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cession déterminée d'un Chef suprême et inamovible qui, lui même, a coopéré avec magnanimité à votre sublime ouvrage. Mais de tant d'abus que vous avez détruits, quelques traces pourroient demeurer dans notre Patrie, et continuer d'y altérer notre liberté.

» Le systême des subsides secrets ne peut s'allier avec vos principes: or, au nombre des dépenses extraordinaires que la Législation Françoise fait dans notre Pays, il en est (1) dont la nature et la distribution corrompent notre Gouvernement sans aucune utilité pour la France; et c'étoit un mal à vous dénoncer. Un autre concourt au même effet. L'inclination du Peuple Grison pour le Ser vice Militaire, son affection pour la France, la liberté illimitée que lui donne notre Constitution, pour se livrer à ces deux penchans, nous permettent d'avoir un certain nombre de troupes à votre solde; mais un Régiment entier, outre les Compagnies Grisonnes qui se trouvent dans les

(1) Ces dépenses sont des pensions secrètes dont la distribution corruptrice est confiée à un Citoyen même du Pays des Grisons, qui a le titre de

et à qui cette commission donne une influence illégitime dans les affaires ultérieures. Cet étrange abus sera réformé, et d'une manière économique pour la France, si, comme on le tesire, l'Ambassadeur du Roi, résident à Soleure, est seul accrédité auprès des Ligues Grises.

Régimens Suisses, s'honore de porter le nom de notre Nation; et cependant, à la faveur d'un Règlement auquel notre République n'a pris aucune part, le Chef y dispose de tous les emplois, de toutes les compagnies, de toutes les places d'Officiers Supérieurs. Si vous observez que ce Chef sera toujours un de nos Concitoyens, vous comprendrez quelle influence dangereuse lui donnent de tels moyens dans nos affaires intérieures, en même temps qu'ils établissent un Régime absolument destructeur des vrais principes militaires.

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Nous espérons donc, Messieurs, que le nouveau mode d'avancement que vous projetez sera rendu commun à nos Troupes par un de vos Décrets, et qu'il fera renaître ensemble les temps célèbres de l'Armée Françoise et ceux de nos anciennes Milices. Rien ne s'y oppose. Notre République n'a aucune capitulation avec la France; celles des Suisses sont au moment d'être renouvellées, et nos Troupes n'existent dans vos Armées qu'en vertu d'une confiance réciproque.

» Tels sont, après nos hommages, les objets que nous prions l'Assemblée Nationale de prendre en considération, et de recommander au Pouvoir cxécutif. Nous n'avons à y ajouter que nos vœux sincères pour la prospérité de la Monarchie Françoise, à laquelle les principes qui la gouvernent à présent ne font que nous attacher davantage,

et ces principes seront toujours plus puissans sur nous que tout l'art de la diplomatie; car un Peuple libre ne sauroit espérer de véritables amis que là ou le pacte social pose sur cette base sacrée : La voix du Peuple est la source des Loix.

>> Nous nous félicitons de cette occasion de vous assurer du profond respect avec lequel nous avons l'honneur de nous souscrire

» MESSIEURS

» Vos très-humbles et très-
obéissans Serviteurs,

» Les Membres des Ligues Grises, au nombre de cinquante-trois.

Et ensuite est écrit :

» Je, soussigné, atteste que les signatures cidevant copiées de quatre exemplaires envoyés dans les trois Ligues, et au Paysujet, sont analogues à l'original, souscrites des personnes énoncées; en foi de quoi j'ai apposé mon cachet. Signé, Jean Théodore de Mysani, en qualité de Comte Pa latin, ayant le droit d'Autorité Impériale ainsi que Papale, et de la part des trois Ligues Grises, de créer des Notaires publics, ainsi que de légaliser >>.

Et au-dessous est écrit:

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Nous, soussigné, attestons qu'on doit ajouter foi à la signature de M. Jean Théodore de My

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sani, en qualité de Comte Palatin; en foi de quoi j'ai apposé nos armes. A Coire, ce 18 Mars 1790. Signé, JEAN SPRECHER DE BERNEC, Chef en charge de la Ligue des Droitures ».

L'Assemblée Nationale a applaudi à cette 'Adresse, ainsi qu'aux délibérations qui y étoient jointes.

Deux Membres ont fait la Motion que M. le Président écrivit aux Ligues Grises pour leur marquer la sensibilité de l'Assemblée aux témoignages de fratenité qu'elles viennent de manifester, et pour leur faire part qu'il est chargé de se retirer pardevers le Roi pour prier Sa Majesté de prendre en considération les demandes énoncées dans cette Adresse ; en conséquence, l'Assemblée a rendu le Décret suivant :

« L'ASSEMBLÉE NATIONALE décrète que M. le Président se retirera par-devers le Roi, pour prier Sa Majesté de prendre en considération les demandes énoncées dans l'Adresse de la République des Grisons.

« L'Assemblée a, en outre, autorisé M. le Président à écrire à la République des Grisons, pour lui marquer sa sensibilité aux témoignages de fraternité qu'ils ont manifestés, et pour leur faire part qu'il est chargé de se retirer par-devers le Roi, pour prier Sa Majesté de prendre leurs demandes en considération. »

M. le Président a annoncé que M. de Montdor; Député de Lyon, demandoit un congé de six semaines pour raison de santé. L'Assemblée l'a accordé.

On a passé à l'ordre du jour : cet ordre étoit la discussion d'un Décret proposé au nom du Comité d'Agriculture et de Commerce, sur le pri vilége de la Compagnie des Indes.

Un Membre, après quelques détails sur l'établissement de cette Compagnie, sur son commerce, sur la nature de son privilége, sur son influence relativement au Commerce national a proposé un projet de Décret tendant,

1o. A ce qu'elle fût maintenue dans son privilége jusqu'au terme de son expiration ;

2o. A la nomination de Commissaires pris dans l'Assemblée Nationale pour surveiller ses opérations et faire le rapport de ses avantages ou de ses inconvéniens, pour ensuite prononcer défi

nitivement sur son sort.

Un autre Membre a proposé, comme un point important au Commerce de la France, l'adoption du projet de Décret présenté par le Comité d'Agriculture et de Commerce.

Un autre a demandé qu'il ne fût rien innové quant à présent, dans le commerce fait dans l'Inde par la Compagnie existante, et que le Comité fût

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