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Les métropoles ne sont elles-mêmes que des établissemens de police. L'épiscopat du métropolitain n'est pas différent de celui de ses évêques suffragans : sa supériorité sur eux, il ne la tient pas d'une mission particuliere, mais seulement de la suprématie de la ville où son siége est établi (1). Cette espece d'hiérarchie sacerdotale étoit toute calquée sur la hiérarchie civile, et les empereurs désignoient à leur gré le siége de ces établissemens. Loin d'avoir rétréci la puissance épiscopale, et d'avoir élevé le simple sacerdoce au niveau de l'épiscopat, dans les dispositions que nous avons statuées sur son régime, nous lui avons plutôt rendu cette immensité qu'il eut dans son origine, nous avons détruit toutes ses limites où un ancien et épais nuage de préjugés et d'er

(1) Il est absurde et ridicule de dire que certaines villes ont la faculté de conférer à des évêques une supériorité sur les autres et une plus grande étendue de jurisdiction. Certainement l'épiscopat du métropo litain n'est pas différent de celui de ses évêques suf fragans; mais cette supériorité dans l'ordre hiérarchique qui le distingue, et à laquelle sont attachées des fonc tions et une autorité particuliere purement ecclésias tique, ne peut avoir sa source que dans l'église,

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reurs en avoient concentré l'exercice à moins que ce n'eût été rompre la gradation hiérarchique qui, distingue les premiers pasteurs et les pasteurs inférieurs, que de donner à l'évêque de chaque église un conseil et de régler qu'il ne pourroit faire aucun acte d'autorité en ce qui concerne le gouvernement du diocèse, qu'après en avoir délibéré avec le presbytere diocésain; comme si cette supériorité que le pontife possede, de droit divin sur son clergé l'affranchissoit du devoir imposé de droit naturel à tous les hommes chargés d'un soin vaste et difficile, d'invo quer le secours et de consulter les lumieres de l'expérience, de la maturité et de la sagesse! comme si dans ce point, de même que dans tous les autres, l'assemblée nationale n'avoit point rétabli l'usage des premiers siecles de l'église! « Tout s'y faisoit par conseil, dit Fleury, parce qu'on ne cherchoit qu'à y faire régner la raison, la regle, la volonté de Dieu....., En chaque église l'évêque ne faisoit rien d'important sans le conseil des prêtres, des diacres et des principaux de son clergé souvent même il consultoit tout le peuple, quand il avoit intérêt à l'affaire, comme aux ordinations».

Mais la même puissance qui possede exclusivement la législation nationale a-t-elle pu et dû faire disparoître l'ancienne forme de la nomination des pasteurs, et la soumettre à l'élection des peuples?

Oui, certes, elle a eu ce droit, si l'attribution d'une fonction appartient essentiellement à ceux qui en sont et l'objet et la fin; et le sacerdoce françois doit aussi, à cet égard, l'exemple du respect et de l'obéissance. C'est pour les hommes qu'il existe une religion et un sacerdoce, et non pour la divinité, qui n'en a pas besoin. Tout pontife, dit Saint Paul, choisi du milieu des hommes, est établi pour le service des hommes; il doit être tel qu'il sache compátir à l'ignorance, se plier à la foiblesse et éclairer l'erreur.

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Et non-seulement l'apôtre proclame ici le droit du peuple aux éléctions eclésiasti comme dérivant de la nature des choses, mais il l'appuie par des considérations particulieres d'ordre et de circonstances. Le service sacerdotal est un ministere d'humanité, de condescendance, de zele, et de charité c'est pourquoi Saint Paul recommande, de ne le confier qu'à des hommes doués d'une ame vraiment

paternelle et sensible; qu'à des hommes dès-long-temps exercés aux bonnes actions et connus publiquement par leurs inclinations pacifiques et leurs habitudes bienfai santes. C'est pourquoi aussi il indique pour juges de leur aptitude aux fonctions de pontifes et de pasteurs du peuple ceux qui ont été les spectateurs de leur conduite et les objets de leurs soins.

Cependant, parce que l'assemblée natio nale de France, chargée de proclamer les droits sacrés du peuple, l'a rappellé aux élections ecclésisatiques; parce qu'elle a rétabli la forme antique de ces élections, et tiré de sa désuétude un procédé qui fut une source de gloire pour la religion, aux beaux jours de sa nouveauté, voilà que des ministres de cette religion crient à l'usurpation, au scandale, à l'impiété, réprouvent, comme un attentat à la plus imprescriptible autorité du clergé, le droit d'élection restitué au peuple, et osent réclamer le concours prétendu nécessaire du pontife de Rome.

Lorsqu'autrefois un pape immoral et un despote violent fabriquerent, à l'insu de l'église et de l'empire, ce contrat profane et scandaleux, ce concordat qui n'étoit que

MIRABEA U. 71 la coalition de deux usurpateurs pour se partager les droits et l'or des François, on vit la nation, le clergé à sa tête, opposer à ce brigandage tout l'éclat d'une résistance unanime, redemander les élections, et révendiquer avec une énergique persévérance la pragmatique, qui seule avoit fait jusqu'alors le droit commun du royaume.

Et c'est ce concordat irréligieux, cette convention simoniaque qui, au temps où elle se fit, attira sur elle tous les anathêmes du sacerdoce François; c'est cette stipulation criminelle de l'ambition et de l'avarice, ce pacte ignominieux qui imprimoit depuis des siecles aux plus saintes fonctions la tâche honteuse de la vénalité, qu'aujourd'hui nos prélats ont l'impudeur de réclamer au nom de la religion, à la face de l'univers, à côté du berceau de la liberté, dans le sanctuaire même des loix régénératrices de l'empire et de l'autel !

Mais, dit-on, le choix des pasteurs, confié à la disposition du peuple, ne sera plus que Le produit de la cabale.

L'auteur ne répond à cette objection, fondée sur l'expérience de tous les siecles , que par des déclamatious bannales sur le vice des anciennes promotions. Sans préten

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