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facrées de leur ministère, uniquement occupés de préferver la foi du poifon de la nouveauté, d'écarter du troupeau les loups raviffans, & de maintenir le nerf de la difcipline par des réglemens fages. Mais que de fon côté, le Magiftrat politique fe contente du titre & des devoirs de protecteur, ne po tant point la main à l'encenfoir, ne s'attribuant point le droit de prononcer fur le dogme & de prefcrire les maximes qui doivent conduire les Miniftres dans la diftribution des biens fpirituels. Alors tout fera dans l'ordre, les deux fociétés fe prêteront un mutuel fecours & contribueront à la fplendeur de l'une de l'autre, mais fitôt que ces bornes facrées feront dépalcées par l'une des deux puiffances, il n'y aura plus que troubles, foupçons, rivalités, & ce qui devoit faire le bonheur du monde, deviendra la fource d'une infinité de maux : trop d'exemples funeftes, dans le cours des fiècles, ont vérifié ces remarques.

Charlemagne étoit tellement perfuadé de ces vérités que lorfqu'il convoquoit des affemblées générales, il les divifoit en trois bandes dans la première étoient les Evêques avec quelques Secrétaires; ils lifoient enfemble le faint Evangile, les Epîtres & les Actes des Apôtres, les Canons, plufieurs Ouvrages des Pères, & entre autres le Paftoral de Saint Grégoire, cherchant par li les. moyens de rétablir, dans le Clergé & parmi le peuple, la pureté de la foi & celle des mœurs. Dans la feconde étoient les Abbés avec les Moines d'une vertu éprouvée, lifant la règle de Saint Benoît, & traitant entre eux de la manière de remettre en vigueur la difcipline monaftique. Enfin, dans la troifième étoient les Comtes & les Juges, qui difcutoient enfemble les Loix civiles, cxaminant & terminant les caufes de tous ceux qui venoient s'adreffer à eux. Les résultats de ces trois bandes étoient envoyés à l'Empereur; & ce qu'il y a de remarquable, c'eft que les Evêques, après avoir terminé leurs féances & rédigé les canons de difcipline, ajoutoient par

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forme d'adreffe : « voilà les articles de réforme que nous » avons marqués en peu de mots pour être préfentés à l'Empereur; nous le prions, fi quelque chofe y man» que, de l'ajouter, & fi quelque chofe ne convient pas, » de le corriger; mais s'il y a, dans ces articles, des régle» mens fages & utiles, nous le conjurons de les faire

» exécuter. »

Enfin, le bon ordre & la tranquillité d'un état dépendent de l'exactitude avec laquelle on fait obferver les règles d'une bonne, d'une fage difcipline; mais toute difcipline pouvant varier par rapport aux circonftances des temps, des lieux & des perfonnes, il eft du droit, du devoir & de la fageffe de l'Affemblée Nationale, du Corps légiflatif, d'admettre les points de difcipline jugés les plus propres à faciliter la réforme des abus, & déterminer ceux qui pourront plus efficacement rapprocher les Eccléfiaftiques des Loix primitives, faire revivre en eux l'efprit de leur état, établir une uniformité dans le culte public, & rendre à leur véritable deftination les biens dont le Clergé eft enrichi.

En ai-je affez dit, Meffieurs, pour fixer votre opinion fur les bornes du pouvoir fpirituel & du pouvoir temporel ? êtes-vous perfuadés que vous pouvez prononcer avec fûreté de confcience fur les objets que votre Comité des dîmes a foumis à votre décifion? S'il vous reftoit encore le plus léger doute, j'efpère que l'examen réfléchi de l'origine, de la deftination, de l'adminiftration primitive des biens du Clergé, encore plus la connoiffance des. abus qui fe font introduits dans le fanctuaire, à l'époque du partage de fes biens, le fera bientôt difparoître.

S. I I.

Vous favez, Meffieurs, que dès les premiers jours de l'Eglife naiffante, les fidèles s'empressèrent à fournir aux befoins des pauvres & des Miniftres des Autels; à cet

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effet on recevoit les offrandes, on confacroit les prémices de la récolte, & les premiers chrétiens apportoient aux pieds des Apôtres le prix des biens qu'ils avoient vendus, pour être distribué à chacun felon fes befoins.

Le nombre des fidèles fe multipliant, & les Apôtres ne pouvant concilier avec le ministère de la parole & l'exercice de la prière, les foins qu'exigeoit une diftribution proportionnelle entre les membres de l'Eglife de Jérufalem, Saint Pierre invita les fidèles à choisir, parmi eux, fept perfonnes d'une fageffe, d'une piété reconnues, auxquelles fut confié le foin de pourvoir aux befoins communs. Ce choix fait, les Apôtres impofèrent les mains fur les fept premiers économes des biens du Sanctuaire. Les Eglifes, qui fe formèrent enfuite dans tous les endroits où l'Evangile fut annoncé, fe réglèrent fur celle de Jérufalem; & l'on vit les Laurent, les Vincent, & une infinité d'autres Lévites retracer les vertus des premiers Diacres, dans l'adminiftration des biens qui leur furent confiés.

Il eft important, Meffieurs, de remarquer ici que, dans ces beaux jours du Chriftianifme naiffant, les biens du Sanctuaire, qui n'étoient autres que le produit des collectes & le prix des ventes que les fidèles faifoient de leurs biens, étoient diftribués à tous les fidèles, en proportion de leurs befoins, & que les collectes qui fe faifoient dans une Eglife étoient fouvent envoyées à d'autres Eglifes pour les fecourir dans leurs néceffités..

Au fecond fiècle, les Evêques, les Prêtres, les Lévites & les fidèles voyant qu'il feroit plus avantageux de conferver, au profit des Eglifes matrices, les biens- fonds qu'on vendoit, réunirent dès-lors à ces Eglifes les corps d'héritages dont les fidèles fe dépouilloient pour pourvoir -aux befoins communs.

Dans la fuite, la plupart des Eglifes ayant été dépouillées, & les collectes n'étant plus fi abondantes, les Conciles &les Evêques invitèrent les Chrétiens à payer la dîme, Difcours de M. Royer, &c. A S

pour pourvoir aux frais du culte, à l'entretien des Miniftres des autels & au foulagement des pauvres. Ce ne fut d'abord qu'une impofition volontaire; Saint Auguftin, la recommande comme une œuvre de charité parfaitement libre; & le Concile de Tours la propofe, à tous les François, fous la même idée. L'ufage en devint bientôt général, & le Roi Gontran confirma, par fon ordonnance du 10 Novembre 585, le cinquième canon du fecond Concile de Mâcon, qui ordonne de payer la dîme: « Afin, » difent les Pères de ce Concile, que les Prêtres, employant ces dîmes au foulagement des pauvres & au » rachat des captifs, rendent efficaces les prières qu'ils la paix & pour le falut du peuple. pour A cette époque, les Rois avoient déja fait de grands dons aux Eglifes, ainfi que le prouve le cinquième article du premier Concile d'Orléans, l'an 511, qui ordonne

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Que les fruits des terres que les Eglifes tiennent par » donation du Roi, avec exemption de charges, feront employés aux réparations des Eglifes, à la nourriture » des Prêtres & des Pauvres, & à la rédemption des captifs. »

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Enfin, perfonne n'ignore avec quelle pieuse libéralité les Rois & leurs fujets ont enrichi l'Eglife; & fans entrer dans un détail des fondations faites en fa faveur, il fuffira d'observer en quels termes étoit conçue la formule des actes de fondation : la voici telle qu'elle eft énoncée dans une Supplique, préfentée à Charlemagne au Plaid général de Wormes, devant tout le peuple, en 863:

J'offre à Dieu & lui confacre toutes les chofes infé»rées dans cet écrit pour la rémiffion de mes péchés, de ceux de mes parens, de mes enfans. Ces dons que »je fais font deftinés aux frais du culte divin, à la nour» riture des pauvres & des clercs, à l'entretien du luminaire & autres chofes néceffaires à l'Eglife; & fi quelqu'un, ce que je ne crois pas devoir arriver, les raviffoit, il fe rendroit coupable de facrilège & feroit

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» foumis au terrible jugement du Seigneur Dieu, à qui j'offre & confacre ces biens. >>

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Les termes dont eft conçue cette formule nous font connoître la nature des biens du Clergé, & en annoncent la deftination. Mais, pour ne pas laiffer le moindre doute fur cette importante matière, je vais citer ce qu'un des Orateurs, au Concile de Bafle, difoit en répondant au quatrième article des Bohémiens: « Il y a des befoins preffans auxquels il faut pourvoir. Que de Chrétiens gémiffent fous les fers des Infidèles! Que de pauvres & » d'infirmes fans reffources, fans confolation! Que de filles, dans l'âge de fe marier, ne peuvent fuivre le » vœu de la nature, parce que la pauvreté de leurs pa» rens ne leur permet pas de les doter! Que de jeunes » gens, nés avec du génie, ne peuvent le féconder » faute de reffources!

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» Je pourrois, continue l'Auteur, faire l'énumération » de plusieurs autres œuvres de piété qui doivent s'exercer » à l'aide des biens de l'Eglise, parce que telle en est la » destination primitive. Sachons donc, nous Eccléfiaftiques, que nous ne fommes que les procureurs des » pauvres, et que nous devons être les fidèles dispen» fateurs de leur patrimoine.

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Ce langage, Messieurs, a toujours été celui des Conciles. Tous ont dit, avec les Pères du Concile d'Aixla-Chapelle, tenu l'an 816; «Les biens de l'Eglise sont "les vœux des fidèles, le prix des péchés, le fruit de » leur pieufe libéralité, deftinés à nourrir les Soldats » de Jéfus-Chrift, à décorer les Eglifes, à foulager les » pauvres, à racheter les captifs. » Avec les Pères du cinquième Concile d'Orléans, que «Les prisonniers, » pour quelques crimes que ce foit, feront vifités tous » les Dimanches par l'Archidiacre ou le Prévôt de l'Eglife, pour connoître leurs befoins & leur fournir » la nourriture & les chofes nécessaires, aux dépens de » l'Eglise ». Avec les Pères d'un Concile d'Allemagne,

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