des moyens de réformer les abus les plus onéreux au peuple.. Prendre un parti qui ne compromette point nos droits qui n'offense ceux de personne, et qui nous mette en état d'agir en développant notre caractere national dans toute sa dignité, est le seul conseil que nous puissions recevoir de la raison, d'une prudente fermeté, le seul qui convienne aux dangers de notre position et au salut de la chose publique. Tel est l'objet d'une grande députation au roi, en lui présentant l'adresse suivante qui réunit trois grandes intentions: un monument de nos hommages et de notre fidélité au roi ; un acte déclaratoire des droits, des vœux et des espérances de la nation; une assertion de notre indépendance des ordres privilégiés, comme représentans du peuple, et de notre volonté d'agir en cette qualité vis-àvis du monarque, sans rompre avec le clergé et la noblesse sans nous séparer d'eux, s'ils veulent s'unir à nous, et sans reconnoître aucun pouvoir négatif entre le trône et nous. Cette seule déclaration seroit un premier monument des droits de la nation, et un grand pas de fait vers une constitution.' Elle nous met sur - le - champ en activité, sans que les ordres privilégiés puissent nous imputer une scission, et sans nous subordonner à leurs prétentions J'ai eu occasion de vous dire depuis, que nous ne devions point adopter un mode de constitution, sans savoir où il nous conduit, et ce que nous en pouvons faire. Or, je ne vois point de sûreté dans le premier mode de constitution qui vous a été proposé. Il semble qu'on vous suppose, messieurs, étrangers à toutes les considérations, indépendans de tous les obstacles, dominant toutes les volontés et arrivant au milieu des siecles, sans égard au passé, sans inquiétude pour l'avenir. Ce n'est pas là, messieurs, notre position. Nous ne sommes point un peuple nouveau sur lequel les loix, les coutumes, les préjugés mêmes n'aient aucune influence. Nous sommes députés aux états- généraux : mais que sont les états - généraux? c'est la réunion des députés du clergé, de la noblesse et des communes. Le clergé, la noblesse prétendent que les états-généraux ont toujours existé en ordres séparés ; nous Nous prétendons avec plus de fondement le contraire. Mais notre assertion peut-elle devenir subitement une loi? hier, aujour d'hui, nous sommes encore les députés des communes. Un simple acte de notre volonté pourroit-il nous transformer en assemblée nationale ? et comment un des préopinans a-t-il pu nous dire que quelque titre, quelque constitution nominale que nous donnions à notre assemblée, la sanction royale lui est inutile; que cette dénomination même devient indifférente au monarque ? Le roi nous appellera, dit-il, let tiers-état; et nous, nous prendrons la qualité de représentans de la nation. Mais depuis quand le chef et les représentans d'une nation peuvent-ils, sans inconvénient, être discords sur leurs qualités respectives? Prenez bien garde, messieurs, qu'ici les qualités établissent les droits, qu'agissant pour et au nom de nos commettans, nous avons un exercice libre et légitime de nos pouvoirs; mais que pour peu que nous les établissions d'une maniere équivoque, soit en les exagérant, soit en les réduisant au moindre terme, nous nous trouverons dans l'impuissance de les développer et de les employer utilement. ze année. Tome XII. ་ ་ ་ ་ ་ C Instruits par nos malheurs passés, sans doute nous ne devons pas renouveller, aux yeux de l'Europe étonnée, le spectacle déplorable des précédens états-généraux. Sans doute, il ne faut plus qu'on reproche aux représentans de la nation de subordonner l'intérêt général aux intérêts privés des différentes classes qui la composent, et de reconnoître dans les premiers ordres un droit qui appartient exclusivement au monarque, celui de rejetter ou de sanctionner les loix et les impôts consentis ou proposés par l'assemblée nationale. Mais n'oublions pas que le clergé et la noblesse appellés comme nous à la régénération de l'état, ont droit comme nous, à cette haute destinée. Malheur à ceux qui voudroient dissoudre une aussi sainte communauté ? Qu'est-ce, en effet, que la constitution d'une assemblée quelconque? C'est la déclaration de son existence légale, conformé ment à une loi déjà faite, ou conformément à une loi qu'on a le pouvoir de faire actuellement. Si je cherche maintenant ce que c'est qu'une loi, je trouve que c'est une intention juste et utile exprimée par une volonté souveraine; car ce qui est injuste peut bien être ordonné et exécuté par la force, mais n'aura jamais le caractere auguste de la loi. D'après ces principes qui sont, je crois, incontestables, je demande ce que signifie le mode de constitution des représentans de la nation? Quelle est la loi qui l'autorise ? Où est la volonté souveraine qui a exprimé cette intention juste et utile? Sommes-nous seuls la puissance législative ? Pouvons-nous y suppléer ? La volonté générale vous y a-t-elle autorisés ? Vos constituans vous ontils enjoint de résoudre de cette maniere la question qu'ils n'avoient pas même prévue sur la vérification des pouvoirs? Ontils même réclamé, dans tous les bailliages, sur le refus des deux premiers ordres d'y procéder en commun? Ce n'est pas que je ne regarde comme injuste, de la part du clergé et de la noblesse, de s'y refuser aujourd'hui. J'ai déjà eu occasion de le dire, et je le répete maintenant aucun motif, aucun fait historique ne pouvoit détruire cette raison irrésistible qui n'avoit jamais été alléguée dans les précédens états-généraux. Si la vérification commune et réciproque n'a pas toujours eu lieu, c'est parce |