Page images
PDF
EPUB

explications qu'on a données de cette célèbre maxime que les clefs ont été données à l'Église plutôt qu'à saint Pierre, et qu'il ne les a même reçues que comme figure de l'Église. Il s'agit à présent de les examiner pour choisir celle à laquelle on doit s'arrêter, et peut-être trouverons-nous que le meilleur parti n'est pas de choisir entre ces explications, mais de les réunir toutes, parce que, comme il n'y en a aucune qui ne soit solide et véritable, il n'y en a point non plus qui suffise, si on la sépare des autres, pour développer tout le sens de cette maxime et tout ce que saint Augustin a entendu par là 1. »

Legros reprend chacune de ces interprétations pour la justifier. Mais il se trompe quant à la cinquième. Elle n'a point de fondement. En la réfutant, nous montrerons par quelle autre il faut la remplacer.

La sixième contient le pouvoir précatoire des justes, pouvoir tel, que sans leurs prières, aucune grâce ne tombe du ciel. L'effet même des sacrements leur est dû. C'est ce que Nicole, nommé par Legros, expose fort bien.

Après les passages de Nicole, placer ceux des écrivains qui le nomment, et ensuite ceux des écrivains qui ne le nomment pas.

Remarquer que cette doctrine est professée par des ultramontains (Bellarmin), des partisans de la bulle Unigenitus

1. Du Renversement des libertés de l'Égl. gallicane, t. I, p. 346.

(La Chambre, Pompignan, Languet et Pey), comme par les adversaires (Quesnel, Duguet, Petit-Pied, Maultrot, Mey).

Remarquer que Bellarmin la professait longtemps avant Nicole; que Duguet a rédigé ses Conférences vers 1678 ou 79, et que les Prétendus réformés de Nicole n'ont paru qu'en 1684, et le Traité de l'Église, qu'en 1687.

Remarquer que dans l'Unité de l'Église, page 452, il dit que « c'est une opinion de théologiens habiles qu'il a suivie, et dont il y a très-longtemps qu'il est lui-même persuadé. »> Remarquer qu'on verra Bossuet, saint Thomas et l'École entière enseigner cette opinion.

En défendant le pouvoir précatoire, défendre les droits des laïques. Parler de Richer, qui concentre le don des clefs dans les pasteurs.

Combattre l'opinion de Quesnel, Legros, Maultrot, voulant que les évêques, en général les pasteurs, ne soient que les simples ministres de l'Église, tellement que leurs actes soient nuls sans l'assentiment des laïques. Ils font les laïques dépositaires de la doctrine, et ils ne veulent pas qu'ils puissent en rien l'émettre ceci est réservé aux pasteurs. Ils font les uns et les autres d'un côté trop, et de l'autre trop peu.

:

FIN DU LIVRE PREMIER.

LIVRE II

SACERDOCE INTÉRIEUR, OU SACERDOCE DES JUSTES, OU POUVOIR PRÉCATOIRE'.

CHAPITRE I

AUTORITÉS EN FAVEUR DU POUVOIR PRÉCATOIRE
OU SACERDOCE INTÉRIEUR.

Dans les pouvoirs constitutifs de l'Église, j'ai soutenu que c'est à la prière des saints que le Saint-Esprit produit l'effet des sacrements. Les uns désireraient que les preuves de cette haute et féconde vérité fussent plus développées. Les autres la nient et prétendent que les saints, par leurs supplications, n'obtiennent que la préparation de l'âme à recevoir l'effet sacramentel; que

1. J'ai réuni ces trois expressions de l'auteur : les deux premières se trouvent dans une espèce de table des matières, et la dernière, en tête du morceau. La subdivision en sections et chapitres est de l'auteur, j'ai seulement ajouté les titres qui manquaient. Ici, dans le manuscrit, la pagination recommence; elle recommence encore pour la section du SACERDOCE EXTÉRIEUR. Ces deux sections ne sont point parfaitement liées entre elles, ni l'une et l'autre avec le commencement; on voit trop bier que l'auteur n'a pu mettre la dernière main à son œuvre

ÉD.

saint Augustin, dont j'ai invoqué l'autorité, n'enseigne que cela, non plus que Nicole, qui développe la doctrine de saint Augustin.

Nous allons réfuter ceux-ci, et tâcher de satisfaire les premiers.

Écoutons Nicole : «On peut distinguer deux choses dans le ministère : l'action ministérielle par laquelle un ministre confère la grâce en administrant les sacrements; l'effet de cette action ministérielle, que le SaintEsprit produit dans les âmes.

« L'action ministérielle appartient proprement aux ministres, et le droit ou le pouvoir de l'exercer fait l'essence du ministère; et comme l'effet de la grâce suit toujours l'action ministérielle, le ministre coopère à cet effet, en produisant l'action à laquelle il est attaché.

« Il n'y a que les seuls ministres qui y coopèrent en cette manière. Ainsi il n'y a que les prêtres qui consacrent l'eucharistie, et qui remettent les péchés dans la pénitence. Il n'y a que l'évêque qui ordonne des prêtres et qui donne le Saint- Esprit dans la confirmation.

« Mais quant à la production de l'effet du sacrement, il y a une autre manière d'y coopérer que celle que j'ai nommée ministérielle. C'est de l'obtenir de Dieu par voie de prière et d'impétration efficace fondée sur les mérites de Jésus-Christ. Or ce n'est que cette seconde manière de coopérer à l'effet des sacrements, qui convient au corps des bons, à la société des justes qui

sont dans l'Église, et qui ne convient point aux mé

chants.

«C'est en ce sens que saint Augustin a cru que les clefs ont été données au corps des bons, et non aux seuls pasteurs; et il n'a voulu dire autre chose sinon que lorsque les péchés sont remis ministériellement par les pasteurs de l'Église, l'effet du ministère est obtenu efficacement par les prières de tous les saints qui sont dans l'Église.

<«< Ainsi, selon ce saint docteur, les grâces conférées aux hommes par les sacrements dépendent de deux causes du ministère des pasteurs sans lequel elles ne seraient point données; des prières du corps de l'Église, sans lesquelles elles ne seraient point obtenues.

« Il faut que ces deux causes se joignent. Le ministère appartient aux seuls pasteurs, l'effet du ministère aux justes de l'Église, non par voie de ministère, mais par voie d'impétration. Les ministres et les justes remettent donc les péchés, mais en différentes manières. Les ministres les remettent par une autorité ministérielle. Les justes les remettent par des prières efficaces qui obtiennent la grâce, qui n'est néanmoins conférée que par les ministres de l'Église.

« Si les justes sont du nombre de ces ministres, ils y coopèrent en l'une et en l'autre manière, c'est-àdire par l'autorité ministérielle et par voie d'impétration. »

« PreviousContinue »