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que de fa nation qui leur avoit échappé à l'aide de quelques pêcheurs qui l'avoient prife à la remorque "

ANGLETERRE.

De LONDRES, le 30 Juin.

Nos nouvelles de l'Amérique feptentrionale fe réduisent à celles apportées par un bâtiment arrivé dernièrement de Philadelphie; tout étoit tranquille à fon départ; les déprédations & les excès commis par des troupes de Sauvages fur les frontières de la Virginie, avoient été heureufement réprimés par un détachement de milice, qui fous les ordres du Colonel Geft, les a attaqués & les a détruits & difperfés. Ces barbares paroiffoient être conduits par quelques Emiffaires du Gouverneur de Québec & par des Américains; dans le nombre des prifonniers qu'il a faits, fe font trouvés le Capitaine Munro & un certain M, Fergufon du Canada, qui ont été conduits & pendus fur-le champ à Buffalo Town: on efpère que cet avantage dégoûtera pour long-tems les Sauvages de ces incurfions; & que fur-tout le fort des deux perfonnes qu'on vient de punir, refroidira l'acharnement de leurs inftigateurs qui du moins craindront de fe mettre à leur tête.

L'efcadre de l'Ainical Hood dont l'approche a été annoncée par le Pigmée de 16 canons, eft arrivée partie à Plymouth, partie à Portsmouth; le Bafleur à bord du

quel fe trouve le Prince William Henri; eft entré dans ce dernier port, où dès le 26, plufieurs Officiers de marire s'étoient rendus pour recevoir ce Prince qui eft arrivé le 27. Le Pigmée avoit quitté la Jamaïque au commencement de Mai, & à fon départ le vaiffeau l'Ulyffe fe difpefoit à mettre à la voile le 10 du même mois avec le refte de la flotte tout étoit alors tranquille dans cette ifle.

Les lettres de l'Inde que le Substitut a apportées n'ont été diftribuées que depuis quelques jours. Parmi les détails qu'elles contiennent on en trouve quelques-uns de nouveaux fur l'ouragan qui torça Sir Edouard Hughes à s'éloigner de Madrafs.

On lit entre autres ceux ci dans une lettre datée de Bombay le 9 Janvier à bord du Monarque.

»Je vous ai écrit par le Myrthe parti de Madrafs en Octobre tout ce qui s'étoit paflé depuis la lettre que je vous avois adreffée en Juin; j'ajouterai ici le peu de détails poftérieurs à cette époue que je puis vous donner. Nous avons été challés de Madras par l'ouragan le plus affreux qu'on ait jamais vu. Toutes nos chalupes étoient au rivage occupées à embarquer de l'eau & des provifions; la plupart font reftées en arriere & il y en a fort peu qui aient pu fuivre leurs vaiffeaux; notre cutter a été englouti avec s hommes. En 3 ou 4 jours nous avons été féparés du refle de l'efcadre, & jufqu'au 21 nous n'avons vu qu'un vaiffeau de la Compagnie. Cependant malgré le gros tems, & les dommages que nous avons foufferts, rous avons eu le bonheur de prendre un bâtiment Hollandois & de le conduire ici; la prife eft arrivée heureufement; on l'évalue à

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40,000. ft. fans le bâtiment. Comme nous étions Teuls aucun vaiffeau n'a droit de partager avec nous, & il nous appartient uniquement, fauf le droit de Commandant de fir Edouard Hughes. Nous avons vu arriver le refte de l'efcadre; plufieurs vaiffeaux font en très mauvais état, entr'autres le Superbe, l'Aigle & le Burford; les vaiffeaux de Sir Richard Bickerton ont peu fouffert parce qu'ils font doublés en cuivre. Heureufement nous trouvons ici de quoi nous réparer. La plupart des équipages étoient malades; mais ils fe rétabliffent infenfiblement à terre. L'intention de l'Amiral eft de remettre en mer au mois de Mars pour chercher l'ennemi; il n'eft plus à Trinquemale; un navire de la Compagnie qui a paffé devant la baie en venant ici n'y a apperçu aucun vaisseau «,

Le Vice-Amiral Campbell, fe difpofe à partir pour Terre-Neuve avec les vaiffeaux fuivans; le Salisbury de so canons, l'Hébé de 36, le Profelyte & l'Eole de 32, le Merlin de 20, le Thorn, le Marquis de Seignelay, & l'Echo de 16 & le Lion de 10. Cette petite efcadre eft prête à mettre à la voile & n'attend pour cela que fes derniers ordres.

La féance du Parlement du 24 de ce mois eft faite pour fixer la curiofité, & nous entrerons dans quelques détails.

Le 24 Juin, le Lord Cavendish, après avoir rendu compre à la Chambre des Communes de la Stuation fâcheufe des Loyalistes & des droits qu'ils ont à la protection du Gouvernement, termina fon difcours par la motion » d'un bill pour nommer » des Commiffaires chargés de prendre des infor»mations fur la pofition des perfonnes dont la » guerre d'Amérique a détruit ou diminué la for

tune. Après quelques éclairciffemens demandés & donnés à ce fujet, M. Balker fit les obfervations fuivantes. » Il eft naturel, dit-il, que la GrandeBretagne donne aux Loyalistes tous les fecours qui fout en fon pouvoir, & qu'ils font fondés à réclamer; mais tout cela tient en grande partie au Traité provifionnel. Ils y étoient recommandés au Congrès ; & je crains fort qu'un bill ne foit pour eux un avis qu'ils ne doivent point s'adreffer à cette Affemblée, ou que dans le cas qu'ils prendroient ce parti, le Congrès les renverra au Gouvernement Britannique. Selon moi, ceux qui ne font pas fpécialement exclus par le Traité provifionnel, comme étant Sujets Britanniques dans les lignes & portant les armes, doivent d'abord s'adreffer au Congrès. M. Fox répondit que l'objet de la motion actuelle n'étoit point de donner des fecours, mais d'établir une Information, & qu'il falloit que le Gouvernement fût inftruit pour faire, avec connoiffance de caufe, les démarches qu'il projette; qu'il ne pouvoit fe difpenfer d'être informé des droits de chacun des réclamans avant de demander pour eux juftice au Congrès. Le moyen adopté dans le bill eft le plus propre que l'on puiffe employer pour feconder les vues des Miniftres du Rei; mais en même-tems il ne faut point donner lieu de croire que par cette démarche la Grande-Bretagne s'engage & s'oblige à venir au fecours de tous ceux qui pourront en folliciter. Le bill n queftion doit, au contraire, encourager une infinité de perfonnes à s'adreffer au Congrès pour demander l'extenfion du se article du Traité provifionnel, car je ferois très - fâché d'apprendre que la Grande-Bretagne eût le moindre doute de l'intention où eft le Congrès de remplir fes engagemens «. Après quelques difcuffions, la motion pafla.

Le même jour, la Chambre s'étant formée en Comité pour prendre en confidération le Meffage du Roi, le Lord John Cavendish dit que le Comité devoit

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être pénétré de reconnoillance pour les fentimens généreux de S. M., qui s'étoit déterminée à pourvoir à l'établitlement du Prince de Galles, fans demander pour cet effet à fon peuple une augmentation de la lifte civile ; que S. M. avoit pris la refolution de fe charger de toute la dépenfe annuelle, & d'accorder au Prince 50,000 livres par an; mais qu'on ne devoit pas: ignorer l'état de la lifte civile; que so,000 liv. environ avoient été deftinées pour payer des dettes, ce qui, pendant fix années, la réduirait à 850,000 livres par an ; & que les 50,000 livres que le Roi donneroit annuellement au Prince diminueroient tellement les revenus de S. M., qu'ils ne fuffiroient pas pour payer les charges qui y font affectées; que dans cette fituation,il n'étoit pas furprenant que S. M. demandât à fes fidèles Communes un fecours paffager pour les premières miles de l'établissement du Prince ; que S. M. étoit perfuadée que tout Membre de la Chambre feroit flatté de voir la Famille Royale établie convenablement & décemment; que l'appartement du Prince n'avoit pas été habité depuis long tems, qu'il y manquoit mille chofes pour le rendre legeable; que le Prince étoit encore jeune, & que par conféquent on ne devoit pas s'attendre à une grande économie de fa part.....Le Lord Jonh Cavendish termina fon difcours en propofanc qu'il fût accordé une fomme de 60,000 livres à S. M. pour les frais de l'établiffement du Prince de Galles. Dans tous les débats qui eurent lieu à cette occafion, on n'objecta rien contre la propofition, mais il y eut de vives attaques contre le Lord North, qui ne fe juftifia de la promeffe qu'on lui reprochoit d'avoir fait autrefois à la Chambre de ne rien demander à la nation pour l'établissement du Pince de Galles, qu'en niant formellement d'avoir pris un pareil engagement, & en déclarant qu'il avoit feulement entendu dire que le Roi fourniroit à l'entretien & à l'éducation de fon fils, qui

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