d'un endroit au-deffous de la ville, où le Rhin forme une efpèce de lac. Il est évident qu'il faut lire le Rhône, Nous avons apprécié depuis longtems, d'après le Public, le travail de M. l'Abbé Garnier; il pouffe fes recherches plus loin que l'Abbé Velly, & fon ftyle a plus de naturel que celui de M. Villaret.

[Extrait de M. Gaillard. ]

CONSIDÉRATIONS fur l'Origine & les Révolutions du Gouverne ment des Romains. A Paris, chez les Frères de Bure, quai des Auguftins, près la rue Pavée. 1778.. . Avec Approbation & Privilége du Roi. 2 vol. in-12. l'un de 440 pages, & les Préliminaires 83 l'autre de 472, & les Préliminaires 4.

L'A

quis

'AUTEUR de cet Ouvrage eft un homme qui pense & a des vues, mais il eft peut-être une peu trop facilement ébloui des lueurs

nouvelles qui viennent briller à fon imagination; il écrit avec feu & avec grace, mais les Sçavans trouveront peut-être fon érudition un peu légère. Il confulte les fources, mais il paroît s'en tenir aux idées qu'elles font naître en lui, fans examiner fi ces idées font nouvelles ou non, & fi elles n'ont pas été difcu tées & détruites. En général, on doit fe défier un peu des découvertes qu'on croit avoir faites dans un champ auffi cultivé, aussi moissonné que l'a été celui de l'Hiftoire Romaine par les Sçavans & par les Philofophes. Ne décourageons point cependant ceux qui pourroient encore s'y tracer des routes nouvelles & y voir ce qu'on n'y a point vû. Examinons feulement ce qu'ils nous

annoncent.

L'Auteur relègue parmi les fables, T'hiftoire des premiers fiècles de Rome. «La Chronologie, dit-il, cette pierre de touche de la fidélité des anciens Hiftoriens, en eft mani

» feftement controuvée. » Cetté ob jection fondée fur ce qu'on a donné deux cent quarante trois ou quarante quatre ans de durée aux règnes des fept Rois de Romelpris enfemble, a été mille fois propofée & mille fois réfutée. Il eft fûr que cette durée exoede de beaucoup évaluation commune des règnes; cette évalua tion commune forme une règle qui embraffe la totalité des tems, mais qui fe trouveroit fouvent en défaut dans des efpaces de tems donnés. Que fept règnes confécutifs euffene duré 243 ans, ce feroir, fi l'on veut, un jeu de la nature, mais qui ne mé➡ riteroit pas le nom de phénomène, ens core moins de prodige que l'Auteur donne à ce fait. Les Annales d'au »cun Empire, dit-il, ne préfentent un tel prodige.» C'est trop dire, L'Espagne offre un prodige plus fort, fçavoir, fopt règnes qui durent 267 ans, à compter depuis l'avènement de Ferdinand le Catholiques au trône d'Aragon, en 1479, jus

qu'à la mort de Philippe V, feptidme Roi, que nous avons vu arriver en 1746. Les fept Rois, font Ferdi-. nand, Charles-Quint, Philippe II, Philippe III, Philippe IV, Charles H, Philippe V. Nous comptons, il eft vrai, le règne de Philippe V pour un feul, fans égard à l'abdication qu'il avoit faite en 1724, en faveur de Louis I fon fils, abdication qui: donna à l'Espagne un nouveau règne, de 7 mois & treize jours, après lef‐, quels Philippe V remonta fur le rône. Mais à l'époque même de l'ab-; dication il y auroit exactement 2435 ans comme à Rome.

Les exemples d'approximation né: font pas fort rares. Prenons nos fept Rois de la troisième race depuis l'avènement de Hugues Capet, en 987 jufqu'à la mort de Philippe Augufte,: en 1223; nous aurons 236 ans, terme qui approche fi fort de l'autre qu'il ne permet pas de le regarder comme un prodige. Prenons la branche de Bourbon, depuis fon avène

ment

ment à la Couronne de France en 1589; voilà déjà bientôt deux fiècles, & le cinquième règne ne fait que commencer.

En Angleterre, depuis l'avène ment de Henri II, en 1154 jufqu'à la mort d'Edouard III, feptième Roi, arrivée en 1377, nous avons 223 ans, calcul qui s'éloigne fort peu encore de celui des Rois de Rome: De même en comptant depuis l'avènement de la Reine Elifabeth, en 1558 & en fuivant la fucceffion des Stuarts, felon le fyftême jacobite; nous trouverons jusqu'à présent 221 › ans; & le Prince Edouard, feptième Roi dans ce fyftême, eft vivant. Remarquons que dans cette fucceffion il y a deux frères (Charles II, & Jac ques II), ce qui devroit en abréger la durée.

L'Auteur tire de quelques prétendues contradictions qu'il croit trou♣ ver dans Tite-Livre & dans. Denis d'Halicarnaffe & de quelques incertitudes qu'ils offrent fur les détails Ianvier

B