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» 3° Que l'exemption des droits de traite pour la Compagnie cessera, à compter du premier Mai prochain;

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4° Que le produit entier du droit d'indult sera employé en primes d'encouragement pour la fabrication et l'exportation des toiles de coton peintes ou non peintes, provenant des Manufactures Nationales;

» 5° Que le Roi sera supplié de faire solliciter par son Ambassadeur à la Porte la protection du Grand-Seigneur pour le Commerce par caravannes que voudroient entreprendre les Négocians François par l'Isthme du Suez et la Mer rouge. »

Un autre Membre a conclu à l'abolition de tout privilége exclusif, notamment de ceux de la Compagnie des Indes, de la Compagnie du Sénégal et de la Compagnie du Benin; et, au surplus, il a adopté, sauf les amendemens, les conclusions du rapport du Comité d'Agriculture et de Commerce şur la Compagnie des Indes.

Un autre Membre, en concluant à l'ajournement de la question au fond, a demandé que l'Assemblée Nationale, avant de prononcer sur le sort de la Compagnie des Indes, ordonnât à son Comité d'Agriculture et de Commerce de lui présenter les mesures qu'il jugera les plus convenables, soit pour prévenir la trop grande importation des marchandises de l'Inde, en fixant des droits d'entrée dans une sage proportion, soit pour empêcher la sortie du numéraire pour cause du commerce de l'Inde, s soit

pour encourager nos Manufactures de toiles de coton, et qu'elle ordonnât au même Comité de prendre dans la plus haute considération les intérêts actuels de notre commerce intérieur et extérieur.

Un autre Membre, en adoptant les conclusions du Comité, a proposé pour amendement à l'article IV de son Projet de Décret, que le Comité d'Agriculture et de Commerce se réunît par ses Commissaires à celui d'impositions pour concerter un tarif des droits à établir sur les marchandises provenantes de l'Inde, de la Chine, et des Isles de France et de Bourbon, de manière à favoriser les Manufactures de France, ainsi que l'exportation à l'Etranger des marchandises de l'Inde. Il a demandé que ces deux Comités fissent part, le plus tôt possible, à l'Assemblée Nationale du résultat de leur travail.

Après que ces différens Membres ont ainsi opiné, l'Assemblée a décidé que la discussion étoit fermée quant au fond de la question.

Un Secrétaire a fait lecture d'une lettre reçue à l'instant par M. le Président, des Députés extraordinaires du Commerce de Bordeaux, par laquelle ils demandent à être entendus à la Barre pendant quelques minutes, pour rendre compte des dépêches très-intéressantes qu'ils ont reçues de leurs Concitoyens.

L'Assemblée a décidé que les Députés extraordinaires du Commerce de Bordeaux seroient admis à la Barre, où ayant été introduits, l'un

d'eux a lu une Adresse des Négocians de Bordeaux, à laquelle est joint un extrait du registre des Délibérations de la Chambre du Commerce de la Province de Guienne, du 27 Mars 1790; l'Assemblée en a ordonné l'impression et l'insertion dans son Procès-verbal, ainsi qu'il suit :

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Graces vous soient rendues, dignes Représentans du Peuple François ; c'est à votre courage et à yos lumières que nous sommes redevables de la plus mémorable et de la plus heureuse révolution. Vous avez passé nosespérances; vous n'avez pas craint d'anéantir l'édifice gothique de notre Gouvernement; vous n'avez pas été effrayés des travaux immenses qu'exige une reconstruction entière. Aussi sages Législateurs que profonds Philosophes, vous avez su lire dans le cœur des François, et y discerner germe de la liberté, n'attendant qu'une étincelle pour s'enflammer et jeter le plus grand éclat Vous n'avez pas été retenus par le reproche de frivolité trop long-temps imputée à notre Nation; vous avez senti que si nous avons eu toujours le bon esprit de cacher nos chaînes sous des fleurs, c'est que le seul aspect des fers est insupportable aux descendans des Francs. Commencez à recueillir les fruits de vos soins paternels. L'esprit public vient de faire plus de progrès en moins d'un an, qu'il n'en avoit fait dans plusieurs siècles; votre exemple a électrisé toutes les ames. Le Commerce, jusqu'ici méconnu et humilié, n'ayant pas même

dans notre Ville la permission de s'assembler librement, ne pouvoit que garder un silence passif; mais à peine l'avez-vous délivré de ses entraves, qu'il relève son front patriotique et vole au secours de la Nation. Profondément affecté de ne pouvoir seul la sauver du péril qui la menace, il s'y dévoue tout entier; il ne redoute plus, comme sous le régime du Pouvoir arbitraire, d'enchaîner son sort à celui de l'Etat.

» Nous nous sommes assemblés pour concourir à dissiper les terreurs chimériques qui ébranlent le Crédit National; justement indignés, sans être effrayés des manoeuvres perfides des ennemis de la Révolution, nous avons voté un acte d'abandon et de dévouement absolu à tout ce qui émanera de votre Sénat auguste.

» Notre Assemblée a pris unanimement la Délibération que nous avons l'honneur de vous envoyer; chacun s'est levé avec transport pour proférer, à l'envi, le serment qui la termine, et a promis de la signer de son nom, et, au besoin, de la sceller de son sang.

» Nous sommes, avec le plus profond respect,

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» NOSSEIGNEURS,

» Vos très-humbles et très

obéissans Serviteurs,`

Signé, les Négocians de Bordeaux, au nombre d'environ cinq cents ».

Ensuite est écrit:

« Nous Directeurs de la Chambre du Commerce de la Province de Guienne, en adhérant à la présente Adresse du Commerce de Bordeaux, tifions toutes les signatures dont elle est souscrite. Signé, Latuilière, Président; A. Gaubert, et Courrejolles, Directeurs ».

Au-dessous est aussi écrit :

« Nous sousssignés, Députés extraordinaires du Commerce de Bordeaux, près l'Assemblée Nationale, adhérons à la présente Adresse en tout son contenu, en la déposant sur le Bureau, et lue à la Barre. A Paris, le 3 Avril 1790».

Du Registre des Délibérations de la Chambre du Commerce de la Province de Guienne, a été extrait ce qui suit:

Du 27 Mars 1790.

« Sont entrés MM. Latuilière, Marchand; Gaubert, Brunaud, Perrières et Courrejolles.

La Chambre extraordinairement Assemblée, s'y sit rendus MM. les Négociants et Marchands, Chefs de Maison, formant le général du commerce de Bordeaux, pour s'occuper de la détresse actuelle des finances, et des moyens de venir au secours de l'État. Ayant examiné et discuté plusieurs Plans et Projets, tous suggérés par le plus pur amour de la Patrie, ils ont reconnu avec regret que le numéraire actuel, en circulation sur cette Place, est à peine suffisant pour soutenir son commerce

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