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qui agiteroient les corps électoraux; par-là le nombre des citoyens éligibles ne sera plus borné aux seuls nominateurs; par - là l'estimable citoyen qui, par les préventions populaires de son canton, n'aura pu devenir électeur, ne sera point exclus par le fait de toutes les places; par-là sur-tout, et par ce seul, moyen, vous parviendrez à parer à l'inconvénient des fréquentes assemblées de canton; car si les électeurs s'élisent eux-mêmes, bientôt, à la seconde, à la troisieme élection, le corps électoral ne sera pas complet, à moins que vous ne décidiez que l'administrateur et le magistrat sortis du corps électoral y rentreront par les nouvelles élections, en y portant, en pouvant du moins y porter la plus redoutable influence.

Je n'ignore pas que le moyen que j'in dique ne fera pas cesser toutes les brigues; je sais que l'on cabalera pour autrui, lorsqu'on ne pourra plus intriguer pour soimême; et la permanence du corps électoral fournira un moyen de plus aux cabaleurs, en leur permettant de connoître parfaitement le clavier sur lequel ils pourront s'exercer pendant deux années. Parce qu'il n'est pas au pouvoir du législateur de préyenir

venir entiérement de coupables manœuvres, s'ensuit-il qu'il ne doive pas en diminuer le nombre? La cabale aura bien moins d'activité; elle sera bien moins scandaleuse lorsqu'elle n'aura plus pour objet un des membres de l'assemblée électorale, c'est-àdire, un citoyen prêt à combattre ou à composer avec son parti, prêt à se venger s'il échoue, ou à se donner, lui et les siens, si l'on veut le seconder à ce prix,

Je trouverois un inconvénient à appli quer l'exclusion que je propose aux électeurs qui sont déjà nommés : il est possible que le peuple, qui croyoit les électeurs susceptibles de toutes les places, ait délégué le droit de choisir en son nom à tout ce qu'il connoissoit de plus pur parmi les citoyens; et il seroit injuste autant que dangereux de nous priver de pareils auxiliaires; mais pour l'avenir, l'incompatibilité qui résulteroit des fonctions permanentes des électeurs n'aura aucun inconvénient; c'est à la vertu modeste que les fonctions électorales seront confiées. Ce premier choix, n'exigeant qu'une probité incorruptible, rendra par cela même le corps électoral plus inaccessible aux cabales; les factieux les ambitieux ne chercheront point à s'élanae année. Tome XI.

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cer dans cette premiere carriere , parce qu'ils n'auroient rien de plus à obtenir.

CERTES, messieurs, quand on vous reproche (1) de rétrécir l'ancienne jurisdiction de l'église, et de méconnoître la nécessité et l'étendue d'un pouvoir qu'elle exerçoit sous les empereurs payens et dans les temps de persécution, n'est-ce pas vous inviter à soumettre à une révision sévere le

systême d'organisation sacerdotale que vous ayez adopté, à ramener la religion à l'existence qu'elle avoit sous le gouvernement des anciens Césars, et à la dépouiller de toute correspondance et de toute relation avec le régime de l'empire ? Quelle merveille que des empercurs payens, pour qui la religion n'étoit rien, et dans un temps où l'institution chrétienne n'étoit ni reçue dans l'état, ni reconnue par l'état ni entretenue sur les fonds de l'état, aient laissé cette institution se régir dans son invisibilité vant des maximes qui ne pouvoient avoir d'effets publics, et qui ne touchoient par aucun point l'administration civile ! le sa

(1) Pages de exposition des évêques.

sui

cerdoce, entiérement détaché du régime social, et dans son état de nullité politique, pouvoit, du sein des cavernes où il avoit construit ses sanctuaires, dilater et rétrécir, au gré de ses opinions religieuses, le cercle de ses droits spirituels et de ses dépendances hiérarchiques (1). Il pouvoit régler, sans exciter nulle sensation, ces limites et ces démarcations diocésaines qui ne signifioient alors que le partage des soins apostoliques, et qui n'obscurcissoient

(2) C'est le libre exercice de ces mêmes droits que l'église réclame, et que le gouvernement ne peut lui refuser sans une tyrannie absurde. Le clergé n'est plus un corps politique dans l'état; il est réduit à sa primitive nullité. L'assemblée nationale vient de le détruire pour disposer de ses biens immenses; elle a reconnu qu'une des obligations les plus sacrées, en le dépouillant, étoit d'entretenir le culte et de salarier les ministres catholiques. Là se bornent ses devoirs et ses droits, d'après ses propres principes. Ce n'est point à elle à décider quel est le nombre des ministres néces saires au besoin de l'église; ce n'est point à elle à étendre ou à resserrer les limites de leur jurisdiction spirituelle. L'église cst, à cet égard, par rapport au corps politique, ce qu'elle étoit sous les Césars et ce qu'elle sera toujours, parce que le principe de sa puissance spirituelle ne dérive pas de ce même corps politique;

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et n'embarrassoient en rien la distribution des provinces romaines.

Alors, messieurs, la religion n'étoit que soufferte; alors les prêtres ne demandoient pour elle aux maîtres du monde que de la laisser épancher dans le sein de l'homine ses bienfaits inestimables; alors ses pontifes bénissoient les puissances de laisser reposer le glaive qui avoit immolé tant de pasteurs vénérables, et de regarder les modestes organes de l'évangile avec bienveillance, ou même sans colere; alors ces ouvriers austeres et infatigables ne connoissoient d'autre source de leur frugale subsistance que les aumônes de ceux qui recevoient l'évangile et qui employoient leur minis

tere,

Concevez-vous, messieurs, quels eussent été les transports de ces hommes si dignes de la tendre et religieuse vénération qu'ils

il a une source plus sublime, Que l'assemblée reconnoisse ce pouvoir, qu'elle ne le reconnoisse pas, il n'en sera pas moins ce qu'il est; et n'existật-il que dans l'opinion des vrais fideles, il seroit contraire aux principes même du corps législatif de violenter des opinions qui tiennent à un systême religieux si bien - dans toutes ses parties.

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