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établissant la communauté de Saint-Sulpice; Bourdoise, instituant le séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet, et y formant les jeunes lévites aux vertus du sanctuaire. A ces nouveaux apôtres, on doit ajouter le P. Eudes, frère de l'historiographe Mezerai, dont jusqu'à présent ou n'avoit point de vie imprimée. Après avoir passé plusieurs années dans la congrégation de l'oratoire, il en sortit pour se livrer plus particulièrement à l'œuvre des séminaires et des missions; mais surtout, à ce qu'il paroît, parce qu'il voyoit se glisser chez ses anciens confrères les erreurs et l'esprit de rébellion du jansénisme. Pour lui, enfant soumis à l'autorité du Chef de l'Eglise, ayant en horreur toutes les nouveautés des sectaires, il eut beaucoup à souffrir de leur part; mais les obstacles de tout genre ne l'empêchèrent pas de donner un grand nombre de missions et de fonder une congrégation de prêtres, communément appelés de son nom, les Eudistes, et ensuite une congrégation de religieuses, dite l'ordre de Notre-Dame de charité du refuge. C'est le P. Eudes qui, le premier, avec l'autorisation des évêques, institua dans sa congrégation la fête du Sacré-Coeur de Jésus, quatorze ans avant qu'elle ne fût célébrée pour la première fois dans l'ordre de la Visitation. Le dernier supérieur-général des Eudistes a été M. Hébert, confesseur de Louis XVI, massacré aux Carmes. Les religieuses de Notre-Dame de charité subsistent encore et ont plusieurs maisons. La congrégation des prêtres du P. Eudes, au grand regret des fidèles qui avoient pu l'apprécier, ne s'est point rétablie depuis la révolution; toutefois on annonce que plusieurs de ses anciens membres se sont réunis l'année dernière et ont nommé un supérieur. Nous souhaitons la restauration de ce pieux institut, d'autant plus vivement que nous sommes plus persuadé qu'il conservera l'esprit éminemment catholique de son vénérable fondateur. Cette vie écrite d'un style convenable et publiée par un ecclésiastique distingué de la capitale, d'après divers manuscrits et principalement celui d'un P. Jésuite, porte en tête une approbation de Mgr. l'archevêque de Paris. Le pieux lecteur est donc sûr qu'il y trouvera et vérité et édification.

F.

VARIÉTÉS.

**Un journal reproche au clergé catholique de manquer d'un véritable savoir. J'ignore si le savoir que ce journal affiche est véritable; mais voici une phrase que j'ai lue dans le même article: a La grâce et le libre arbitre, haute et vide querelle, divisèrent, » les calvinistes en gomaristes et en arminiens, les catholiques » en jansénistes et en jésuites; et ces questions de théologie et de » métaphysique transcendantes, nos libéraux, qui les décident >> avec une si tranchante universalité, les ont-ils jamais étudiées » ou seulement abordées? » Ce que le journal demande aux libéraux, je le demanderai volontiers au journal. Jusqu'à présent il m'a semblé que, dans cette haute querelle, il s'agissoit de savoir și l'homme étoit une pure machine, ou bien un être vraiment libre, et jamais cela ne m'a paru une querelle vide; jusqu'à présent aussi, je croyois, d'après l'autorité même de l'abbé Fleury, que le jansénisme étoit une hérésie, et je ne vois pas en conséquence, qu'on puisse partager les catholiques en jansénistes et en jésuites, sans laisser soupçonner qu'on n'a jamais étudié ou seulement abordé la question.

** Un Professeur de science commerciale a présenté naguère, dans un discours public, un tableau comparatif de la France, de l'Angleterre et de l'Espagne, sous le rapport de leur civilisation industrielle. Comme on pouvoit s'y attendre, l'Angleterre est sur le point d'arriver & la perfection: la France la suit, mais à une distance respectueuse: pour l'Espagne elle n'est là que pour faire ombre au tableau. Maintenant veut-on savoir quelle est la physionomie des populations dans les trois états ? Le même orateur nous apprend qu'il est, en France, trente-deux millions de citoyens plus ou moins éclairés, plus ou moins logés, vétus et nourris; en Angleterre, y compris l'Irlande, vingt-deux millions d'habitants, parmi lesquels plusieurs milliers logent dans. des palais, et plusieurs millions manquent d'une chaumière ; en Espagne, dix millions d'hommes, dont il faut retrancher un million cinq cent mille oisifs de profession, et huit cent mille domestiques chargés de leur chasser les mouches (1). Ainsi donc,

(1) Journal du Commerce, du 14 juillet.

en vertu du perfectionnement de l'industrialisme chez nos voisins d'outre-mer, pour chaque individu logé dans un palais, il y en a mille sur le pavé, sans préjudice de la taxe de deux cents millions de francs pour les pauvres ; chez nous, vu que nous sommes de beaucoup en arrière, tout le monde est encore logé, nourri et vêtu, tant bien que mal; chez les Espagnols, en punition de leur nullité industrielle, il n'y a encore ni taxe des pauvres, ni personne sur le pavé il paroît que tout le monde y est encore bien logé, nourri et vêtu. Espérons pourtant qu'éclairés par le parallèle si adroit de l'orateur du commerce, ils arriveront un jour où nous en sommes, et nous où en sont les Anglais.

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** Suivant des renseignements publiés récemment par płusieurs journaux, la population générale de l'Europe est de 210,294,428 âmes. Sur ce nombre il y a 112,931,428 catholiques, sans compter ceux d'Angleterre, d'Ecosse, de Danemarck, de Suède, de Norwège et de la Turquie d'Europe; 48,559,000 protestants, 39,500,000 grecs non unis, et 9,304,000 mahométans, formant en tout 97,363,000 de non catholiques. Par conséquent, dans cette partie du monde, les catholiques àeux seuls surpassent de plus de quinze millions toutes les sectes réunies, y compris le mahométisme, et de plus de soixantequatre millions les nombreuses sectes comprises sous la dénomination commune de protestants, et qui n'ont rien de commun entre elles que cette dénomination.

*Le Catholic Miscellany de Londres évalue la population des îles britanniques à 22 millions, dont 8 millions, ou plus du tiers, de catholiques; savoir: sept millions en Irlande, et un million tant en Angleterre qu'en Ecosse. Puis il se demande qui est-ce qui persiste à condamner ces huit millions à l'esclavage? Ce sont, dit-il, les membres de l'église établie. Mais à quel nombre montent ceux-ci? Il faut d'abord en retrancher les presbytériens, les unitaires, les méthodistes, les indépendants, les anabaptistes, et autres dissidents de toute espèce, qui, dans les grandes villes et les endroits populeux, surpassent de beaucoup les partisans de l'église légale, même en comprenant parmi ceux-ci les hommes qui vivent sans aucune religion. Ainsi donc, c'est une foible minorité qui opprime les dissidents qui viennent d'être nommés, et en particulier la plus nombreuse et la plus ancienne société de chrétiens qu'il y ait dans la Grande-Bretagne, les catholiques. Encore, si de cette minorité déjà si foible on ôte ceux qui désapprouvent ce système d'oppression et travail

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ent à y mettre un terme, elle se réduit à si peu, que le journal
pense qu'on peut l'estimer tout au plus à un million. Voilà donc,
dans la terre classique de la réforme et du libéralisme, vingt-et-un
millions de citoyens sacrifiés à un million d'individus intéressés
par leurs places au maintien de l'église établie.

*

** Le même journal promet de donner successivement des.
documents certains sur le nombre des catholiques dans la
Grande-Bretagne. Dans sa livraison de mars 1827, il commence
par un relevé des baptêmes qui ont eu lieu, pendant les der -
nières années, dans treize chapelles ou paroisses catholiques
de Londres.

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Dans ce tableau, où ne sont pas comprises cinq autres pa-
roisses de la capitale sur lesquelles le Catholic Miscellany
présentera plus tard des renseignements semblables, on voit
un accroissement graduel dans le nombre des baptêmes. Dans
l'espace de cinq ans il s'est porté de 2476 à 3835. Ensuite, si
l'on calcule, comme il est d'usage, sur le pied de trente per-
sonnes par baptême, le nombre 3835 donnera pour la popu-
lation catholique de Londres, qui dépend de ces treize cha-
pelles ou paroisses, 115,050 âmes; ce qui fait, l'une dans

l'autre, 8850 par chapelle. Supposé maintenant que chacune des cinq autres en ait autant, cela fera encore 44,250 : au ́total, 159,300 pour toutes les chapelles ou paroisses catholiques de Londres et des environs; tandis qu'avant la révolution on dit qu'il y en avait six mille en tout.

Des journaux ont annoncé que quelques paroisses de Silésie ont demandé à l'évêque de Breslau plusieurs innovations en matière de discipline, entre autres le mariage des prêtres. Si le fait est vrai, ce dernier article en indique assez la source impure quelques prêtres corrompus, qui, tels qu'autrefois le moine Luther et l'abbé Calvin, s'ennuient de la chasteté et de la continence. Ce que dit le Catholique de Spire, ci-devant de Mayence, laisse à craindre quelque scandale de ce genre. Dans sa livraison d'avril, il rapporte comme un bruit qu'il n'est pas encore à même de démentir, que, dans le même diocèse, un certain curé a poussé l'impudence jusqu'à mettre sur l'autel, à la place du crucifix, son propre portrait, sans qu'il en ait été repris, jusqu'à présent, par l'autorité ecclésiastique!

La Vie de saint Vincent de Paul, par M. Capefigue, ouvrage qui a remporté le premier prix de fondation royale à la Société catholique des、 bons livres, a été publiée sous deux formats par la Société et par l'auteur. Déjà près de vingt mille exemplaires sont répandus dans le public, et sont destinés à porter dans les familles chrétiennes le modèle des plus touchantes vertus et de la charité la plus accomplie. La seconde édition, plus riche et plus soignée (1), s'adresse aux gens du monde, pour qui le nom de saint Vincent de Paul n'a été souvent qu'un souvenir de bienfaisance et de bonté, mais qui doivent aussi désirer de mieux connoître cette vie féconde en dévouements de tout genre et en sacrifices admirables. M. Capefigue a eu le talent d'approprier son travail à ces diverses classes de lecteurs. Le pauvre y trouvera une consolation, le riche un exemple et des encouragements; tous les chrétiens, ceux qui remplissent leur vie par des actes de piété, et ceux qui n'ont pas le courage de suivre toutes les pratiques d'une religion qu'ils se contentent d'aimer, profiteront également à cette lecture, les uns pour se confirmer dans leurs vertus, les autres pour en faire l'essai. Le Mémorial catholique se réserve de faire connoître l'ouvrage de M. Capefigue par un examen raisonné et de le juger sous le rapport du double intérêt qu'il offre à-la-fois aux lecteurs chrétiens par l'utilité d'un si beau modèle, et par le talent de l'écrivain qui l'a reproduit.

(1) Un volume in-8°., beau papier, avec vignettes. Prix : 5 fr. et 6 fr. par la poste. Chez Hivert, rue des Mathurins-Saint-Jacques, no. 18.

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