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rant par celui des œufs; mais pour éviter la difficulté des germes préexiftans, & contenus à l'infini les uns dans les autres, M. Raulin a recours à l'action de Dieu, & regarde la production de chaque germe comme une nouvelle création.

Cette grande difficulté étant furmontée, l'Auteur entre dans les détails de la conception & des progrès du foetus, des fes enveloppes, du placenta, du cordon ombilical, de fa nutrition. Il s'occupe des fimptômes de la groffeffe, de fes fignes, des cas extraordinaires. Son objet principal étant la confervation des enfans, il s'étend fur les accidens auxquels l'embryon eft fujet dans fa formation, dans fon premier développement. Cela le conduit à la grande queftion fur les monftres: mais il n'entreprend point de la difcuter ni de la décider; il fe contente de rapporter un fait très fingulier qui femble prouver l'influence

de l'imagination des mères fur le foetus. Voici comment M. Raulin rapporte ce fait.

Il y a quelques années que le » Concierge de Bercy, village près » de Paris, avoit deux cochons, » qu'on nomme vulgairement ma

rons; la truie devenue pleine, mit » bas au terme ordinaire: on s'ate >> tendoit à trouver un cochon, » mais on fut fort étonné quand on » vit un animal qui ne tenoit prefque » rien de l'efpèce du cochon. Cet >> animal étoit un monftre; il avoit » une trompe d'éléphant, une corne » au milieu du front, la morié du »corps couverte d'écailles, fembla»bles à celles du crocodile, la queue » & les pieds de derrière du cochon, » les pieds de devant faits en forme » de main humaine. Le bruit de ce phénomène fe répandit bientôt juf » qu'à Paris; il excita la curiofité des » Sçavans; plufieurs Phyficiens, plu » fieurs Médecins fe rendirent à »Bercy, pour connoître par eux-mê

»mes un fait auffi furprenant & pour >> en rechercher les caufes ; ils » échouèrent d'abord dans ces re» cherches. On découvrit enfin que » dans une espèce de cuifine au rez» de chauffée, où ces cochons étoient »prefque toute la journée, il y avoit » une eftampe répréfentant un rhino»ceros fe battant avec un élephant, » & un finge qui, témoin du con»bat, faifoit des gambades fur un ar»bre; on en conclud que ce ne pouvoit être que l'eftampe qui avoit frappé la vue de la truie & occa»fionné le monftre qu'elle avoit mis bas, puifqu'il ténoit de tous les animaux répréfentés dans l'ef» rampe.»

Il eft fâcheux que M. Raulin, qui ne dit point avoir été témoin luimême de ce fait, ne nomme aucun des Phyficiens & Médecins qui ont eu la curiofité de fe transporter fur les lieux pour s'eu affurer, & ne donne aucune preuve de fon authenticité. Car le défaut de preuves fur un fait

incroyable, met néceffairement les gens inftruits dans le cas de le regarder comme apocriphe. Peut-on fuppofer en effet qu'un cochon regarde & confidère une eftampe, & ce qui eft bien plus difficile à croire, qu'en la regardant, il y diftingue les objets qui y font répréfentés; d'ailleurs s'il étoit poffible qu'il exiftât une truie d'une imagination affez vive, pour que la vue d'une image à laquelle elle ne connoit rien, l'affec tât au point de rendre fon fœtus monftrueux, comment concevoir que cette truie continuellement affectée par des objets réels & beau coup plus fenfibles, tels que les hommes, les chiens, les autres animaux, pût jamais produire autre chofe que des monftres compofés de tous ces individus? Jamais affurément on n'a conté d'hiftoires de ce genre qui eût un auffi grand befoin de preuves que celle-ci.

Des accidens auxquels le fœtus eft fujet dans fa formation & dans fon

premier développement, M. Raulin paffe aux caufes éloignées des conceptions fauffes, des irrégulières, des foibles; il recherche les caufes des maladies héréditaires du fœtus, les moyens généraux de prévenir les congeptions fauffes, irrégulières ou foibles. Il traite enfuite des principales maladies des femmes enceintes & de leurs effets fur le foetus; & ce fujetimportant fur lequel il entre dans les plus grands détails, relativement aux caufes de ces maladies, fuivant les différens termes de la groffeffe, & aux moyens de les prévenir & d'en éviter les mauvaises fuites, le conduit jufqu'à l'accouchement, par lequel il termine la première partic de fon Ouvrage.

Dans la feconde, l'Auteur traite de tout ce qui concerne la naissance des enfans, de la ligature du cordon ombilical, de l'évacuation du méconium, de l'examen de leurs corps, pour remédier au filet, aux imperforations, aux hernies, &c.& s'étend

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