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à toute créature..... je vous envoie comme mon pere m'a envoyé (1) ».

Si donc, au moment de leur mission, les apôtres se fussent partagé l'enseignement de l'univers, et qu'ensuite les puissances fussent venues changer les circonscriptions qu'ils s'étoient volontairement assignées, cun d'eux se seroit-il inquiété que sa jurisdiction ne se trouvât point la même ? Croiton qu'ils eussent reproché à l'autorité publique de s'attribuer le droit de restreindre ou d'étendre l'autorité spirituelle ? Penset-on sur-tout qu'ils eussent invoqué l'inter vention de Saint Pierre pour se faire réintégrer dans les fonctions de l'apostolat par une mission nouvelle ?

Et pourquoi auroient-ils recouru à ce pre mier chef de l'église universelle? Sa prir mauté ne consistoit pas dans la possession

(1) Quand même ce que l'auteur dit de la jurisdiction universelle des apôtres seroit exact, l'église n'at-elle pu soumettre l'exercice de cette jurisdiction dans leurs successeurs à des regles particulieres pour le bien même des fideles? Et n'est-il pas évident qu'une de ses regles constamment observée et sagement établie, est que les évêques et les curés ne peuvent exercer leur ministere hors de leur territoire?

pas

d'une plus grande puissance spirituelle, ni dans une jurisdiction plus éminente et plus étendue. Il n'avoit pas reçu de mission particuliere; il n'avoit été établi pasteur des hommes par une inauguration spéciale. et séparée de celle des autres apôtres. Saint Pierre étoit pasteur en vertu des mêmes paroles qui donnerent à tous ses collegues l'univers à instruire et le genre humain à sanctifier. Aussi voyons-nous Saint Paul et les autres apôtres établir des évêques et des prêtres dans les différentes contrées où ils ont porté le flambeau de l'évangile, et les instituer pasteurs des troupeaux qu'ils ont conquis au christianisme dès son origine; et nous ne voyons nulle part qu'ils aient invoqué, pour remplir cet objet sacré, l'autorité de Saint Pierre, ni que les nouveaux pasteurs aient attendu de lui l'institution canonique (1).

Quoi les pontifes de notre culte ne reconnoissent plus, dans leur mission, le même caractere dont les apôtres furent reyêtus? S'il est vrai que le sacerdoce chrétien n'a été institué qu'une fois pour tous

(1) Voyez sur toutes ces erreurs théologiques la note qui est à la fin du volume.

pas

les siecles, la puissance apostolique ne subsiste-t-elle pas aujourd'hui dans ses évêques, comme successeurs des apôtres dans l'universalité de sa primitive institution? chacun d'eux, au moment de sa consécration, n'estil pas devenu ce que fut chaque apôtre au moment où il reçut la sienne aux pieds du pasteur éternel de l'église? et n'est - il ENVOYÉ comme Jésus-Christ l'a été par son pere? enfin n'a-t-il pas été investi d'une aptitude applicable à tous les lieux, à tous les hommes, et toujours subsistante, sans nulle altération au milieu de tous les changemens, de tous les croisemens et de toutes les variations que peuvent éprouver les démarcations des églises?

Veillez votre conduite, dit Saint Paul aux évêques qu'il avoit établis en Asie, veillez votre conduite et celle du troupeau pour lequel le saint-esprit vous a consacrés évêques, en vous donnant le gouvernement de l'église de Dieu que Jésus-Christ a fondée par son sang...... Pesez ces paroles, et demandez-vous si Saint Paul croyoit à la localité de la jurisdiction épiscopale.

Les évêques sont donc essentiellement chargés du régime de l'église universelle comme l'étoient les apôtres : leur mission

est

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est actuelle, immédiate et absolument indépendante de toute circonscription locale. L'onction de l'épiscopat suffit aussi à leur institution, et ils n'ont pas plus besoin de la sanction du pontife de Rome que Saint Paul n'eut besoin de celle de Saint Pierre. Le pontife de Rome n'est comme Saint Pierre le fut lui-même, que le pasteur indiqué pour être le point de réunion de tous les pasteurs, l'interpellateur des juges dé la foi, le dépositaire de la croyance de toutes les églises, le conservateur de la communion universelle, le surveillant de tout le régime intérieur et spirituel de la religion.

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GONA

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Or, tous ces rapports n'établissent aucune distinction, ni aucune dépendance réellement hiérarchique entre lui et les évêques des autres églises ; et ceux-ci ne lui doivent, en montant sur leur siége, que l'attestation de leur union au centre de la foi universelle, et de leur volonté d'être pasteurs dans l'esprit et dans le sens de la croyance catholique, et de correspondre au saint-siége comme au principal trône de l'autorité que Jésus-Christ a donnée à son église.

On ne connut jamais dans l'antiquité ecclésiastique d'autres formes pour l'insti2 année. Tome XI.

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tution des pontifes. Je professe écrivoit autrefois un évêque au pape Saint-Damase, que je suis uni de communion à votre sainteté, c'est-à-dire, à la chaire de SaintPierre. Je sais que l'église a été bâtie sur cette pierre: celui qui mange la pâque hors de cette maison est un profane; qui n'amasse pas avec vous est un dissipateur. Voilà la détermination précise du rapport

que

Jésus-Christ a établi entre Saint-Pierre. et les autres apôtres, et la seule regle de la correspondance à maintenir entre Rome et toutes les églises de la catholicité; et c'est aussi la seule dont l'assemblée nationale ait recommandé l'observation aux premiers pasteurs de l'église de France.

C'est en recourant à cette source antique et incorruptible de la vraie science ecclésiastique, que les bons esprits se convain cront aussi que les évêques métropolitains reçoivent, par leur seule occupation du siége désigné pour métropole, tous les pouvoirs nécessaires pour exercer leurs fonctions, Les bornes purement territoriales que des considérations d'ordre et de police ont forcé de prescrire à la puissance épiscopale sont les seules limites qu'on lui ait jamais reconnues dans l'empire françois.

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