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du tambour, & que quatre hommes avoient de la peine à contenir; il faut diftinguer furtout Chriftine Walerine, femme Clinger, qui avoit eu un accès de trente jours, pendant lequel elle étoit reftée dans la plus parfaite immobilité, fans manger ni boire.

M. Ledru a guéri tous les malades qu'il a entrepris, après un traitement plus ou moins long; & il n'a voulu publier fes fuccès qu'après un laps de temps affez considérable, pour laiffer moins de doutes fur leur parfaite guérifon. Ses procedés ont été examinés par la Faculté avec l'attention la plus fcrupuleufe; & d'après leur atteftation, on peut regarder cette découverte comme un des plus fignalés bienfaits que le génie ait répandus fur l'humanité. L'hiftoire de cette découverte eft revêtue des circonftances les plus honorables. Un Prince cher à la Nation, Mgr. le Duc d'Orléans, en a parlé le premier; un célèbre Miniftre, M. le Comte de Vergennes, l'a favorifée; un Magiftrat bienfaifant, M. le Noir, y a pris le plus grand intérêt; & des perfonnes des plus diftinguées par le rang & la naiffance ont aflifté au trai

tement.

M. Ledru donne, dans l'Écrit que nous annonçons, l'hiftorique des maladies qu'il a traitées, & il cite le nom des malades quand il lui eft permis de le faire. L'électricité n'expofe à aucun danger , pourvu néanmoins qu'elle foit adminiftrée avec les précautions néceffaires; car elle peut faire mourir, fi la

commotion eft portée fur tels endroits du corps humain, obfervés par MM. Ledru père & fils. Ils font fi sûrs des endroits où l'on peut la porter fans aucun danger, qu'ils fe foumettent eux-mêmes au traitement qu'ils font fubir aux malades.

Il résulte de leurs expériences, que l'adminiftration de l'electricité rend les accès d'épilepfie plus fréquens, enfuite plus rares, & qu'elle les fait enfin ceffer tout à fait; qu'employée dans le temps de l'accès, elle le tempère, & en abrège confidérablement la durée; que les accès par la continuation du traitement s'affoibliffent au point de fe convertir en fimples reffentimens ; qu'elle favorife toutes les fecrétions, & même les excrétions, & fait naître ou tétablit les évacuations périodiques des femmes; qu'elle réveille, ranime & fortifie le mouvement mufculaire; & qu'enfin elle n'attaque point la poitrine, & ne produit aucun des accidens qu'on avoit craints.

SPECTACLES.

COMÉDIE FRANÇOISE. LE Mercredi 9' Juillet, on a remis la Fille ༡ Suppofée, ou le Mariage Interrompu, Comédie en trois Actes & en vers, par M. de Cailhava.

Une jeune Veuve qui plaide avec son beaupère, eft venue loger, fans le favoir, dans la maison du père d'un jeune homme qu'elle eft fur le point d'époufer. Le vieillard revient du voyage qui a cause son abfence. On eft oblige d'avoir recours à une rufe. Le bonhomme attend de Bordeaux une fille qu'il n'a pas vûe depuis l'âge de trois ans ; on lui fait croire que la Veuve eft cette fille. Cependant celle-ci fe reproche de tromper la fenfibilité, & d'abufer de la bonne foi du vieillard. On eft donc obligé de lui tout découvrir. Comme fon avarice eft extrême, il trouve très mauvais que fon fils aime une Veuve fans fortune. Diverfes raifons interrompent ainsi le mariage des deux amans, jufqu'à l'inftant où le beau-père de la Veuve confent à terminer le procès, & à lui donner cent mille écus.

Cet Ouvrage a été donné, pour la première fois, le 10 Avril 1769. Il fut trèsbien accueilli à la première représentation; mais dans le cours des cinq qui la fuivirent, il fut très peu fuivi. Une indifpofition du célèbre Préville empêcha de donner la feptième, qui avoit été annoncée. Depuis ce temps la Pièce n'avoit pas reparu. Le fonds eft tiré d'une Comédie de Plaute. M. de Cail hava a fu accommoder à nos mœurs les fituations qu'il a prifes dans le Poëte Latin. On lui a reproché, avec raison, d'avoir multiplié, fans une grande néceffité, les rufes du Valet qui fait marcher l'intrigue, parce

le dénouement eft tout à fait étranger à la dernière rufe que ce Valet met en œuvre. On eft d'autant plus en droit de lui faire ce reproche, que dans le Tuteur Dupé, M. de Cailhava a lu vaincre une difficulté les que Auteurs Comiques ont rarement vaincue; celle d'expofer, nouer & dénouer, toujours par le ministère du même perfonnage. Cette remife a eu du fuccès, & peut, en quelque façon, dédommager l'Auteur d'avoir foupiré pendant quatorze ans après la reptile de fa Comédie.

COMÉDIE ITALIENNE.

LE Samedi 28 Juin, M. Chenard a débuté dans l'emploi des Baffes-tailles, par le rôle de Jacques, dans les Trois Fermiers, &c.

Nous avons rendu compte, dans le tems, du Début que M. Chenard a fait à l'Acadé mie Royale de Mufique. S'il y a du rapport entre plufieurs des moyens qu'un Acteur doit employer pour obtenir des fuccès, tant fur le Theatre de l'Opéra que fur celui de la Comédie Italienne, il y a auffi une différence très marquée entre quelques autres: en conféquence nous allons ajouter quelques détails à ceux que nous avons dejà imprimés en parlant de M. Chenard, Ce Comédien nous paroît beaucoup mieux placé dans POpéra Comique que dans le grand Opéra. Sa figure, l'expreffion de fa phyfionomie, le genre de fa voix, la nature de fon jeu con

viennent bien davantage à la Comédie qu'au Drame noble. Il a de la gaîté, de l'aifance, peut être un peu de monotonie dans le gefte; mais fon jeu eft animé & guidé par une af fez belle intelligence pour que l'on puille efpérer qu'il en fera difparoître les défauts qui le déparent. Le feul que nous croyons devoir lui reprocher publiquement, c'est l'habitude qu'il paroît avoir contractée de courir la Scène à grands pas, & de laiffer aini fon interlocuteur dans une impoffibilité souvent abfolue de lui adreffer ce qu'il doit lui dire. Il en résulte que la repréfentation y perd de la vérité, le Spectateur de l'illution, & l'Acteur des applaudiffemens. Nous l'inviterons auffi à modérer les éclats qu'il donne fouvent à fa voix quand il la porte dans les fons aigus. Ce paffage brufque & imprévu, ces tranfitions dures frappent défagréablement l'oreille, & alarment la fufceptibilité des gens de goût. D'ailleurs, on ne fauroit trop le redire, jamais l'expreffion ne fe trouvera dans les cris: ou fi elle s'y trouve quelquefois ; ce ne fera que dans des fituations violentes, rarement admiffi bles fur le Théâtre de la Comédie Italienne, fur tout dans l'Opéra-Comique. Au refte, nous croyons que M. Chenard peut être fort utile à ce Spectacle, & devenir très-agréable au Public.

LE Lundi 30 du même mois, on a donné Ja première repréfentation de Bleife & Babet, Comédie en deux Actes & en profe

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