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Nous jugeons qui'l eft neceffaire d'avoir la feureté propofée d'une Guarantie generale. I. Parce que nous concevons que les conditions de la Paix qu'on a offert pro cedent d'une negotiation feparée, conduite par les Miniftres avec la France, fans la participation des principaux Alliés, particulierement des Etats Generaux, comme ils le difent dans leur lettre à la Reine (Eux dont fa Majefté regarde les interets comme infeparables des fiens, ainfi qu'Elle s'en eft expliquée à ce particulie fement): H. Nous concevons que cette negotiation eft contraire à ces ordres que fa Majefté declara avoir donné dans lá reponse qu'Elle rendit à l'addreffe de cette Chambre, qu'Elle avoit donné chargeà les Plenipotentiaires à Utrecht, de concerter as vec ceux des Alliés, III. Elle est encore contraire à la refolution, contenue dans à le meffage du 17 Janvier qu'Elle envoya à cette Chambre de l'Union étroite ou Elle fe propofoit d'entrer avec eux pour obtenir une bonne Paix, la garantir, & la foutenir, comme Elle l'avoit declaré dans fon difcours à l'ouverture de cette ceffion qu'Elle entreroit avec Eux dans les engagements les plus étroits pour continuer l'Al

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liance, afin de rendre la Paix generale, feure & durable. IV. Nous jugeons cette negotiation contraire au VIII Article de la grande Alliance, qui oblige expreffement tous les Alliez de ne traitter que conjonctement, & du commun confentement de toutes les Parties.

Nous concevons que les refus qu'on fait d'ajouter ces paroles peut être confideré par les Allicz comme une approbation que cetre Chambre donneroit à cette methode qu'on a prife de traiter avec la France, qui peut leur paroitre comme tendant à une Paix feparée, contre la quel le fa Majefté a temoigné fon averfion, & qui a été de plus reconnue dans cetteChambre comme une chofe folle, de mauvaise foy, & qui feroit de facheufe confequence pour ce Royaume, & qui empecheroit cette Guarantie de la Paix par les Alliez, qui eft fi abfolument neceffaire pour leur feureté mutuelle, & qui nous laifferoit exposez au pouvoir de la France, y ayant peu de raifon d'attendre de fecours d'Eux à l'avenir, après une fi grande breche à la foy publique.

Il nous paroit encore que cette manie re de traiter feparement peut exiter une fi grande méfiance de ces Alliez, qu'elle peut B 7.

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les jetter dans les tentations de prendre de pareilles mefures, & donner par ce moyen occafion à la France de rompre cette Union qui nous a été fi utile jufqu'à prefent, & fi formidable pour Elle, & dont l'apparence feule l'encourage ou à differer la conclufion de la Paix, ou à imposer aux Alliez dans le cours de ce Traitté.

11 nous paroit qu'une Union parfaiteentre les Alliez eftd' autant plus nécessaire dans le cas prefent, que le fondement de toutes les offres de la France qui regardent tant la Grande-Bretagne, que les Alliez font bâtis fur la renonciation du Duc d'Anjou à ce Royaume, la Renonciation qui: à nôtre avis eft fi trompeufe qu'aucun homme raisonnable, beaucoup moins des Nations entieres ne puiffent la confiderer comme une feureté valable. L'experience fuffit pour nous convaincre combien peu nous devons nous repofer fur les renonciations de la Maifon de Bourbon. Etquoy qu'il arrivât que le prefent Duc d'Anjou fe crut lié par fon prefent Acte, ce que fon grand Pere n'a pas fait, il ne fera pas moins libre à fes defcendans de dire qu'aucun Acte de fa façon ne pouvoit les pri ver d'un droit que la Naiffance leur don

ne

ne quand ce droit eft tel que du confente-ment de tous les François il doit être: maintenu inviolablement, felon la conftitu tion fondamentale du Royaume de Fran

ce.

Nous ne croyons pas qu'il foit feur de dépendre & de faire fond fur cette partic principale du Traite, de fuppofer qu'il: s'execute de lui même, & que c'eft l'intereft de la France de le maintenir, puiss qu'au contraire il eft manifefte, qu'Elle a fait de conftans efforts depuis le Traité des Pyrenées pour unir enfemble les Monarchies de France, & d'Espagne. Qu'Elle a regardé cette Union comme fon plus grand avantage, & comme le moyen le plus efficace pour etablir la Monarchie. Univerfelle dans la Maifon de Bourbon.

Quand même on pouroit raisonnable ment le promettre que les deux Couronnes de France & d'Efpagne resteroient féparées dans les Branches de la Maison de Bourbon, cependant cela eft contraire à la grande Alliance même, qui expose l'u furpation que le Roy de France a faite pour le Duc d'Anjou de la Monarchic d'Espagne, comme la principale caufe de la Guerre.

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Et pour ce qui eft du Port-Mahon, de Gibraltar, de l'affiento, & des autres avantages que la France offre à la Grande-Bretagne, outre qu'il font precaires, qu'il fera au pouvoir de la France & de l'Espagne de nous les ôter quand il leur plaira, veu la fituation de ces Royaumes, & les vaftes richeffes & forces qu'on leur laiffera, nous concevons qu'il est impossible qu'aucun puiffe les envifager en aucun degré une compenfation pour la Grande-Bretagne, pour l'Espagne & les Indes qu'on laille à la Maifon de Bourbon, ce qui entr'autres confequences fatales fera extremement prejudiciable à nos manufactures de laine, s'il ne les ruine pas entierement.

Quant à la demolition de Dunquerque, quoy que nous avouons qu'elle contribuera beaucoup à la feureté de nôtre Commerce, cependant nous avons raison de craindre, par ce qui a été dit dans le debat, qu'on n'eft pas encore convenu de le de molir que moyenant un Equivalent qui foit à la fatisfactiou du Roy de France.

Pour ce qui regarde en particulier les interets des Alliés, quoy quil ne foyent pas entierement arettez, cependant par ce qu'il paroit que ces Alliés courent rifque d'être

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