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divife en plufieurs petits morceaux. Il en diftribue une partie aux affiftans; le refte eft mis dans le cercueil avec le corps. Après toutes ces cérémonies, le défunt eft porté au lieu de la fépulture. A la tête du convoi, marche une troupe de jeunes gens qui ne ceffent de tirer des coups de fufil, jufqu'à ce que le corps foit enterré. Parmi ceux qui affiftent aux Funérailles, on remarque que les uns pleurent & fe lamentent, felon l'ufage, tandis que les autres s'entretiennent enfemble, & font de grands éclats de rire. L'enterrement fini, quelques-uns fe retirent dans leurs maisons : la plupart retournent chez le mort, où ils paffent plufieurs jours dans la joie & dans les feftins.

Funérailles des Hottentots.

LORSQU'UN Hottentot eft fur le point d'expirer, ses parens & fes amis s'affemblent autour de lui, frappent des pieds & des mains, comme des furieux, & pouffent des hurlemens affreux. Dès que la nouvelle de fa mort eft répandue dans le village, les hommes & les femmes accourent devant fa hutte, & forment deux bandes dont chacune eft accroupie en rond. Ils jettent des cris lamentables, & répetent fouvent le mot bo, bo, qui fignifient pere, pere. On enveloppe le corps du défunt avec la peau qui lui fervoit d'habillement. Ceux que les parens ont choifis pour le porter le prennent entre leurs bras, & l'enlevent hors de la hutte, non pas par la porte, mais par une ouverture qu'on y pratique, en levant les nattes dont elle eft couverte. Alors les hommes & les femmes, accroupis devant la hutte, fe levent, & fuivent le convoi, toujours féparés en deux bandes, & répétant fans ceffe, le long du chemin, bo, bo. La caverne d'une bête fauvage eft ordinairement le tombeau dans lequel on dépofe le mort. On bouche enfuite le trou avec du terreau de fourmiliere; & l'on jette encore par-deffus des pierres & du bois. Après les obfeques, les affiftans reviennent à la porte de la hutte du défunt, & y renouvellent leurs lamentations & leurs bo, bo, qu'ils accompagnent de plufieurs fauts & de contorfions ridicules. Après avoir ainfi hurlé pendant l'efpace d'une heure, chacun garde un profond filence. Alors deux vieillards, unis au défunt par le fang ou par l'amitié, fe levent, & paffent l'un dans le cercle des hommes l'autre dans celui des femmes ; & chacun arrose de fon urine ceux qui l'environnent. Après cette afperfion, ils entrent dans la hutte du mort; prennent au foyer chacun une poignée de cendres; & fortant par l'ouverture qu'on a pratiquée pour tranfporter le cadavre, ils répandent fur la tête des affiftans les cendres qu'ils tiennent en main; fans doute pour les faire fouvenir que la mort doir un jour les réduire en poudre. Cette cérémonie étant achevée, chacun fe leve & fe retire.

Funérailles des fauvages d'Amérique.

PARMI les peuples d'Amérique, fitôt qu'un malade a rendu les derniers

foupirs, tout retentit de gémiffemens; & cela dure autant que la famille eft en état de fournir à la dépenfe; car il faut tenir table ouverte pendant tout ce temps-là. Le cadavre paré de fa plus belle robe, le vifage peint, fes armes & tout ce qu'il poffédoit à côté de lui, eft exposé à la porte de la cabane, dans la pofture qu'il doit avoir dans le tombeau; & cette posture, en plufieurs endroits, eft celle où l'enfant eft dans le fein de fa mere. L'ufage de quelques nations eft que les parens du défunt jeûnent jufqu'à la fin des Funérailles; & tout cet intervalle fe paffe en pleurs, en éjulations, à régaler tous ceux dont on reçoit la vifite, à faire l'éloge du mort, & en complimens réciproques. Chez d'autres, on loue des pleureufes, qui s'acquittent parfaitement de leur devoir; elles chantent, elles danfent, elles pleurent fans ceffe, & toujours en cadence mais ces démonftrations d'une douleur empruntée ne préjudicient point à ce que la nature exige des parens du défunt.

On porte, fans aucune cérémonie, le corps au lieu de fa fépulture: mais quand il eft dans la foffe, on a foin de le couvrir de maniere que la terre ne le touche point: il y eft dans une cellule toute tapiffée de peaux; on dreffe enfuite un poteau où l'on attache tout ce qui peut marquer l'eftime qu'on faifoit du mort, comme fon portrait, &c.... On y porte tous les matins de nouvelles provifions; & comme les chiens & d'autres bêtes ne manquent point d'en faire leur profit, on veut bien se perfuader que c'eft l'ame du défunt qui y eft venue prendre fa réfection.

Quand quelqu'un meurt dans le temps de la chaffe, on expofe fon corps. fur un échafaud fort élevé, & il y demeure jufqu'au départ de la troupe qui l'emporte avec elle au village. Les corps de ceux qui meurent à la guerre font brûlés, & leurs cendres rapportées pour être mises dans la fépulture de leurs peres. Ces fépultures, parmi les nations les plus fédentaires, font des efpeces de cimetieres près du village d'autres enterrent leurs morts dans les bois au pied des arbres, ou les font fécher & les gardent dans des caiffes jufqu'à la fête des morts.

On obferve en quelques endroits, pour ceux qui fe font noyés ou qui font morts de froid, un cérémonial affez bifarre. Les préliminaires des pleurs, des danfes, des chants, & des feftins, étant achevés, on porte le corps au lieu de la fépulture; ou, fi l'on eft trop éloigné de l'endroit où il doit demeurer en dépôt jufqu'à la fête des morts, on y creufe une foffe très-large, & on y allume du feu; des jeunes gens s'approchent ensuite du cadavre, coupent les chairs aux parties qui ont été crayonnées par un maître des cérémonies, & les jettent dans le feu avec les vifceres; puis ils placent le cadavre ainfi déchiqueté dans le lieu qui lui eft destiné. Durant cette opération, les femmes, & fur-tout les parentes du défunt, tour

nent fans ceffe autour de ceux qui travaillent; les exhortent à bien s'acquitter de leur emploi, & leur mettent des grains de porcelaine dans la bouche, comme on y mettroit des dragées à des enfans pour les engager à quelque chofe qu'on fouhaiteroit d'eux.

L'enterrement eft fuivi de préfens qu'on fait à la famille affligée; & cela s'appelle couvrir le mort on fait enfuite des feftins accompagnés de jeux & de combats, où l'on propofe des prix; & là, comme dans l'antiquité payenne, une action toute lugubre eft terminée par des chants & des cris de victoire.

Le-même auteur rapporte que chez les Natchez, une des nations fauvages de la Louyfiane, quand une femme chef, c'eft-à-dire noble, ou de la race du foleil, meurt, on étrangle douze petits enfans & quatorze grandes perfonnes, pour être enterrés avec elle. Journal d'un voyage d'Amérique.

Funérailles des Mifilimakinaks.

Il y a d'autres fauvages de l'Amérique qui n'enterrent point leurs morts,

L

peu

mais qui les brûlent; il y en a même, divifés en ce qu'ils nomment familles, parmi lesquelles eft la prérogative attachée à telle famille uniquement, de pouvoir brûler fes morts, tandis que les autres familles font obligées de les enterrer: c'eft ce qu'on voit chez les Mifilimakinaks, ple fauvage de l'Amérique feptentrionale de la Nouvelle-France, où la feule famille du grand-Lievre jouit du privilege de brûler fes cadavres ; dans les deux autres familles qui forment cette nation, quand quelqu'un de fes capitaines eft décédé, on prépare un vafte cercueil, où après avoir couché le corps vêtu de fes plus beaux habits, on y renferme avec lui fa couverture, fon fufil, fa provifion de poudre & de plomb, fon arc ses fleches, fa chaudiere, fon plat, fon caffe-tête, fon calumet, sa boîte de vermillon, fon miroir, & tous les préfens qui lui ont été donnés à fa mort; ils s'imaginent qu'avec ce cortege, il fera plus aifément le voyage dans l'autre monde, & qu'il fera mieux reçu des plus grands capitaines de la nation, qui le conduiront avec eux dans un lieu de délices. Pendant que tout cet attirail s'ajufte dans le cercueil, les parens du mort affiftent à cette cérémonie en chantant d'un ton lugubre, & en remuant en cadence un bâton où ils ont attaché plufieurs petites fonnettes.

Funérailles des Ethiopiens.

LORSQUE quelqu'un d'eux vient à mourir, on entend de tous côtés

des cris épouvantables; tous les voifins s'affemblent dans la maison du défunt & pleurent avec les parens qui s'y trouvent. On lave le corps mort; après l'avoir enveloppé d'un linceuil de coton, on le met dans un cercueil, au milieu d'une falle éclairée par des flambeaux de cire: on re

double alors les cris & les pleurs au fon des tambours de bafque; les uns prient Dieu pour l'ame du défunt, les autres difent des vers à fa louange, d'autres s'arrachent les cheveux; & d'autres le déchirent le vifage, pour marquer leur douleur: cette folie touchante & ridicule dure jufqu'à ce que les religieux viennent lever le corps. Après avoir chanté quelques pleaumes, & fait les encenfemens, ils fe mettent en marche, tenant à la main droite une croix de fer, un livre de prieres à la gauche, & pfalinodient en chemin : les parens & amis du défunt fuivent, & continuent leurs cris avec des tambours de basque. Ils ont tous la tête rafée, qui eft la marque du deuil. Quand on paffe devant quelque églife, le convoi s'y arrête; on fait quelques prieres, & enfuite on continue fa route jufqu'au lieu de la fépulture. Là on recommence les encenfemens; on chante encore pendant quelque temps des pfeaumes d'un ton lugubre, & on met le corps en terre. Les affiftans retournent à la maifon du défunt, où l'on leur fait un festin on s'y trouve matin & foir pendant trois jours, & on ne mange point ailleurs. Au bout de trois jours, on fe fépare jufqu'au huis tieme; & de huit en huit jours, on fe raffemble pendant un certain espace de temps, pour pleurer le défunt, & manger chez lui.

Funérailles des Lappons.

LES Lappons idolâtres fortent au plus vite de la cabane dans laquelle

une perfonne vient d'expirer, de peur que fon ame, qui voltige quelque temps autour du corps, ne leur faffe quelque mal. Un des amis du mort fe charge de préparer tout ce qui eft néceffaire pour les Funérailles, d'habiller le corps de fes meilleurs habits, & de le renfermer dans le cercueil. Mais, afin que l'ame du défunt ne puiffe lui nuire, les parens lui attachent au bras droit un anneau de laiton, par le moyen duquel il peut en fureté s'acquitter de fes fonctions. C'eft dans les bois que les Lappons idolâtres enterrent ordinairement leurs morts. Quelquefois ils choififfent une caverne pour le lieu de la fépulture. Après y avoir jetté le corps, ils élevent à l'entrée un grand monceau de pierres pour la boucher. Au rapport de Schaffer,» ils enterrent avec le corps du défunt fa hache, un » caillou & un morceau d'acier pour faire du feu. Ils donnent pour raison » de cette fuperftitieufe coutume, que le mort fe trouvant... dans les » tenebres, il aura befoin de quelque lumiere qu'il pourra recouvrer, allu» mant du feu avec l'acier & le caillou, & qu'au cas qu'il trouve en fon chemin des brouflailles & des branches d'arbre capables de l'arrêter dans »ces forêts fi épaiffes, il les pourra couper avec fa hache, parce que la » loi a été impofée aux morts d'arriver aux cieux par le fer & par le feu. » Ils raisonnent maintenant ainfi, depuis qu'ils ont entendu parler du ders » nier jour du jugement & de la réfurrection des morts.... Les Lappons » idolâtres femblent croire que les morts n'arrivent point aux lieux de

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plaifir, qu'après avoir paffé au travers des ténebres, par des chemins » fort obfcurs. C'eft une opinion due à la nature du climat qu'habitent ces » peuples groffiers. Les nuits & les ténebres y étant fort longues, ils s'imaginent que leurs morts en trouvent de pareilles après leur trépas. « Les Lappons même, qui font profeffion d'être chrétiens, obfervent dans leurs Funérailles plufieurs pratiques fuperftitieufes. Ils s'imaginent que celui qui fait la foffe du mort, ne tardera pas à le fuivre; & perfonne ne veut fe charger d'une fonction fi dangereufe. » Ils laiffent dans le cimetiere le » traîneau fur lequel on a apporté le corps mort, & tous les vêtemens qu'il » avoit pendant fa maladie.... fon lit, fes couvertures, & tout ce qui » étoit fur lui.... On fait le feftin des Funérailles, trois jours après celui » de l'enterrement. Les parens & les alliés du défunt y font conviés.... » On y mange la chair du renne qui a traîné le corps mort jufqu'au lieu de la fépulture: on en ramaffe les os avec foin dans un panier, fur le» quel ils mettent la figure d'un homme, auffi-bien qu'ils la peuvent former, grande ou petite, à proportion de la taille du défunt, & enterrent >> tout cela.... Ils ont la coutume de boire à la ronde à l'honneur du mort, > ce qu'ils appellent le vin du bienheureux.... On le boit pour se reffou » venir de celui qui a le bonheur d'être délivré des miferes de ce monde. « On remarque que les Lappons dans leurs feftins funebres, ont coutume de fe frotter le vifage avec de l'eau-de-vie.

FURIEUX, FURIEUSE, adj. Qui eft transporté de colere ou de fureur.

ON demande en jurisprudence fi le dommage caufé par un Furieux

doit être réparé de fes biens? Quelques jurifconfultes foutiennent l'affirmative; car difent-ils, quoique le Furieux ne foit pas en état de faire un mal avec connoiffance & avec délibération, il fuffit qu'il ait été la cause physique d'un dommage qu'il n'avoit aucun droit de caufer. L'obligation de reftituer vient de la chofe même, ou de l'équité naturelle, & non d'aucune convention ou d'aucun délir. Si l'on peut repouffer un Furieux jusqu'à lui faire beaucoup de mal & à le tuer même, Voyez Défense de SOI-MÊME, pourquoi n'auroit-on pas le droit de fe dédommager fur fes biens de la perte qu'il nous a caufé actuellement, fans qu'on n'y ait donné lieu foi-même en aucune forte? Car c'eft une reftriction qu'il faut toujours, fuppofer ici.

Ceux qui défendent la négative, raifonnent de la maniere fuivante. L'obligation de réparer le dommage eft une obligation perfonnelle; & pour être attachée aux biens, il faut qu'elle foit auparavant impofée à la perfonne à qui ces biens appartiennent. Or un Furieux, n'ayant pas l'ufage de

la

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