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opinabilem solum esse, scientiamque tantum inesse in rationibus. Mentem itaque volebant rerum esse judicem, solam censebant idoneam, cui crederetur. Sensus autem omnes hebetes et tardos esse arbitrabantur, nec percipere ullo modo res eas, quæ subjectæ sensibus viderentur, quæ essent aut ita parvæ, ut in sensus cadere non possent; aut ita mobiles et concitatæ, ut nihil unquam unum esset constans. Itaque hanc omnem partem rerum opinabilem appellabant: scientiam autem nusquam esse censebant, nisi in animi notionibus atque rationibus (142). Contra Aristippus et Antiochus Academicus (143), quoniam veritatis judicium non nisi sensibus tribuebant, mentis et rationis ullas hac in re partes esse negabant (144), in eoque maxime convenientes cum Epicuro, qui πᾶσαν αἴσθησιν καὶ πᾶσαν φαντασίαν ἀληθῆ dixit (145); nunquam sensus mentiri, sed omnes véros esse in iisque judicia rerum esse posita; quorum si unus semel in vita mentitus sit, sublatum esse omne judicium veri et falsi, in eoque cum Zenone consentiens, qui quidem existimavit, sensibus fidem esse habendam,

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(143) De quo cf. SEXTUS EMPIRICUs Adv. Log. Lib. II. sect. 201. pag. 412. Steph.

(144) Cf. DIOG. LAERTIUS I. cap. 5. segm. 92. SEXT. EMPIR. loc. supra cit. add. GODOFR. STALLBAUM Prolegom. ad Plat. Phileb. pag. 19 sq.

(145) PLUTARCH. De Placit. Philos. cap. 9. Plura viri docti ad LUCRETIUM IV. 480. sq. DIOG. LAERTIUS Lib. X. segi. 146. et præ omnibus GASSENDUS in Philosophia Gargettii. Add, SEXTUS EMPIRICUS Adv. Log. Lib. I. sect. 368. Lib. II. sect. 9.

quod comprehensio facta sensibus vera esset et fidelis, in eo discrepans, quod huic placuerit visis, non omnibus adjungendam fidem, sed his solum quæ propriam quamdam haberent declarationem earum rerum quæ viderentur (146). Cui doctrinæ adversatur potissimum ex Antiquioribus ARISTOCLES, qui dubios, fallaces et mutabiles sensus arguit his verbis : « xai μὲν εἴ γε πᾶσα αἴσθησις ἀληθὴς ἦν, οὐκ ἔδει τοσοῦτον διαφέρειν αυτάς. ἄλλας γάρ εἰσιν ἐγγύθεν καὶ πόῤῥωθεν, καὶ νοσούντων καὶ ἐῤῥωμένων, καὶ τεχνιτῶν καὶ ἀτέχνων καὶ φρονίμων καὶ ἀφρόνων (147). Hanc ipsam sententiam tuetur fere iisdem verbis MONTANIUS (148) contra Epicureos disputans: « Que pouvons-nous juger de leur véritable essen<< ce? davantage puisque les accidents des maladies, de la res<< verie ou du sommeil nous font paroître les choses autres « qu'elles ne paroissent aux sains, aux sages, et à ceux qui << veillent, n'est-il pas vraisemblable que notre assiette droite << et nos humeurs naturelles ont aussi de quoi donner un être << aux choses? Sur ce même fondement qu'avait Heraclitus <<< et cette sienne sentence, que toutes choses avaient en elles « les visages qu'on y trouvoit. — Le desgouté charge la fadeur << au vin, le sain la saveur, l'altéré la friandise. Or notre

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(146) CICERO Lib. I. cap. 11. § 41. sqq.

(147) Apud EUSEBIUM Præparat. Evang. XV. pag. 767. D. Add. Baco Nov. org. L. I. pag. 65. (Rawley.) qui sic: « Longe maximum impedi<< mentum et erratio intellectus humani provenit a stupore et incompe<< tentia fallacium sensuum, ut ea quæ sensum feriunt, illis, quæ sen<< sum immediate non feriunt, licet paucioribus præponderent, sensus per se res infirma est et aberrans.

<<< enim

(148) Essais Lib. II. cap. 12. pag. 442. Add. RENATI CARTESII Medi tat. I init. et pag. 86.

<< état, accommodant les choses à soy, et les transformant selon « soy, nous ne savons plus qu'elles sont les choses en vérité; << car rien ne vient à nous que falsifié et altéré par nos sens. >>

§ LVI.

Quæ autem placita quamquam probanda videantur, tamen qui bene philosophatur, remque accuratius perpendit, is a tantorum virorum modeste, ut fas est, sententia recedens, sensus illos (149) omnium cognitionum auctores non accusabit, qui sunt primi Philosophiæ duces:

Via quæ munita fidei

Proxima fert humanum in pectus templaque mentis.

qui tantum ad veri cognitionem conferre existimandi sunt; qui, docente Platone, resuscitant residuas formarum illarum divinarum scintillas, æternasque notiones excitant (150).

(149) MONTAIGNE ibid. pag. 432. Cf. J. J. ROUSSEAU Émile Lib. II. Tom. II. pag. 181. Add. PEYRARD De la nature et de ses lois. pag. 51. « C'est par nos sens que nous connoissons les divers objets de la nature. « Si nous avions été privés de la vue, nous ne connoîtrions ni la lumière ni les couleurs. Si nous avions élé privés de l'ouïe, nous ne connoîtrions << point les sons; en un mot, si nous avions été privés de tous nos sens ou, ce « qui revient au même, si nous n'avions fait aucun usage de nos sens, nous << n'aurions aucune connoissance, pas même celle de notre existence. >>

(150) Ut pluribus locis docet PLATO; quem conf. modo in Timao pag. 68. Ε : διὸ δὲ χρὴ δύο αἰτίας εἴδη δωρίζεσθαι. τὸ μὲν ἀναγκαῖον, τὸ δὲ θεῖον. καὶ τὸ μὲν θεῖον ἐν ἅπασι ζητεῖν κτήσεως ἕνεκα εὐδαίμονος βίου, καθ' ὅσον ἡμῶν ἡ φύσις ἐνδέχεται· τὸ δὲ ἀναγκαῖον ἐκείνων χάριν : ubi τὸ θεῖον, monente GODOFREDO STALLBAUM, (Prolegom, ad Phileb. not. 31. pag. 27.) ideam, tòávayzaïcy, res mutabiles intelligas.

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Audiamus itaque et sequamur Philosophorum Gallorum facile principem, J. J. RossÆUM, cui recte placet (151): « je dis «< qu'il est impossible que nos sens nous trompent, car il est << toujours vrai que nous sentons ce que nous sentons; et les « Epicuriens avaient raison en cela. Les sensations ne nous << font tomber dans l'erreur que par le jugement qu'il nous plaît d'y joindre sur les causes productrices de ces mêmes << sensations, ou sur les rapports qu'elles ont en elles, ou sur << la nature des objets qu'elles nous font apercevoir. Or c'est « en cela que se trompaient les Epicuriens, prétendant que « les jugements sur nos sensations n'étaient jamais faux. Nous << sentons nos sensations, mais nous ne sentons pas nos juge« ments, nous les produisons. »

§ LVII.

Ex quibus intelligitur non sensum judicare, ideoque errare non posse, sed judicium quod sensationem sequitur, falsum esse posse. Sed reposuerint nobis et ARISTOCLES (152) et MON

(151) Émile Lib. III. Tom. III. pag. 153. sq.

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(152) Ap. EUSEBIUM Præparat. Evang. Lib. XIV. 20. pag. 768. Ubi sic : « ἐπὶ γὰρ τοῦ ἐρετμοῦ τοῦ ἐν τῷ ὕδατι - ἡ αἴσθησίς ἐστι ἡ ἀπατῶσα. Διὸ καὶ « μεμφόμεθα πάντες ἐπὶ τῶν τοιόντων οὐ τὸν νοῦν ἡμῶν, ἀλλὰ τὴν φαντασίαν. »

TANIUS (153) et MALEBRANCHIUS (154), sensus fallere, quod res externas menti non repræsentent, uti revera sunt, v. g. baculus in aquâ pro parte immersus apparet curvus. Sed ipsis dixerim cum eodem J. J. RosSEO (155): « La première fois << qu'un enfant voit un bâton plongé dans l'eau, il voit un « bâton brisé; la sensation est vraie et elle ne laisserait pas << de l'être, quand même nous ne saurions point la raison de <«< cette apparence. Si vous lui demandez ce qu'il voit, il dit « un bâton brisé et il dit vrai, car il est très-sur qu'il a la «< sensation d'un bâton brisé; mais quand trompé par son ju«gement il va plus loin et qu'après avoir affirmé que ce « qu'il voit est en effet un bâton brisé, alors il dit faux. Pourquoi cela ? parce qu'alors il devient actif et qu'il ne juge « plus par inspection, mais par induction. >>

(153) Essais Lib. II. cap. 12 p. 435. ubi sic: « Quand à l'erreur et in« certitude de l'opération de nos sens, chacun peut fournir autant d'exem<< ples qu'il lui plaira, tant les fautes et tromperies qu'ils nous font sont « ordinaires. — A manier une balle d'arquebuse sous le second doigt, celui « du milieu étant entrelacé par dessus, il faut extrêmement se contraindre « pour avouer qu'il n'y en ait qu'une, tant le sens nous en représente « deux. » Et profecio duas glandes sentimus et sensatio passiva quæ dicitur, duarum glandum vera est, sed statim ac inducimus, id revera essé quod sentimus, tunc judicamus, et si in errore versemur, id non sensationi, sed judicio utpote activo tribuendum est.

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« Nec tamen hic oculis falli concedimus hilum,
«Proinde animi vitium hoc oculis adfingere noli. »

LUCR. ibid.

(154) De la recherche de la vérité, Lib. I. cap. 6. sqq. et passim.

(155) Émile Lib. III. Tom. 3. pag. 157; quod item placet ipsi MALEBRANCHIO Lib. I. cap. 14.

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