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Juillet 1792.

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«< A ces grands intérêts se joint encore un but égale<<ment important, et qui tient à cœur aux deux souve« rains c'est de faire cesser l'anarchie dans l'intérieur << de la France, d'arrêter les attaques portées au trône « et à l'autel, de rétablir le pouvoir légal, de rendre «< au roi la sûreté et la liberté dont il est privé, et de le <«< mettre en état d'exercer l'autorité légitime qui lui <<< est due.

<< Convaincus que la partie saine de la nation fran<< çaise abhorre les excès d'une faction qui la subjugue, « et que le plus grand nombre des habitants attend « avec impatience le moment du secours pour se dé<< clarer ouvertement contre les entreprises odieuses de «<leurs oppresseurs, sa majesté l'empereur et sa ma

jesté le roi de Prusse les appellent et les invitent à re<< tourner sans délai aux voies de la justice et de la rai« son, de l'ordre et de la paix. C'est dans ces vues que « moi, soussigné, général commandant en chef les deux << armées, déclare :

des

« 1° Qu'entraînées dans la guerre présente par << circonstances irrésistibles, les deux cours alliées ne << se proposent d'autre but que le bonheur de la France, << sans prétendre s'enrichir de ses conquêtes.

<< 2° Qu'elles n'entendent point s'immiscer dans le <«< gouvernement intérieur de la France, mais qu'elles << veulent uniquement délivrer le roi, la reine et la <«< famille royale, de leur captivité, et procurer à sa << majesté Très-Chrétienne la sûreté nécessaire pour

qu'elle puisse faire sans danger, sans obstacle, « les convocations qu'elle jugera à propos, et tra«vailler à assurer le bonheur de ses sujets, suivant

<< ses promesses et autant qu'il dépendra d'elle. Juillet 1792. « 3° Que les armées combinées protégeront les villes, << bourgs et villages, et les personnes et les biens de << tous ceux qui se soumettront au roi, et qu'elles con<«<<courront au rétablissement instantané de l'ordre et << de la police dans toute la France.

«< 4° Que les gardes nationales sont sommées de veil«<ler provisoirement à la tranquillité des villes et des «< campagnes, à la sûreté des personnes et des biens de <«< tous les Français, jusqu'à l'arrivée des troupes de <«<leurs majestés impériale et royale, ou jusqu'à ce << qu'il en soit autrement ordonné, sous peine d'en être personnellement responsables; qu'au contraire ceux « des gardes nationaux qui auront combattu contre les « troupes des deux cours alliées, et qui seront pris les « armes à la main, seront traités en ennemis, et punis «< comme rebelles à leur roi, et comme perturbateurs du << repos public.

«5° Que les généraux, officiers, bas-officiers et sol<< dats des troupes de ligne françaises, sont également « sommés de revenir à leur ancienne fidélité, et de << se soumettre sur-le-champ au roi, leur légitime sou<<< verain.

<< 6° Que les membres des départements, des districts << et des municipalités seront également responsables, <<< sur leur tête et sur leurs biens, de tous les délits, in<«< cendies, assassinats, pillages et voies de fait qu'ils <<< laisseront commettre, ou qu'ils ne se seront pas no<< toirement efforcés d'empêcher dans leur territoire; qu'ils seront également tenus de continuer provisoire<«<ment leurs fonctions, jusqu'à ce que sa majesté Très

Juillet 1792. « Chrétienne, remise en pleine liberté, y ait pourvu «< ultérieurement, ou qu'il en ait été autrement or« donné en son nom dans l'intervalle.

<< 7° Que les habitants des villes, bourgs et villages qui oseront se défendre contre les troupes de leurs « majestés impériale et royale, et tirer sur elles soit en « rase campagne, soit par les fenêtres, portes et ouver« tures de leurs maisons, seront punis sur-le-champ se«lon la rigueur du droit de la guerre, et leurs mai« sons démolies ou brûlées. Tous les habitants, au «< contraire, desdites villes, bourgs et villages, qui s'em<< presseront de se soumettre à leur roi, en ouvrant << leurs portes aux troupes de leurs majestés, seront à <<< l'instant sous leur sauvegarde immédiate; leurs per<< sonnes, leurs biens, leurs effets, seront sous la pro«tection des lois, et il sera pourvu à la sûreté géné<<< rale de tous et de chacun d'eux.

<< 8° La ville de Paris et tous ses habitants, sans dis<< tinction, seront tenus de se soumettre sur-le-champ « et sans délai au roi, de mettre ce prince en pleine et <«< entière liberté, et de lui assurer, ainsi qu'à toutes les << personnes royales, l'inviolabilité et le respect aux« quels le droit de la nature et des gens oblige les sujets envers les souverains; leurs majestés impériale <«<et royale rendant personnellement responsables de « tous les événements, sur leur tête, pour être jugés mi« litairement, sans espoir de pardon, tous les membres « de l'assemblée nationale, du département, du district, « de la municipalité et de la garde nationale de Paris, <«<les juges de paix et tous autres qu'il appartiendra; << déclarant en outre leursdites majestés, sur leur foi

« et parole d'empereur et de roi, que si le château des Août 1792. <«< Tuileries est forcé ou insulté, que s'il est fait la << moindre violence, le moindre outrage à leurs ma

jestés le roi, la reine, et à la famille royale; s'il n'est << pas pourvu immédiatement à leur sûreté, à leur con<<servation et à leur liberté, elles en tireront une ven<< geance exemplaire et à jamais mémorable, en livrant << la ville de Paris à une exécution militaire et à une <«< subversion totale, et les révoltés coupables d'attentats <«< aux supplices qu'ils auront mérités. Leurs majestés <«< impériale et royale promettent, au contraire, aux <«< habitants de la ville de Paris, d'employer leurs bons << offices auprès de sa majesté Très - Chrétienne pour << obtenir le pardon de leurs torts et de leurs erreurs, << et de prendre les mesures les plus rigoureuses pour << assurer leurs personnes et leurs biens, s'ils obéis<< sent promptement et exactement à l'injonction ci<< dessus.

<«< Enfin, leurs majestés, ne pouvant reconnaître << pour lois en France que celles qui émaneront du roi

jouissant d'une liberté parfaite, protestent d'avance << contre l'authenticité de toutes les déclarations qui pourraient être faites au nom de sa majesté Très-Chré<< tienne, tant que sa personne sacrée, celles de la reine << et de toute la famille royale ne seront pas réellement << en sûreté; à l'effet de quoi leurs majestés impériale << et royale invitent et sollicitent sa majesté Très-Chré<< tienne de désigner la ville de son royaume, la plus « voisine de ses frontières, dans laquelle elle jugera à << propos de se retirer avec la reine et sa famille, sous << une bonne et sûre escorte qui lui sera envoyée pour

Août 1792. « cet effet, afin que sa majesté Très-Chrétienne puisse << en toute sûreté appeler auprès d'elle les ministres et <«<les conseillers qu'il lui plaira de désigner, faire <<< telles convocations qui lui paraîtront convenables, <«< pourvoir au rétablissement du bon ordre et régler <«<l'administration de son royaume. »

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« Enfin, je déclare et m'engage encore, en mon << propre et privé nom, et en ma qualité susdite, de <«< faire observer partout aux troupes confiées à mon «< commandement une bonne et exacte discipline; << promettant de traiter avec douceur et modération les << sujets bien intentionnés qui se montreront paisibles << et soumis, et de n'employer la force qu'envers ceux <«< qui se rendront coupables de résistance ou de mau<<<< vaise volonté.

« C'est par ces raisons que je requiers et exhorte <<< tous les habitants du royaume, de la manière la plus « forte et la plus instante, de ne pas s'opposer à la <«<marche et aux opérations des troupes que je com<< mande, mais de leur accorder plutôt partout une «< libre entrée, et toute bonne volonté, aide et assis<< tance que les circonstances pourront exiger. >>

Ce manifeste portait la date du 25 juillet 1792; il était donné au quartier général de Coblentz, et signé des noms du prince Charles-Guillaume-Ferdinand, duc de Brunswick-Lunebourg; de plus, une injonction additionnelle, publiée le 27 juillet, contenait la déclaration suivante : << Si, contre toute attente, par la perfidie ou la lâcheté de quelques habitants de Paris, « le roi, la reine et toute autre personne de la famille « royale étaient enlevées de cette ville, tous les lieux et

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