Page images
PDF
EPUB
[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

AU BUREAU DU MÉMORIAL CATHOLIQUE,
RUK MAZARINE, no. 70.

IMPRIMERIE DE GUEFFIER,
Rue Guénégaud, no. 51.

M. DCCC. XXVII.

...

MÉMORIAL CATHOLIQUE.

JUILLET 1827.

ལ་ཨ་ལ་ཨ་་་་་་་་་ཨ་་་་

On nous a communiqué les réflexions suivantes d'un théologien protestant; nos lecteurs sauront en apprécier le mérite, et y verront combien la justesse des principes et une logique saine se rapprochent toujours de la religion catholique..

DE L'AMOUR DE LA VÉRITÉ COMME PRINCIPE DU SALUT ET DE LA FOI QUI SAUVE.

Dieu veut le salut de tous les hommes, c'est-à-dire, il désire que leurs âmes immortelles, si elles ne peuvent devenir toutes également heureuses, ne soient du moins éternellement malheureuses, qu'autant que cela est une nécessité résultante de son immuable justice.

Aucun chrétien n'en disconviendra, puisque l'Evangile le dit positivement. Même ceux qui ne croient pas l'Evangile, pourvu qu'ils croient en Dieu, doivent, je pense, être convaincus que l'Être le plus parfait, l'Etre bon et juste par excellence, ne peut vouloir le salut de tous les hommes.

que

Si Dieu veut le salut de tous les hommes, il doit l'avoir rendu possible à tous les hommes.

Le principe universel du salut ne peut donc être qu'une chose possible à tous.

Or, qu'est-ce qui est possible à tous? c'est l'amour sincère de Ta vérité, la bonne foi. Et qu'est-ce qu'aimer la vérité? c'est la - chercher sincèrement, et dès qu'on croit l'avoir trouvée, y conformer ses pensées, ses sentiments, ses discours et ses actions,

Y auroit-il un seul homme qui pût révoquer en doute que

cela dépende de lui-même et de tous ses semblables? Je ne le

crois pas.

L

Y en auroit-il un seul qui doutât que cela est son devoir, le devoir de tous les hommes? Je ne le crois pas non plus.

[ocr errors]

Ceux qui soutiennent qu'il ne suffit pas d'aimer la vérité, mais qu'on doit encore la connoître pour être sauvé, ne nient pas pour cela que l'amour de la vérité ne soit dans l'intérieur de l'homme le principe du salut; car ils ne contesteront pas qu'on ne peut connoître et surtout croire la vérité, à moins de le vouloir, et que cette connoissance ne peut sauver qu'autant qu'on s'efforce d'y conformer ses pensées, ses paroles et ses actions. Tous les hommes, quelles que soient leurs dissidences sur d'autres points, conviennent done que la première condition la condition la plus indispensable du salut, que Dieu a rendue possible à tous les hommes, c'est l'amour sincère de la vérité; et ce seroit s'élever contre un véritable témoignage du genre humain, contre la conscience universelle, que de soutenir que la haine de la vérité puisse conduire au salut, ou, pour le dire avec plus de précision, être exempte de punition et digne de récompense.

que

Qui hait la vérité? un grand nombre d'hommes. Tous peutêtre, par suite de la corruption universelle, la haïssent momentanément lorsqu'elle se montre contraire à leurs intérêts temporels et à leurs passions déréglées; mais ces ennemis de la vérité sentent au fond de leur âme leur haine est criminelle, aussi la cachent-ils à tout le monde ; ils voudroient la cacher à eux-mêmes, et ils n'avouent leur amour de l'erreur qu'en prétendant que c'est la vérité qu'ils aiment. A côté d'eux nous voyons ceux qui haïssent la vérité par suite de préjugés invincibles, nous ne les comptons pas ici; parce qu'en haïssant la vérité ils ont la conviction et l'intention de l'aimer. Mais n'y a-t-il personne qui haïsse la vérité, qui sache qu'il la hait, et qui croie devoir la haïr ? Ce ne peut être que le sceptique. Celuici regardant comme le résultat de toutes ses recherches La

que

vérité n'est qu'une chimère, peut-il ne pas haïr le fantôme dans la poursuite duquel il a perdu tant de temps et tant de peine? On ne dira pas qu'il a pourtant découvert une vérité qu'il doit aimer, c'est-à-dire, qu'il n'y a point de vérité, car il n'arrive pas, même à cette certitude négative; il n'arrive qu'au doute, et in tout en sé disant que rien n'est vrai, il doit se dire en même. [ temps que cela aussi peut-être n'est pas vrai, que ce qui lui paroît le plus faux n'est peut-être pas faux. Il doit donc nécessairement regarder l'idée même de la vérité comme un objet détestable, comme un mauvais démon qui s'attache à ses pas et: qui ne cesse de le harceler et le tourmenter.

Je crois donc avoir déjà prouvé un point fécond en conséquences, c'est que l'amour de la vérité, que nous considérons ici comme le principe du salut, suppose nécessairement l'exis tence de la vérité, c'est-à-dire, que pour pouvoir aimer la vérité, on doit d'abord croire que la vérité existe, qu'elle se trouve quelque part.

[ocr errors]
[ocr errors]

Maintenant, qu'est-ce que la vérité ? c'est la conformité de la nature des choses aux idées des choses (1). Or, qui. a des idées? les esprits, les intelligences? Lorsqu'on dit que la vérité est, on dit donc en même temps qu'elle est dans une intelligence. L'idée qu'une intelligence a d'une chose, et qui est conforme à la nature de cette chose, est donc la vérité par rap port à cette chose. L'idée de toutes les choses conforme à la nature de toutes les choses est la vérité par rapport à toutes les choses, la vérité dans son ensemble, la vérité absolue. Si la vérité absolue suppose l'idée de toutes les choses, son existence suppose aussi celle d'une intelligence qui ait cette idée de toutes les choses, c'est-à-dire, l'Intelligence divine; la vérité ne peut donc exister si Dieu n'existe pas; et si, comme nous avons

(1) La vérité, dit saint Thomas, est une équation entre l'affirmation et > son objet. Veritas intcllectus est adæquatio intellectus et rei secundum quod intellectus dicit esse quod est, vel non esse quod non est.

Voyez SOIRÉES DE SAINT-PETERSBOURG, vol. I, pag. 155.

T

« PreviousContinue »