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chere à ces assemblées majestueuses, où les mains d'un peuple innombrable portoient solemnellement la thiare sacrée sur la tête la plus humble et la plus sage.

pauvre

ouvriront

Alors les défiances inquiétes et les soupçons fâcheux disparoîtront; la confiance, le respect et l'amour du aux prêtres les portes de ces assemblées, comme aux plus respectables conservateurs de l'esprit public et de l'incorruptible patriotisme. On s'honorera de déférer à leurs suffrages; car rien n'est en effet plus honorable pour une nation que d'accorder' une grande autorité à ceux que son choix n'a pu appeler aux grandes places de la religion sans leur reconnoître l'avantage des grands talens et le mérite des grandes vertus. Alors le sacerdoce et l'empire, la' religion et la patrie, le sanctuaire des mystères sacrés et le temple de la liberté et des loix, au lieu de se croiser et de se heurter au gré des intérêts qui divisent les hommes one composeront plus qu'un' seul systême de bonheur public; et la France apprendra aux nations que l'évangile et la liberté sont les bases insépara bles de la vraie législation et le fonde-· ment éternel de l'état le plus parfait du genre humain.

Voilà l'époque glorieuse et salutaire qu'a voulu préparer l'assemblée nationale, que hâteront de concert avec les loix nouvelles les lumieres et les vertus du sacerdoce ; mais que pourroient aussi reculer ses préjugés, ses passions, ses résistances.

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La question que vous discutez (1) est liée par une foule de rapports au systême général des impositions, à l'intérêt de l'a-, griculture et du commerce, et à nos rela-. tions extérieures. Une aussi haute importance exige le plus sévere examen ; et l'hésitation que vous avez pu remarquer dans les projets que votre comité vous a présentés rend cet examen encore plus né-. cessaire.

Le dernier projet, le seul dont je parlerai, renferme plusieurs résultats qu'il est essentiel de distinguer.

L'un est que la culture du tabac doit être libre dans tout le royaume : il faut donc examiner s'il est utile que cette culture soit libre.

Le second, c'est que l'importation du tabac doit être permise, moyennant une

(1) Sur la culture et le débit du tabac,

taxe de 50 livres par quintal: il faut donc examiner si la liberté de la culture

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que

est compatible avec l'intérêt du commerce. Le troisieme c'est deux sortes d'impôts sont établis sur le tabac ; l'un pour le droit de l'importer, l'autre pour le droit de le fabriquer : il s'agit donc de décider si un impôt quelconque sur le tabac est compatible avec la liberté de la culture.

Le quatrieme, c'est qu'on laisse subsister une régie, non pour vendre le tabac à un prix déterminé, mais pour le fabriquer et le vendre en concurrence avec tous les citoyens ; il faut donc examiner s'il est utile de donner l'attache du gouvernement à une pareille régie, qui ne seroit qu'une maison de commerce de plus dans

le

royaume.

Le cinquieme, c'est que le comité considere le tabac comme un objet de revenu public, puisqu'il le soumet non-seulement à deux sortes d'impôts, mais à un gain éventuel il faut donc examiner si ce revenu, dont le tabac doit être l'objet, est suffisant, et s'il est établi de la maniere la plus convenable.

J'avoue d'abord que je ne m'attendois pas à voir votre comité vous proposer tout

à-la-fois de mettre un impôt sur le tabac ; et de rendre libre la culture et l'importa-. tion de cette denrée. Je dis que je suis étonné; et, en effet, lorsque, il y a trois mois, la discussion fut fermée sur cette question, on ne l'ajourna que pour charger le comité de proposer le moyen de cet impôt, moyen qu'on vouloit connoître avant de porter une décision: il falloit ou le détruire ou le remplacer. On ne vous propose pas de remplacement. L'impôt du tabac est, dit-on, indispensable ; mais comment le conciliera-t-on avec la liberté de la culture? L'effet de cette liberté sera avoir du tabac en que chacun pourra feuilles chez soi. Trente manufactures secrettes avec deux cents ouvriers pourroient fournir tout le royaume. Fera-t-on des recherches chez le cultivateur, pour voir s'il ne fait pas de tabac ? Comment pourrat-on s'y opposer, quand chaque maison sera une frontiere; quand tout homme aura du tabac chez lui; quand on aura contre soi, non pas quelques fraudeurs mais tout le peuple cultivateur ? Les visites domiciliaires seront nécessaires; celui qui aura acheté le droit pour en profiter inquiétera son voisin. Je défie le despotisme

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le plus absolu de faire exécuter de pareilles mesures. Si un fabricant a payé la taxe pour s'établir dans un village, quel moyen aura-t-il de s'opposer à tous les cultivateurs? quel moyen de le faire jouir de son privilége, quand il sera forcé de vendre à plus haut prix? Comment évitera-t-on la fraude? Est-ce pour quatre millions qu'on voudroit établir l'inquisition la plus révoltante? Il s'agit particuliérement d'examiner si le systême du comité ne détruiroit pas nos relations commerciales avec l'Amérique septentrionale. Je me borne à supposer que la culture du tabac, propagée en France, produise la moitié des besoins de notre consommation; il est certain que le tabac indigene s'il étoit universellement cultivé, ne coûteroit que 7 à 8 livres le quintal, puisque en Alsace, où il a l'avantage d'être placé à côté d'un privilége exclusif, il ne produit que 9 livres le quintal. Supposons que le prix moyen soit de 10 livres tout le monde sait que le tabac de la Virginie coûte 25 à 30 livres le quintal; dira-t-on que les Américains diminueront leurs prix ? mais en ce moment les produits de leur culture sont si modi2e année. Tome XI.

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