convoqué par Carloman, l'an 742, & préfidé par SaintBoniface, Evêque de Mayence, que « Les mauvais » Prêtres, les Diacres & autres Clercs débauchés ne per» cevront rien des revenus eccléfiaftiques; qu'au contraire » ils feront dégradés & mis en pénitence ». Avec les Fères d'un Concile de Mayence, l'an 1549, « A quels » châtimens doivent s'attendre ceux qui confument dans » l'oifiveté les biens deftinés au fervice divin, puisque l'Apôtre juge indignes de la vie ces hommes pareffeux » qui mangent un pain qu'ils n'ont pas gagné ». ». Avec les Pères des Conciles de Carthage, d'Epaone, de Lérida, de Valence en Efpagne, & de plusieurs autres, que « Les Evêques, les Prêtres, les Diacres & » toas les autres Clercs, qui n'ayant rien au temps de » leur ordination, acquièrent enfuite des héritages en » leurs noms, feront réputés ufurpateurs des biens facrés, » s'ils ne les donnent à l'Eglife »; ce qui a fait dire à Saint Bernard que tout acte contraire aux difpofitions de ces Conciles, étoit un vol, une rapine, un facrilege. دو Je ne crois pas, Meffieurs, qu'il puiffe refter le moindre doute fur l'origine, la nature & la deftination des biens du Clergé. Je paffe donc à l'examen de leur administration & des abus qui s'y font gliflés. S. II I. Vous vous rappellez, Meffieurs, que les premiers économes des biens du fanctuaire furent choifis par les Fidèles, à l'invitation même des Apôtres. Pendant plufieurs fiècles, les Evêques, les Prêtres, les Fidèles fe réunirent pour régler ce qui avoit rapport aux befoins communs de la Société. Dans la fuite, les Conciles voyant que divers abus s'étoient gliffés dans le fanctuaire, en rappelant le Clergé à la conduite qu'avoient tenue les Apôtres, ils ordonnèrent que chaque Eglife auroit fon Econome Econome, crainte qu'on ne pût accufer les Prélats d'infidélité dans cette administration, & pour que les Evêques n'ayant plus à s'occuper des affaires temporelles, s'adonnaffent tout entiers à la lecture, à la prière & à la prédication. On peut s'affurer de la vérité de cette affertion en confultant le vingt-fixième canon du Concile de Calcédoine, le cinquième du premier Concile de Séville, le quarante-huitième du quatrième Concile de Tolède, le onzième du fecond Concile de Nicée, feptième Concile général, & plufieurs autres. On peut encore lire la première & feconde Epîtres du Pape Innocent Ier.; le difcours de Jean de Polemar, Archidiacre de Barcelone, prononcé au Concile de Bafle, l'an 1433, & inféré dans le tome quatrième des Conciles, édition de Cologne. Mais pourquoi, Meffieurs, vous entretenir fi longtemps fur un point de difcipline confacré par les canons, idèlement obfervé par les Auguftin, les Céfaire d'Arles, & par les plus Saints Prélats des beaux fiècles de l'Eglife; invoqué par les Charles-Borromée, les Barthelemi des Martyrs, & par les plus favans, les plus zélés Prélats de l'Eglife Gallicane. Les abus qui fe font introduits dans le fanctuaire, en proportion de ce que le Clergé s'eft écarté d'une fi fage difcipline, feront encore mieux fentir la néceffité de tout rappeler à l'ordre primitif, & juftifieront parfaitement votre Comité des Dîmes. S. I V. L'époque fatale de la mauvaife adminiftration & de la déprédation des biens du Clergé remonte à leur partage, fuivant la remarque du judicieux Fleury. De là les abus fans nombre qui fe font introduits & qui néceffitent une réforme genérale; réforme toujours defirée, fi vivement follicitée aux Conciles de Conftance & de Bafle, & qui ne fut qu'ébauchée au Concile de Trente, parce que les intérêts humains l'emportèrent toujours fur la con fidération du bien public. Permettez, Meffieurs, qu'avant d'entrer dans le détail des abus que vous devez faire dif paroître, je vous cite quelques traits du difcours de M. du Faure, feigneur de Pibrac, Préfident au Parlement de Toulouse, l'un des Ambafladeurs François au Concile de Trente, prononcé le 26 Mai 1562, au nom du Roi, pour exhorter les Pères de ce Concile, par les raifons les plus folides & les plus preffantes, à travailler au grand ouvrage de la réformation. «Tout le monde attend de vous quelque chofe de grand, & prefque de divin; mais Satan, cet ennemi irréconciliable du genre humain, vous livrera des com→ bats, & n'oubliera rien pour vous faire quitter l'ou» vrage que vous avez commencé. Il vous tiendra ce langage. Que de travaux follement & inutilementent entrepris! A quoi vous amuferez-vous? à vouloir faire revivre cette » ancienne & rigoureufe difcipline des premiers Pères, "prefque enfevelie, pour vivre déformais, moins heureux, » moins tranquilles, & dans la retraite? Penfez bien qu'il دو ne vous fera plus permis de paroître à la Cour des » Princes, de vous trouver à de bonnes tables, d'être fuperbement logés, de marcher avec un train fuperbe, » & de goûter ces doux plaifirs, fans lefquels la vie est » trifte & défagréable. Il faudra donc, après cela, vous » réduire à une vie fobre, vous contenter d'un seul bénéfice, y demeurer attachés comme à un rocher, exhorter, perfuader, diftribuer vos biens aux pauvres & » ne chercher que l'utilité des autres? De quoi vous fer» vira de prêcher? Pourquoi avancer votre vieilleffe? Pourquoi mourir avant le temps, après vous être » confumés dans les veilles & dans les fatigues?» Je ne crois pas, Meffieurs, que cet extrait du Difcours. de M. de Pibrac ait befoin de commentaire; cependant fi quelqu'un vouloit l'envifager comme le réfultat d'une opinion des ennemis du Clergé, je le prierois de lire attentivement les canons d'un Concile de Carthage, auquel faint Auguftin affifta, l'an 398: je vais en citer quelques-uns, ce font les quatorzième, quinzième, dixFuitième, vingtième, trente-unième & trente-deuxième. L'Evêque doit avoir fon petit logis près de l'Eglife.... fos meubles doivent être de vil prix, & fa table pauvre, » & il doit foutenir fa dignité par fa foi & par fa bonne vie.... Il ne plaidera point pour des intérêts temporels, » lors même qu'on le provoquera..... Il ne s'occupera point » de fes affaires domeftiques, & fe donnera tout entier » à la lecture, à la prière & à la prédication.... Il recevra » des biens de l'Eglife comme dépofitaire, & non comme » propriétaire. » دو دو Les Fères du Concile de Trente ont inutilement tenté de faire revivre les beaux jours de l'Eglife, & les abus cnt continué. Le détail dans lequel je vais entrer prouvera de plus en plus que c'eft dans leur profcription que réfide le feul moyen de fauver l'Etat. Čes abus, il eft vrai, ont pour défenfeurs l'intérêt, le crédit, la fortune, & d'antiques préjugés que le temps femble avoir refpectés; mais que peut leur vaine confédération contre le bien public & la néceffité de l'Etat ? J'avouerai encore, fi l'on veut, que ceux que le Seigneur n'a point appelés à l'état ecclefiaftique ne peuvent goûter la doctrine des Pères de l'Eglife; & je dirai avec franchife que ceux qui ofent avancer que les biens temporels font un moyen propre à infpirer au peuple une certaine considération pour les Miniftres des Autels, contredifent formellement les maximes évangéliques, & qu'ils tiendroient un autre langage fi, par ce moyen, ils pouvoient parvenir à leur but. Je les invite à fe rappeler les leçons de défintéreffement & des autres vertus qui doivert honorer le Sacerdoce, telles que les leur ont données ces dignes Prêtres qui, dans les Séminaires, partagent leur: temps entre la prière, l'étude & l'inftruction des Lévites. Entrons à préfent dans le détail des abus. 1 Le premier des abus que je remarque, eft celui d'avoir fupprimé le titre des bénéfices, non pour rétablir l'adminiftration commune, mais pour réunir plufieurs bénéfices fur une même tête, & groffir tellement les revenus des fiéges épifcopaux, qu'en peu de temps les Evêques auroient eu la prefque totalité des revenus du Clergé, & auroient difputé d'opulence avec les plus grands Princes. Ce premier abus en a fait naître une infinité d'autres dans le même genre, & les générations futures feront étonnées que dans un fiècle qu'on dit le fiècle des lumières le fiècle d'humanité, on ait vu détruire des asyles confacrés à recueillir des Curés & des Vicaires que la vieilleffe ou des infirmités forçoient à ceffer les fonctions du ministère, pour augmenter les revenus des membres les moins utiles à l'Eglife; fupprimer des Chapitres d'hommes pour enrichir des Chapitres de femmes, abus incon nus à nos pères. Faire fupporter au Clergé du fecond ordre prefque tout le poids des dons gratuits, & en rendre l'impofition des plus arbitraire, a été le moindre des abus du régime des Chambres Eccléfiaftiques. Changer entièrement la destination des biens & des revenus du Clergé; fe refufer à l'entretien du culte divin, au point qu'on trouve à chaque pás des Eglifes dépourvues de tout ce qu'il y a de plus effentiel pour la décence du fervice des Autels furcharger les peuples, en les obligeant de fournir à l'entretien des objets pour lefquels ils payoient déja les dîmes; refufer un honnête falaire aux vrais Ouvriers du champ du Père de famille; avilir le plus augufte, le plus redoutable des miniftères, en le fubordonnant à des avantages pécuniaires par l'introduction d'un cafuel forcé, & cela, contre la défenfe expreffe des Conciles; dédaigner de prendre les mefures les plus convenables pour affurer à une infinité de malheureux de tout état, de tout fexe, de tout âge, les reffources les plus fûres, les plus ptomptes, |