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compte notre no. 461, tome XVIII; nos observations ne plurent pas toutes à M. L. C. D. T. et il nous adressa quelques lettres assez vives, auxquelles nous ne crûmes pas devoir répondre. Il nous parut inutile de prolonger une discussion qui pouvoit être longue; car M. L. C. D. T. écrivoit volontiers, et nous recevions de lui chaque semaine des articles, des observations, des lettres, où il nous communiquoit ses idées sur différens objets.

Nous ne pùmes faire usage de la plupart de ces matériaux, soit que nous en cussions alors d'autres en abondance et qui nous paroissoient plus intéressans, soit que nos opinions ne se trouvassent pas toujours en harmonie avec celles de l'auteur. Quoi qu'il en soit, M. L. C. D. T. se montra sensible à notre silence; nous perdimes tout à coup tout notre mérite à ses yeux. Quelques mois auparavant, il avoit donné à notre rédaction des éloges beaucoup trop flatteurs; il se trouva un matin que notre rédaction avoit toute sorte de défauts; c'est ce que M. L. C. D. T. déduisit vivement dans une lettre qu'il nous fit l'honneur de nous écrire, et dans une note imprimée à la suite de Mélanges historiques et religieux, Paris, 1819, 8 pages in-8°.

Depuis ce temps nous n'avons plus reçu les écrits de M. L. C. D. T. et nous méritions peu cette faveur, il faut l'avouer. Cependant nous ignorions toujours quel étoit le mystérieux écrivain qui s'étoit caché sous les quatre initiales; mais il vient enfin de baisser sa visière; un Opuscule, intitulé: Note sur la véritable interprétation d'une loi italienne, Paris, 1821, nous apprend que l'auteur est M. le comte Charles Pasero, de Turin, né le 25 avril 1790, et résidant en France depuis 1816.

Il donne la liste de tous ses écrits, qui sont au nombre de vingt-six, sans compter différens articles pour les journaux; nous renvoyons à cette liste ceux qui voudront connoitre le genre des travaux de M. le comte Pasero. Nous nommerons seulement deux Opuscules de lui, dont il a été fait mention dans ce journal; savoir: Examen des rapports établis par la Charte entre le gouvernement et les églises catholiques de France, et Exposition méthodique de l'Apocalypse; il a été parlé de ces deux écrits dans les nos. 347, t. XIV, et 420, t. XVII. Dans sa Note sur la véritable interprétation..... M. le comte Pasero fait l'apologie de sa conduite et de ses écrits; il parle d'un démêlé qu'il a eu avec le gouvernement sarde, et qui paroit avoir motivé son séjour en France.

Cette discussion ne nous regarde pas; nous dirons pourtant que, malgré ses sujets de plaintes, l'auteur paroit ne point approuver la dernière révolution de son pays, et sa profession de foi à cet égard fait honneur à ses principes et à ses sentimens. Il y a néanmoins encore des choses un peu singulières dans cet écrit, comme le regret que M. le comte Pasero exprime d'être noble, et l'aveu qu'il fait qu'il compose fort vite, et que la peine de relire et de corriger ses écrits l'impatiente. Nous nous en étions déjà douté, et nous l'avions légèrement insinué dans l'article dont se plaignit si fort M. le comte Pasero; il prend done aujourd'hui lui-même soin de nous justifier, et nous espérons dès-lors qu'il ne conservera plus de rancunes de nos procédés à cet égard.

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(Samedi 1". septembre 1821.)

(No. 737.)

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Instruction pastorale de M. l'évêque de Troyes, sur l'impression des mauvais livres (1).

Nous nous sommes élevé plusieurs fois, selon la mesure de nos forces, contre le redoublement d'efforts de l'incrédulité dans ces dernières années, et contre la réimpression des ouvrages du dernier siècle, où la religion, la morale et l'ordre public se trouvoient également attaqués. Nous avons déploré le motif et le but de ces entreprises, où l'on ne paroissoit chercher qu'à échauffer des passions, à réveiller des haines, et à répandre de nouveaux germes de révolution. Nous nous sommes demandé avec effroi quel seroit pour les générations qui s'élèvent le résultat de ce débordement de mauvais livres, distribués dans toutes les classes, et allant porter, jusque sous le toit du pauvre, le mépris de la religion, le dégoût du repos et de la soumission à l'autorité, et des idées exagérées d'ambition et d'indépendance. Des pasteurs zélés, et des écri vains éloquens, ont signalé aussi, avec l'accent d'une juste indignation, ce renouvellement de la conjuration antichrétienne, et les malheurs dont elle nous menace. Aujourd'hui, un prélat, dont le nom est cher à la religion et aux lettres, vient, armé de la double autorité de son ministère et de son talent, réclamer contre les sinistres efforts d'une désolante impiété, et prému nir les fidèles contre le venin qu'on leur présente. Nous détacherons de cette pièce, vraiment épiscopale,

(1)76 pages in-8°.; prix, 1 fr. 75 cent. et 2 fr. franc de port. A Paris, chez Adr. Le Clere, au bureau de ce journal.

Tome XXIX. L'Ami de la Relig. et du Ror. F.

quelques passages, où nos lecteurs reconnoîtront aisé ment une voix qui leur est connue :

« De tous les scandales, nos très-chers frères, qui aient affligé jusqu'ici la religion et la vertu, il n'en est pas de plus alarmant par ses suites, et de plus fait pour compromettre le salut des ames et attirer sur la France de nouvelles calamités, que l'impression de tant d'écrits impies, circulant aujourd'hui avec autant d'audace que d'impunité. Avec quelle douleur nous voyons notre diocèse infesté de plus en plus de leurs annonces fastueuses, et leurs funestes Prospectus multipliés plus que jamais sous mille formes différentes! C'est donc dans un temps où les plaies faites à la patrie par l'impiété et la philosophie sont encore saignantes, où nous sommes revenus à peine de nos longues agitations et de nos cruelles infortunes; où le volcan à peine éteint fume encore, et semble nous laisser dans la terrible incertitude qu'il soit jamais fermé ; c'est, disonsnous, dans une position aussi triste et aussi critique que l'on vient encore ouvrir parmi nous de nouvelles sources de corruption, semer de nouveaux fermens de dissentions et de discordes, de nouvelles matières inflammables, propres uniquement à rallumer un incendie qui commence à peine à s'éteindre. Quoi donc la France n'est-elle pas assez pervertie, et faut-il la pervertir encore? N'est-elle pas assez malheureuse, et faut-il mettre encore de nouveaux obstacles à son retour à l'ordre et à la paix, à la vertu et à la religion, qui peut seule guérir ses maux et fermer ses blessures? Il est donc vrai qu'il y a encore des hommes qu'aucune expérience ne corrige, et qu'aucun malheur ne détrompe. Grand Dieu! et quel coup faut-il donc que vous frappiez encore, si tous les fléaux que vous nous avez envoyés n'ont pu nous rendre ni plus avisés ni plus sages? Nous lisons bien, dans les livres saints, que le Seigneur enverra aux nations l'esprit de vertige, et les livrera à leur propre démence; mais nos yeux nous donnent anjour d'hui la preuve la plus sensible et la plus littérale que nous pussions avoir de cette terrible prophétie. Hélas! qui nous eût dit, il y a trente ans, que ces mêmes auteurs, dont les personnes étoient flétries par les magistrats, et les ouvrages livrés aux flammes par la main du bourreau, seroient aujour d'hui réimprimés avec éclat, et reproduits, par la main des artistes, avec un luxe d'impiété dont il n'y a pas d'exemple, et

que nous verrions afficher jusqu'aux portes de nos temples cette nouvelle bravade faite aux mœurs publiques, cette nouvelle déclaration de guerre faite à la religion et à ses ministres? qui nous eût dit, quand, pour répondre aux intentions pieuses de notre auguste monarque, nous ordonnions des prières expiatoires et des réparations publiques pour les sanglans outrages qu'avoit reçus notre religion sainte aux jours affreux de la révolution ; qui nous eût dit que nous verrions aujourd'hui publier hautement les éditions de ces mêmes livres qui ont servi de catéchisme aux profanateurs et de symbole anx sacriléges? Mais que fait donc l'Etat, N. T. C. F., quand il s'adresse si souvent au ciel pour l'invoquer dans ses besoins, par l'organe de ses premiers pasteurs? Que signifient donc ces vœux publics, ces sacrifices solennels offerts au nom de la nation et de la puissance publique toutes les fois que nous avons quelques bienfaits à demander, quelque calamité à éloigner, ou quelque action de grâce à rendre? Et ces vœux, et ces prières, et ce concours des deux autorités, qui démontré si bien que la religion et l'Etat ne font qu'un tout insépara→ ble, ne seroient-ils que de vaines formalités et des cérémonies sans conséquence? Auroient-ils donc pour but d'appaiser le ciel ou de l'irriter, d'obtenir de lui la prospérité du royaume, ou d'attirer sur lui de nouvelles vengeances? Et qui jamais nous expliquera cette étrange contradiction entre la nation et la nation, entre les lois et les lois, entre nos mœurs et nos mœurs, entre nous-mêmes et nous-mêmes?

» Nous nous abstiendrons, N. T. C. F., d'ouvrir sous vos yeux ces honteux dépôts d'impiété et de licence, reproduits aujourd'hui par le vil intérêt et la cupidité, et dans lesquels se trouvent tant d'écrits dont les noms seuls souilleroient notre plume. Il suffit à notre devoir, autant qu'à votre instruction, de vous dire qu'aucune lecture ne peut vous être plus fatale, et comme François et comme chrétiens, et ne peut nuire da vantage à vos mœurs et à votre foi, que celles de toutes ces œuvres de ténèbres, parmi lesquelles nous devons surtout signaler celles des deux plus grands ennemis qu'ait eus le christianisme, et des deux plus grands corrupteurs qu'ait ja mais eu l'espèce humaine. Non, ce ne sont point ici, ainsi que vous le disent certains hommes intéressés à se jouer de là crédulité des simples, et qui mentent en cela autant à l'évidence qu'à eux-mêmes; ce ne sont point ici quelques táches

légères, quelques points de doctrine plus ou moins erronés, quelques assertions plus ou moins téméraires, échappées à une plume inconsidérée : c'est un plan d'attaque, suivi avec autant de perfidie que d'audace contre le trône et l'autel ; c'est l'impudence des mensonges, qui ne peut être surpassée que par celle des blasphemes. C'est la pudeur indignement baffouée, et la majesté du culte saint foulée aux pieds. D'une part, c'est le fanatisme philosophique dans tous les accès de sa fureur; et de l'autre, le fanatisme politique dans tout son délire. Dans le philosophe de Ferney, quel révoltant cynisme! quelle atroce causticité! quel débordement de bile et de fiel! quel mépris plus ouvert de toutes vérités, de toutes bienséances el de toute équité! De qui se joue-t-il le plus, ou de ses lecteurs ou de son propre jugement? et qu'a-t-il done travesti davantage, ou les livres saints, ou l'histoire, ou lui-même ? Dans le citoyen de Genève, quel vil égoïsme! quel dégoûtant mélange de feinte modestie et d'orgueil offréné ! quel talent déplorable de défendre, avec la même dextérité, et le vrai et le faux, et le pour et le contre ! quel oubli de toutes les conve nances! et où a-t-il donc mis plus de bizarrerie, d'incohé→ rence et de désordre? est ce dans ses actions ou bien dans ses idées? Le premier répond à tout par des sarcasmes, et nous donne ses épigrammes pour des démonstrations; le second nous donne, pour les premiers principes des choses, les rêves de son imagination malade. Le premier, éminemment faux et vain, est le patron favori des littérateurs frivoles, des demisavans et des esprits superficiels; le second, éminemment sophistique et paradoxal, est le dieu chéri de tous les visionnaires, de tous les hommes à systêmes et de toutes les têtes ardentes. L'un a mis la vertu au rang des ridicules, et c'est le plus grand des crimes: l'autre a mis les passions au rang des vertus et divinisé le vice, et c'est le dernier degré de l'immoralité : enfio, divisés tous les deux d'opinions et d'intérêts, et opposés par la trempe de leur esprit et de leur caractère, ils se sont réuuis dans la même ambition, celle de tout bou leverser, et par des voies diverses ont marché vers le même but, celui de tout corrompre et de tout détruire...........

» D'ailleurs, N. T. C. F., qu'avions-nous donc à faire maintenant de toutes ces Œuvres complètes! qu'avions-nous donc besoin de ces trente volumes de dérisions impies et de sarcasmes saeriléges? Faut-il dono, de toute nécessité, que

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