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pour l'avenir

les frontieres.

que de garder rigoureusement

Il est d'ailleurs des fraudes inévitables qu'il ne faut pas compter, depuis que je les retranche du produit; et en bornant les visites au seul cas d'approvisionnement, en exigeant même alors que la visite soit autorisée psr la présence d'un officier municipal, il sera très-facile de concilier la liberté publique avec la surveillance qu'il faut pourtant accorder à la perception des impôts. Les visites domiciliaires déterminées par la loi sont admises en Angleterre.

Suppression des rigueurs pénales. Je la réclamerois, si le comité ne la demandoit pas; elle ne contrarie en aucune maniere mon systême. Mais si les peines sont plus douces, le produit de l'impôt ne sera-t-il pas diminué par une contrebande plus forte? Voilà ce que je n'admets point, parce que dans mon plan une foule de causes particulieres s'opposeront à la contrebande, et rendront les peines inutiles.

La premiere source de la fraude étoit le prix excessif de la ferme. Cette cause cessera. On n'aura de même plus à

craindre les versemens des provinces libres presque par-tout enclavées dans des provinces sujettes à la vente exclusive; et telle étoit la position de l'Alsace relativement à la Lorraine; de l'Artois., du Hainaut et du Cambresis relativement à la Picardie, au Soissonnois et à la Champagne; enfin, de la France-Comté, par rapport à la Lorraine et à la Bourgogne. On n'aura donc plus à se garder à l'avenir que des étrangers, et l'on aura de fortes barrieres.

Or, montrer qu'en grande partie le délit cessera, c'est répondre certainement à l'objection tirée de la nécessité des peines. Cette objection, d'ailleurs poussée trop loin, seroit commune aux traites ; et fautil donc aussi renoncer aux produits des traites? Il est évident que, par une contravention tout-à-la-fois moins fréquente, moins facile et moins nuisible, les simples amendes payables avec contrainte par corps suffiront.

Enfin, n'oublions jamais le point d'où nous sommes partis dans cette discussion: c'est que le comité avoue qu'il a besoin d'un impôt sur le tabac. Si, pour discuter cette assertion il étoit encore temps de refondre tous les plans du comité et de re

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monter à d'autres principes, peut-être et probablement ne serois-je pas de son avis ; et certes il n'y a que la nécessité la mieux démontrée qui puisse justifier la prohibition de tel commerce et de telle culture. Mais je n'ai été appellé à partir que des bases du comité : qu'il déclare que la situa. tion de nos finances nous permet de nous passer de ces 30 millions provenant de la consommation du tabac ; qu'il déclare surtout que tous les autres impôts seront plus équitables, et tout polémique entre nous cessera. Je ne craindrai plus alors que la culture soit libre, étant bien assuré que presque personne ne cultivera, et que nos relations avec l'Amérique septentrionale ne seront point anéanties.

Les quakers qui ont fui les persécuteurs et les tyrans ne pouvoient que s'adresser avec confiance aux législateurs qui, les premiers, ont réduit en loix les droits de l'homme; et la France régénérée, la France au sein de la paix dont elle recommandera l'inviolable respect, et qu'elle desire à toutes les autres nations, peut devenir aussi une heureuse Pensylvanie. Comme systême philantropique, vos principes obtiennent notre

admiration ; ils nous rappellent que le premier berceau de chaque société fut une famille réunie par ses mœurs, par ses affections et par ses besoins. Eh! sans doute, les plus sublimes institutions seroient celles qui, créant une seconde fois l'espece humaine, la rapprocheroient de cette premiere et vertueuse origine.

L'examen de vos principes, considérés comme des opinions, ne nous regarde point; nous avons prononcé. Il est une propriété qu'aucun homme ne voudroit mettre en commun, les mouvemens de son ame, l'élan de sa pensée; ce domaine sacré place l'homme dans une hiérarchie plus relevée que l'état social. Citoyen, il adopte une forme de gouvernement; être pensant, il n'a de patrie que l'univers. Comme principe religieux, votre doctrine ne sera point l'objet de nos délibérations; les rapports chaque homme avec l'être d'en haut sont indépendans de toute institution politique; entre Dieu et le cœur de chaque homme, quel gouvernement oseroit être l'intermédiaire ? Comme maximes sociales, vos réclamations doivent être soumises à la discussion du corps législatif. Il examinera si la forme que vous observez pour constater les

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naissances et les mariages donne assez d'authenticité à cette filiation de l'espece humaine, que la distinction des propriétés rend indispensable, indépendamment des bonnes mœurs; il discutera si une déclaration dont la fausseté seroit soumise aux peines établies contre les faux témoins et les parjures ne seroit pas un véritable faux

serment.

Estimables citoyens, vous vous trompez ; vous l'avez déjà prêté, ce serment civique que tout homme digne d'être libre a plutôt regardé comme une jouissance que comme un devoir, Vous n'avez pas pris Dieu à témoin, mais vous avez attesté votre conscience; et une conscience pure n'est elle pas aussi un ciel sans nuage? Cette partie de l'homme n'est-elle pas un rayon de la divinité? Vous dites encore qu'un article de votre religion vous défend de prendre les armes et de tuer, sous quelque prétexte que ce soit; c'est sans doute un beau principe philosophique que celui qui donne en quelque sorte ce culte à l'humanité; mais prenez garde que la défense de soi-même et de ses semblables ne soit aussi un devoir religieux. Vous auriez donc succombé sous les tyrans? Puisque nous avons conquis la li

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