de raisonnement; &, pour le rendre fenfible, on expose dans le dernier chapitre les fauffes manières de raifonner en matière de légiflation. Nous ofons dire, après une attention férieuse donnée à cet ouvrage, que le livre de M. Bentham mérite de faire difparoître autant de traités de légiflation, que le livre de Locke en a fait difparoître de métaphyfiques.

Le fecond eft une vue complète d'un corps de droit; il préfente une divifion de toute la fcience législative, une claffification de délits, une nomenclature des droits, des obligations, des fervices, des contrats; une nouvelle décompofition des pouvoirs politiques; un arrangement de toutes les matières dans les codes particuliers qui composent le code universel. C'eft, pour ainfi dire, la mappemonde de la loi. Mais ce qui mérite, fur-tout aujourd'hui, la plus grande at tention, c'eft un plan de code civil qui préfente une diftribution auffi fimple que complète.

Le troisième eft un traité des principes du code civil. Tout y eft rapporté à des idées claires, tout y eft foumis au principe de l'utilité. La propriété, les fervices, les contrats, les titres, les droits & les obligations des états privés, la tutelle, la paternité, le mariage, tout eft déduit de raifons fimples & fenfibles fondées fur l'expé❤ rience commune. L'auteur a excluto utes les fictions dont les juriftes ont fait un fi grand abus

Le quatrième est un traité des principes du code pénal. Beccaria avoit laiffé peu à faire pour combattre les erreurs; mais il avoit établi un trop petit nombre de vérités. L'auteur a pris la fcience au point où ce philofophe l'avoit laiffée. C'est ici furtout qu'il a développé toutes les reffources de fon génie fort & pénétrant. Ce ne font pas des traits lumineux, c'eft un corps de lumière.

Le cinquième renferme un projet de prifon, -d'après un nouveau principe, celui de l'infpection centrale la première partie développe le plan de conftruction de cette prifon; la feconde renferme -des détails d'adminiftration qui peuvent s'appliquer à toutes les maifons de force. Cet établiffement a été ordonné en Angleterre par un bill du parlement; mais il n'eft pas encore mis à

exécution.

Le fixième eft un effai fur la manière de promulguer les lois, & les raifons des lois. L'auteur, dans fon code pénal, a constamment accompagné les lois d'un commentaire raifonné, où toutes les difpofitions font juftifiées en exposant clairement Je fervice rendu par la loi aux parties intéreffées, ou au public en général. Pour mieux faire entendre cette méthode, on préfente ici un des titres du code pénal, avec ce commentaire raifonné. C'est une idée nouvelle, qui mérite une attention particulière.

Le feptième est une differtation fur les circonf

rances de temps & de lieu à confidérer dans la transplantation des lois d'un pays dans un autre. Les chapitres fur les égards dus aux inflitutions exiftantes, fur les maximes à fuivre dans cette tranfplantation, fuffiroient feuls pour montrer com bien l'auteur doit être diftingué de tous ces ef prits fpéculatifs qui ne confidèrent que les avantages abftraits d'une loi, fans faire attention aux difpofitions locales, aux préjugés, aux habitudes, aux opinions d'un peuple. C'eft l'art d'opérer, ce grand art du légiflateur, dont on a beaucoup parlé, mais fur lequel on a jufqu'ici répandu très-peu de lumières.

Tel eft l'enfemble de ce grand ouvrage. Il n'appartient qu'au temps de lui affigner sa véritable place, & d'en faire recueillir tous les fruits. Mais à une époque où tant de peuples en Europe font occupés à modifier le systême de leurs lois nous pensons que la publication d'un tel livre fera regardée comme un bienfait pour l'humanité.

MOYENS de perfectionner le jury, par N. F. CANARD ancien profeffeur de mathématiques

à Moulins. Ouvrage couronné par l'Institut national dans fa féance publique du 15 Germinal an 10. Moulins, chez Vidalain, imprimeurlibraire; & fe vend à Paris, chez Delalain fils, libraire, quai des Auguftins, & Rondonneau, place du Carouffel. Lyon, chez Tour

nachon Moplin, grande-rue- Mercière. Un volume in-12.

L'AUTBUR

'AUTEUR Confidère le jury dans le but direct que doit fe propofer cette inftitution & dans les moyens d'atteindre ce but. L'impunité reproduit le crime, il eft donc néceffaire de le réprimer. De cette néceffité dérive celle d'acquérir la certitude du crime pour le punir & d'en arrêter les défordres. Mais cette certitude ne peut pas être fondée fur l'évidence, car l'évidence proprement dite, n'eft pas de la na ture des faits moraux. Il faut fe contenter de probabilités elles feules forment la certitude morale. Cependant comme il s'agit de la vie & de l'honneur des hommes, on ne doit pas s'arrêter à des degrés de probabilité infuffifans.

Quelle eft donc la certitude morale néceffaire pour abfoudre ou condamner? Quels font les moyens d'arriver à cette certitude? Ces deux queftions renferment le principe de l'inftitution du jury & la fcience des jurés.

La fcience des jurés n'eft que la connoiffance de l'homme en fociété. Cette connoiffance appartient à tous les hommes; l'intérêt perfonnel y conduit néceffairement & l'expérience rectifie fans ceffe les erreurs qu'on y commet. Elle eft plus ou moins parfaite dans chaque individu, felon qu'il a plus ou moins de fagacité & d'expérience. Tout homme peut donc être juré, mais plus ou moins bon juré. Il y a quelques motifs d'exclufion que l'auteur indique.

Dans le plan du C. Canard, la théorie de la certitude morale ou de la probabilité étoit la base qu'il falloit commencer à établir. C'eft auffi l'objet de la première partie de fon mémoire. Voici en peu de mots le précis de cette théorie: la certitude morale fe compofe d'une infinité de probabilités, comme on dit en géométrie, qu'un folide eft compofé d'une infinité de cu

bes élémentaires infiniment petits. Tout fait probable renferme des probabilités contraires. Il n'y a que la certitude abfolue, mathématique, qui réuniffe toutes les probabilités, parce qu'elle contient l'impoffibilité que la chofe foit autrement. Ainfi dans l'ordre moral un fait n'eft mo