagne. L'archevêque de Trèves pit même, sous la direction de l'abbé Beck, l'habitude de faire tous les ans une retraite de huit jours. Ce fut par les mêmes conseils qu'il montra de l'opposition pour les plans de Joseph II. La dénonciation du Febronius de Hontheim, qui fut faite en 1775 à l'assemblée du clergé de France et à la Sorbonne, étoit due à l'abbé Beck, qui tint plus tard la plume dans la correspondance de l'électeur avec son suffragant, après l'ap

probation que celui-ci avoit donnée à l'Essai sur la prophetie d'Emmanuel, par Isenbeelh. En 1776, l'abbé Beck fut pommé à un canonicat à Trèves, et deux ans après à un canonicat de la cathédrale d'Augsbourg; mais le chapitre et le conseil aulique de Vienne apportèrent des obstacles à cette dernière nomination, et Joseph JI, qui ne pardonnoit pas à l'abbé Beck son influence sur l'esprit de l'électeur, et la manière dont il en usoit, lui donna l'exclusion. En 1779, l'abbé Beck eut occasion de voir l'archevêque janséniste d'Utrecht, qui lui avoua ses relations avec des membres du clergé de la cour de Vienne. En 1781, l'électeur le nomma conseiller intime et grand-vicaire d'Augsbourg, et Pie VI lui conféra le titre de prélat de sa maison. Chargé par l'électeur d'aller complimenter le pontife à son passage par Augsbourg, l'abbé Beck lui, rendit tous les honneurs dus à sa dignité. Peu après, il fit un voyage en Alsace, et l'on profita de son absence pour le desservir auprès de l'électeur de Trèves. A la fin de 1782, l'électeur lui fit dire de quitter la cour; on lui donnoit le choix ou de rester à Augsbourg comme grand-vicaire, ou de se retirer où il voudroit avec une pension. Le sage ecclésiastique prévit bien qu'il ne pourroit tenir à Augsbourg contre les intrigues d'un parti auquel il déplaisoit par sa fermeté, et il se décida à retourner dans sa patrie. Le 13 décembre 1784, il quitta Coblentz, et vint s'établir à Strasbourg. L'année suivante, l'occasion se présenta de permuter son canonicat de Trèves contre une prébende de la cathédrale de Strasbourg. Au commencement de la révolution, il s'occupa de la translation du grand chapitre à Offenbourg, et continua de desservir sa prébende jusqu'à ce que les biens du chapitre furent donnés au grand-due de Bade. Ge prince lui fit alors une pension, qui, jointe à celle de L'électeur, lui procuroit une existence aisée. L'abbé Beck se retira à Ribeauvillé, près Colmar, où il avoit des parens. Sa conduite exemplaire, sa charité pour les pauvres, sa conversation aussi agréable qu'instructive, lui concilièrent l'estime et l'attachement de tous les gens de bien. Il avoit été lié avec Feller, avec l'abbé Pey, avec les nonces du Pape à Cologne, etc. Il mourut, comme nous l'avons dit, le 13 janvier. 1828, étant dans sa 88° année. C'est sans fondement qu'on l'a cru curé de Mulhausen, il n'avoit point exercé le ministère pastoral; mais son zèle, sa piété et son dévoûment

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