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On fit des réglemens fur les Fi nances matière qui en a toujours befoin & fur laquelle il font prefque toujours impuiffans, parce que c'eft de toutes les parties de l'adminiftration celle que la cupidité attaque avec le plus de force & a le plus d'intérêt de troubler. On préfente ici un tableau de l'état des Finances au commencement du règne d'Henri II. Il en résulte que la dépenfe tant ordinaire qu'extraordinaire, montoit à neuf millions quatre cent quatre-vingt-fept mille livres, & que la recette générale ne montoit qu'à huit millions cinq cent quarante-fept mille cinq cens foixante-dix-fept livres; d'où il fuit que l'Etat s'endettoit de près d'un million par an, abus auquel on vouloit remédier & qui ne fit qu'augmenter.

Dans l'état de dépense de l'année 548, l'article des Compagnies d'Ordonnance ou de la Gendarmerie n'eft porté qu'à un million; cette fomme, fuffifante du tems de Char

les VII, avoit ceffé de l'être par le renchériffement progreffif des denrées, & cette influence devenue très-fenfible fous le règne de François Premier, avoit forcé à diminuer le nombre des hommes d'armes dans chaque Compagnie, & à fermer les yeux fur les véxations qu'ils exerçoient pour pourvoir à leurs befoins. « Envain la loi avoit fpécifié avec la plus fcrupuleuse exacti»tude les fournitures qu'elle leur per03 mettoit de demander: envain elle » avoit prononcé les peines les plus » févères contre ceux qui exigeroient quelque chofe au-delà, & rendu les chefs refponfables des violences & des malverfations de leurs compagnies. » Pour que les loix foient exécutées, il faut qu'elles foient pratiquables; & « comment punir fur les » premiers hommes de l'Etat un dé»fordre devenu prefque général & » autorisé par la néceffité? En 1549 »on présenta au Roi des Mémoires, » où il étoit démontré que les four

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»> nitures excédoient le produit de la taille & étoient infiniment plus onéreufes par la forme de la perception. On ajoutoit que la crainte de participer à ces iniquités, forçoit tous ceux qui avoient des principes d'honneur à fe retirer du fervice, & que fi l'on ne remédioit promp»tement à cet abus, ces mêmes compagnies, qui avoient affuré la profpérité & la gloire de la nation, en deviendraient le fléau & l'exécration. En conféquence on réfolut de fupprimer les fournitures; on les remplaça par des impôts; mais on fit auffi des retranchemens, & on les fit mal. De cent hommes d'armes dont les compagnies avoient été originairement compofees, & qui avoient été réduits à quatre-vingt, on pouffa la réduction jufqu'à trente; mais comme les Miniftres & les Favoris vouloient pouvoir fe faire des créatures, on ne toucha point aux Officiers, ce qui, en laiffant fubfifter infructueufement une grande partic

de la dépenfe, affoibiiffoit confidérablement l'état militaire.

Les plus fages de ces réglemens étoient l'ouvrage du Chancelier Olivier, Magiftrat digne d'un meilleur tems, & qui ne put convenir à celuilà; il ne tarda pas à être difgracié; on trouve ici un difcours qu'il prononça au Parlement, lorsque le Roi, après fon entrée à Paris, vint y tenir fon lit de juftice: ce difcours contient de grandes leçons pour les Rois. En voici quelques-unes.

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«La République eft heureuse, dit » Platon, quand le fouverain Magiftrat, obéi de tous les citoyens, » obéit lui-même à la loi. Alexandre de Macédoine ayant perdu un pro» cès contre un de fes fujets, remer»cia fes juges d'avoir préféré la loi » au Roi.Charles VI donna un exemple de juftice digne d'être tranf» mis à la postérité. Ayant deftitué * des Officiers dont il reconnut en>> fuite l'innocence, il 2 prononça » lui-même & contre lui-même cet ar

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»rêt: Nous, fans en avoir été requis, » mais de notre pur & noble office royal, auquel appartient de rap»peller & corriger tant notre fait, » comme l'autrui, toutes les fois que »nous connoiffons qu'en icelui juftice a été bleffée ou pervertie, Spé» cialement en grévant ou opprimant l'innocence; avons déclaré la pri»vation & ce qui s'en eft enfuivi avoir procédé de fait tant feulement, » & non de droit ni de raifon; mais » avoir été obtenue par fauffe fuggef tion, & très-grande importunité, & comme par impreffion, & non » de notre franche volonté, n

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Le Roi fit auffi, avec la Reine & toute fa Cour, une entrée folemnelle dans I.yon, où entr'autres fpectacles on lui donna celui de plufieurs couples de Gladiateurs qui combattirent à la manière des anciens Romains, mais fans effufion de fang. Il s'eft gliffé dans la defcription de ces fêtes, une faute qui n'est évidemment que d'impreflion. On parle

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