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toujours plus d'ensemble; que l'objection que la difcipline étoit plus difficile à obtenir dans des corps nombreux, tomboit par la féparation des régimens, propofée en trois divifions de deux efcadrons, chaque divifion commandée par un lieutenant-colonel; que cette formation, en réduifant à 32 le nombre des régimens de troupes à cheval, diminueroit celui des états-majors, éteindroit l'efpèce de rivalité que la différence des formations établit dans les troupes à cheval, & le dégoût qui en réfuite dans celle des armes, qui fe croit l'infériorité fous quelques rapports. Enfin, il a penfé que. fi on attachoit d'une manière particulière un maréchalde-camp à chacun de ces régimens, au lieu d'employer les généraux feulement auprès des troupes, tels qu'ils le font aujourd'hui, & que le Miniftre le propofe; il a penfé, dis-je, qu'il en réfulteroit des avantages confidérables. Mais à toutes les raifons qui militent en faveur de cette formation, s'eft jointe une confidération de circonftances de la plus haute importance, & qui lui paroît devoir décider entièrement la queftion. C'eft que le doublement n'opère aucune féparation, que les trois efcadrons d'un régiment font réunis aux trois efcadrons d'un autre; au lieu que dans le plan du Miniftre, les trois cfcadrons d'un régiment incorporé font difperfés dans trois régimens différens ; qu'il fépare ainfi des hommes accoutumés à vivre, à fervir enfemble, & qu'il opère un déchirement dangereux dans tous les tems, mais particulièrement dans les circonftances préfentes. Cetre formation de 6 efcadrons, qui n'eft autre que la réunion des brigades formées par le confeil de la guerre, & qui, dans le premier moment, au milieu de beaucoup de partifans trouvoit cependant quelques contra- › dicteurs, a, dans un comité nombreux d'officiers-généraux & particuliers, réuni tous les fuffrages & obtenu un affentiment général. Parmi les différentes objections que l'on avoit d'abord préfentées, une des plus

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importantes étoit la difficulté des établifemers votre comité a penfé que cette confidération ne pou voit nullement s'oppofer à une formation qui offroit d'auffi grands avantages. Il a penfé qu'il étoit important de rendre les établiffemens des troupes à cheval d'une utilité publique; que leur féjour dans les villes, où les denrées font toujours plus chères, augmenté les dépenfes, & qu'elles établiffent une hauffe dans le prik des denrées, défavantageufe aux citoyens; il croit donc qu'il fuffiroit de conferver, dans l'étendue du royaume”, huit à dix établiffemens dans les grandes villes, telles que Metz, Strasbourg, Valenciennes, Lille, Befançon, &c. où les établiffemens font en partie formés, & où ils pourroient être facilement perfectionnés, & que le refte des troupes à cheval devroit être réparti dans l'intérieur des provinces, pour confommer les denrées fur le fol productif, & répandré la fécondité par fes engrais. Avant de vous propofer de décréter le nombre d'hom les fommes nécellaires aux dépenfes des troupes à cheval, je dois vous faire connoître, Meffieurs, que Votre comité, occupé de reftreindre la dépenfe, autant qu'il eft poffible, a penfé qu'il pourroit être envoyé en congé pendant neuf mois de l'année, alternativement un quart des hommes de troupes à cheval, nombre à peu-près équivalent à celui des femeftres, & des petits congés accordés jufqu'à ce moment; que ces hommes pourroient être réduits à la demi-folde, & qu'il ne feroit fait fonds pour les maffes de boulangerie, de bois & de lumières, que pour le tems de leur préfence: les autres maffes devant toujours refter complètes. L'économie qui réfulteroit de ces congés de neuf mois, ferviroir à payer 7,292 auxiliaires, proportion environ du quart dont je vous ai représenté l'augmentation nécelfaire en cas de guerre.

mes,

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Votre comité vous propofe d'adopter le plan du Miniftre, quant au nombre d'hommes, à celui des che

chevaux, au nombre & à la formation des efcadrons & des compagnies; il diffère feulement dans le nombre des régimens que le Miniftre porte à 42, & que votre comité voudroit réduire à 32 ce qui fupprimera dix colonels, dix quartiers-maîtres, & quelques hommes d'état-major, & diminueroit la dépenfe de 545,084 I. Il vous propofe auffi, lorfqu'il vous foumettra les dépenfes de l'état-major-général de l'armée, d'employer un maréchal-de-camp, comme général, à chaque régiment, au lieu de l'employer feulement auprès des troupes.

No. VII.

ARTILLERI E.

Le n°, 7. du plan du Miniftre de la Guerre préfente le tableau de l'organisation qu'il propose de donner à l'artillerie.

Avant de yous faire connoître les différences qui exiftent entre ce plan & l'organisation actuelle, il eft important de vous rappeler, Meffieurs, que cette organifation eft l'ouvrage de M. Gribeauval qui a joui dans toute l'Europe d'une fi grande réputation militaire, & qui, par fes talens fupérieurs dans cette partie, eft devenu une autorité fi impofante, que des avantages démontrés pourroient feuls décider à apporter des changemens à son sys

tême.

M. de Gribeauval a pris pour bafes de cette conftitution la nature du fervice de l'artillerie en paix & en Guerre. En paix, pour l'inftruction des Soldats & des Officiers. En guerre, pour l'action de cette arme devenue fi importante dans les Armées modernes. Il a fernblé à votre Comité militaire que le fyftême de Guerre étant le même, aucun motif ne demandoit qu'il fût apporté de changement dans l'ouvrage de M. de Gribeauval.

Nous ne détaillerons pas dans ce rapport général toutes les obfervations que font naître les changemens faits

par le Miniftre dans le Corps de l'Artillerie. Ces obfervations vous feront préfentées, avec l'étendue qu'elles exi gent, dans un Rapport particulier : aujourd'hui nous dirons feulement que le plan du Miniftre ne conferve dela Conftitution établie par M. de Gribeauval qu'une feule difpofition, celle d'avoir fept Régimens d'Artillerie, chacun de vingt compagnies à 54 hommes tant Sous-Officiers que Caporaux & Canonniers.

En effet, cela excepté, la compofition des Officiers de l'Etat - Major & des Compagnies diffère abfolument dans ces deux formations.

Dans le fyfteme de M. de Gribeauval, obfervé jufqu'à ce moment, l'Etat-Major eft compofé d'un Colonel, un Lieutenant-Colonel, un Major & cinq chefs de Brigades, pour qu'il fe trouve un Officier fupérieur à la tête. de chaque divifion d'un Régiment. Le plan du Miniftre réduit à cinq les fept Officiers de l'Etat-Major, ce qui defordonne le principe fage & utile de M. de Gri-. beauval. Chaque compagnie eft commandée en ce moment par un Capitaine & trois Lieutenans. Le plan du Miniftre y réforme un Lieutenant; mais pour avoir encore quatre Officiers par compagnie, il y place un Capitaine en fecond. Il exifte dans l'ordre actuel 84 Capitaines en fecond, mais ils font tous attachés pour leur inftruction aux divers établiffemens où fe fabriquent les armes & toutes les machines de Guerre,& fuccèdent, fuivant leur ancienneté, au commandement des compagnies; & comme le nombre des compagnies dans les Régimens eft de cent quarante, & que le Miniftre propofe d'attacher à chacune un Capitaine en fecond, il faudra donc porter à cent quarante les quatre-vingt-quatre Capitaines en fecond qui exiftent en ce moment, c'eft-à-dire, augmenter de cinquante-fix les individus de ce grade. Nous vous obferverons que cet arrangement eft défavorable à l'inf titution de M. de Gribeauval.

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Pour employer ainsi les Capitaines en second, quels

font les Lieutenans que réforme le plan du Miniftre?. & combien y en aura-t-il de réformés? Ces Lieutenans, Meffieurs, ce font ceux qui ne font parvenus à ce grade qu'après de longs & utiles fervices en qualité de Canonniers & de fous-Officiers, & le nombre des réformes feroit felon ce plan de cent douze; réforme in-, jufte qui éteindroit le principe d'émulation qu'on a voulu établir dans un fervice pénible, & qui priveroit ces eftimables, militaires du prix de leurs travaux; réforme impolitique qui les réduiroit peut-être à la néceffité de fervir chez des Puiffances étrangères jaloufes de notre Corps d'Artillerie, & qui manquant de ces talens précieux, y mettroient le plus haut prix, & feroient fervir contre la France une pratique éclairée, une éducation militaire qui a coûté beaucoup à la Nation. Nous avons penfé, Meffieurs,) qu'il fuffifoit de vous foumettre ces réflexions, pour vous, faire rejetter fur-le-champ une mefure auffi fâcheufe pour des hommes qui méritent autant d'intérêt que les Lieute, nans en troisième de l'Artillerie.

Le nombre des Infpecteurs-Généraux de l'Artillerie eft de dix. Le plan du Miniftre les réduit à 6, & comme cette réduction rend impoffible le fervice de ces OfficiersGénéraux, qui étoit déja très-difficile, vu leur âge avancé & vu l'étendue de leurs fonctions, puifqu'ils doivent infpecter annuellement les troupes de l'Artillerie, toutes les places de Guerre & les établiffemens relatifs à ce fervice. Le Miniftre, pour les fuppléer, porte jufqu'à douze los Commandans d'école qui, ne font que fept. Ce qui fair un Officier-Général de plus dans les deux premiers grades réunis. Le double emploi pour les mêmes fonctions feroit un des moindres inconvéniens de ces changemens.

Il fe trouve aujourd'hui deux directions pour l'Artillerie de toutes les places du Royaume, celle de Corfe comptife, Le Miniftre en réduit le nombre à feize; mais indépendamment de la trop grande étendue que cette ré : duction donneroit à la furveillance de chaque directeur, il en eft réfulté, dans le plan du Miniftre, la néceffité

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