Page images
PDF
EPUB

de certains faits, une nouvelle preuve de la fauffeté de l'hiftoire des: premiers fiècles de Rome, mais fon filence peut faire croire qu'il n'a point eu connoiffance de la fameuse difpute élevée fur ce point entre M. de Pouilly d'un côté, Meffieurs Sallier & Fréret de l'autre. On épuifa de part & d'autre für cette

matière toutes les reffources de l'érudition & du raifonnement. Les Mémoires de ces fçavans Académiciens font raffemblés dans le fixiè me volume des Mémoires de l'Aca démie des Infcriptions & Belles-Let tres, depuis la page 14 jufqu'à la page 189. La queftion y eft parfaitement approfondie, & il ne refte plus rien à dire fur ce point. M. de Pouilly foutenoit avec beaucoup d'ef prit, appuyé des plus vaftes connoiffances, la même thèfe que foutient aujourd'hui l'Auteur des Confidérations. Les Sçavans ont été pour MM. Sallier & Fréret ; les Philofophes, pour M. de Pouilly.

L'objet, dont s'occupe l'Auteur des Confidérations, ne lui permettoit pas de donner la même étendue à l'examen de cette queftion, ni le même développement à fes preuves; c'eft le Gouvernement Romain qu'il observe dans fon origine & dans les révolu tions, & c'eft, fur-tout, le tems de la République qu'il examine. Au vingt-fixième & pénultième chapi→ tre on n'en eft encore qu'aux Gracques. Le vingt-feptieme & dernier commence par les Empereurs & finit par les Papes. L'Auteur ne jette qu'un coup d'œil rapide fur ces divers Gouvernemens defpotiques ou monarchiques de Rome. Le tableau qu'il préfente du Gouverne ment pontifical eft ingénieux & fage, & fait aimer ce Gouvernement; il en réfulte qu'à Rome, les gens en place paroiffent avoir pour maxime de n'offenfer perfonne, & de laiffer rire Pafquin.

En parlant des Empereurs, l'Auteur dit que la famille d'Augufte s'é

teignit dans Néron. Cette phrafe a un fens très-jufte, mais qui a befoin d'être expliqué par l'ufage des adoptions qui avoit lieu à Rome. Le barbare Empereur qui a diffamé le nom de Néron, n'étoit point de la famille d'Augufte, & n'étoit pas même Néron; il étoit Domitius, fils du premier lit d'Agrippine, qui ayant époufé en fécondes nôces l'Empereur Claude, le fit adopter par ce Prince, dont elle étoit la nièce; mais ni Claude lui-même, ni Caligula fon neveu, ni Tibère fon oncle, n'étoient de la famille d'Augufte. Ils étoient de la race des Nérons. Tibère & Drufus fon frère, ayeul de Caligula & père de Claude, étoient étrangers à Augufte, étant nés du premier mariage de Livie fa femme avec Claudius Tibérius Néro. La véritable famille d'Augufte étoient les Princes Caïus & Lucius, fils de Julie fa fille & d'Agrippa fon favori; ils moururent avant lui, & ce fut à leur défaut qu'Auguste' adopta les

fils de Livie. Cependant Caligula & Néron, mais non pas Tibère ni Claude, defcendoient d'Augufte par femmes; en effet Caligula étoit fils de Germanicus & de la première Agrippine, fœur des Princes Caïus & Lucius, fille comme eux, d'Agrippa & de Julie, & Néron étoit fils de la feconde Agrippine, fille de la première & de Germanicus.

On voit que nous ne négligeons pas la plus légère occafion de critiquer notre Auteur, mais nous ne devons pas négliger non plus de redire que fon Livre fe lit avec plaifir, qu'il fait penfer & qu'il contient beaucoup d'idées dignes d'être approfondies.

[Extrait de M. Gaillard.]

EXAMEN des Obfervations critiques fur l'Atlantide de Platon de M. Bailly, par M. l'Abbé Crey.. inférées dans le Journal des Sçavans, Fév. 1779. Brochure in-12. de 56 pages.

L

'AUTEUR de cette brochure commence par déclarer que fon deffein n'eft point de prendre la défenfe du fyftême de M. Bailly fur PAtlantide, parce qu'il ne regarde l'Ouvrage de cet Académicien que· comme un roman ingénieux; mais que fon critique étant tombé dans des erreurs étranges, il a cru que les relever ce feroit fervir utilement les fciences. Nous allons indiquer quelques-uns des principaux points de cette controverfe, fans nous arrêter à des difcuffions grammaticales, telle que celle, par exemple, où l'on reproche à M. l'Abbé C. d'avoir fait le terme parallele féminin, contre l'ufage de tous les Géographes.

« PreviousContinue »