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fum de la grâce et de la vertu; après avoir été ornée de la. Couronne des vierges, elle portera avec bonneur le voile nup tial, et celle qui s'est montrée la plus seusible et la plus respectueuse des filles sera aussi la plus héroïque des épouses, et la plus tendre des mères, ".

Dans le reste de cette Ir. partie, l'orateur célèbre les inclinations charitables et généreuses de la duchesse d'Orléans, et son empressement à soulager les divers genres d'infortune, et à soutenir des établissemens utiles; mais elle cachoit ses bonnes œuvres avec autant de soin que d'autres mettent à les afficher. M. l'abbé Feutrier a terminé cette Ir. partie par un morceau aussi bien dit que plein de vérité sur la bienfaisance de nos Princes, et sur ce penchant qu'ils ont à donner, et dont nous voyous tous les jours de si éclatans. témoignages.

Dans la II. partie, l'orateur considère la princesse dans l'épreuve difficile de l'adversité, et présente lout de suite le tableau des traverses que lui destinoit la révolution. Ha jeté un voile sur les chagrins qu'elle avoit éprouvés même avant cette époque, et que les convenances ne permettoient pas de rappeler dans une occasion si solennelle. Il s'est abstenu de prononcer un nom trop facheux, et de réveiller de trop pénibles souvenirs, et il se contente de montrer la princesse dépouillée et bannie, supportant ces disgraces avec courage:

«La duchesse d'Orléans soutint le poids des plus affreux revers avec la dignité d'une ame supérieure et la résignation d'une chrétienne: retirée dans le sein de Dieu, elle puisoit dans les pensées de la religion les seules consolations qui soient sur la terre; prosternée devant les autels, elle adoroit la main de celui qui brise les sceptres et se rend terrible aux rois, Privée de sa fortune, elle ne se plaignoit que de ne pouvoir plus soulager les malheureux; c'est alors surtout qu'elle recueillit l'héritage de ses vertueux pères, non ces richesses que le temps, devore, mais l'héritage de cette foi divine avec

laquelle les misères de la vie deviennent supportables, et qui sait mêler aux larmes mêmes quelque douceur. Elle contemploit les grandeurs humiliées, et, par la considération de leur néant, s'élevoit jusqu'aux grandeurs invisibles de Dieu; au milieu des écueils et du sein des orages, elle tournoit ses regards vers l'éternité, où la vertu rencontre enfin un port tranquille: elle génissoit, comme la colombe, sur les rainės de la patrie, et sa prière, humble et fervente, demandoit au ciel un de ces coups miraculeux qui calment les tempêtes, un coup qui sauvât la France au bord de l'abîme, et replaçat la couronne sur le front de nos maîtres légitimes.

» Atteinte dans sa retraite par de nouveaux målheurs, elle les supporte avec la mêine résignation: deux fils qui jouissoient d'une santé florissante sont emportés par une maladie cruelle, et la tombe s'ouvre encore pour recevoir ses soupirs et ses pleurs. Vous lui restiez, Monseigneur, avec votre auguste sœur, pour adoucir des maux si cuisans; elle s'est plu à nous apprendre, dans le testament tracé par sa main defaillante, combien vous avez été fidèle aux devoirs que la nature impose, et combien vous étiez digne de l'affection d'une si tendre mère.

» C'est au milieu de ces luttes terribles de l'homme contre l'adversité que la religion, Messieurs, se montre dans toute sa force et dans toute sa majesté, et que se décèle en même temps la foiblesse d'une philosophie qui n'est pas faite pour les infortunés. O vous qui, égarés par de fanestes doctrines, imarchez sur la terre d'éxi! et dans la vallée des soupirs, sans Dieu, sans for et sans espérance, prétendriez-vous consoler l'homme que la fortune accable de ses rigueurs? Mais, que votre sagesse est sèche et stérile! que votre langage sentencieux est glacé! que vos systêmes sont désesperans! Vous dites à l'infortuné qu'il est né pour souffrir, et son malheur c'est de le sentir; vous lui dites de s'armer de constance, de se montrer supérieur à ses disgraces, de vaincre la douleur, et vous ne fui en donnez pas la force et le pouvoir : vous ajoutez qu'il en est de plus malheureux que lui ; lai demandezvous encore des larnies pour les chagrins d'antrni, quand déjà il en á tant à répandre sur ses propres misères»?

M. Feutrier présente ensuite la princesse rentrant en France, puis il raconte les détails édifians de sa

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mort chrétienne, dont il tire de salutaires leçons pour son auditoire. Son discours, écrit avec une élégante facilité, est une nouvelle preuve de la flexibilité de son talent, et fait encore plus d'honneur à ses sentimens comme bon François, et à son dévoûment pour une cause qui est moins encore celle d'une famille auguste, que celle de la religion et de la monarchie.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Dans le consistoire du 13 août, où le souverain Pontife a pourvu aux églises vacantes, il a aussi annoncé le Concordat avec la Prusse, et a prononcé à ce sujet l'allocution suivante :

« Vénérables Frères, vous vous souvenez que, dans le consistoire du 15 novembre 1817, nous vous annonçames qu'avec l'assistance divine nous avions pu prendre les mesures nécessaires pour réparer, dans une partie considerable de l'Allemagne, savoir, dans le royaume de Bavière, les calamités auxquelles, par suite des circonstances déplorables des derniers temps, l'Eglise avoit été exposée. Nous vous fimes alors pressentir que la convention avec la Bavière ne devoit être regardée que comme le commencement de nos soins pour l'illustre nation germanique, et qu'avec l'aide du ciel, que nous avions invoqué, et en qui nous avions mis toutes nos espérances, nous allions nous occuper sans relâche à régler de nouveau les intérêts de toutes les églises d'Allemagne.

» Nos vocux, quant aux Etats soumis au très-illustre et très-puissant souverain de la Prusse, ont été en partie exaucés par le Père des miséricordes. Quoique ce monarque ne professe point la religion catholique, toutefois, grâce à la bienveillance avec laquelle il regarde ses sujets catholiques (dont le nombre, d'après les dernières guerres et la paix rendue à l'Europe, s'est considérablement accru), il nous a prêté, avec la plus grande complaisance, son secours pour rétablir d'une manière régulière les églises de son royaume; et, quelque affoiblies que fussent les finances du trésor royal, à la suite des grands maux qu'avoit éprouvés le royaume, ce prince ne nous en a pas moins fourni, avec une munificence royale, les moyens de pourvoir à la dotation stable et décente des siéges épiscopaux, des chapitres et des séminaires. Des dispositions aussi faciles et aussi bienveillantes en faveur de la religion catholique ont excité, comme elles le devoient, toute notre gratitude, et nous saisissons avec la plus vive satisfaction l'oc casion qui s'offre à nous en ce moment de lui donner un témoignage public de nos sentimens. Ainsi, pour consolider les établissemens que la libéralité du roi nous met à même de créer, nous avons rendu une

bulle, dans laquelle nous réglons l'organisation et la circonscription de ces diocèses, de manière à ce que (ce qui nous intéresse vivement), des pasteurs ayant été donnés par nous aux susdites églises, les chapitres étant rétablis et réintégrés, les séminaires ayant reçu une forme plus solide pour l'avenir, et devant être gouvernés et administrés par l'évêque diocésain, chacun de ces diocèses, si agité, si affligé dans ces derniers temps, marche à un état d'amélioration et de prospérité tou jours croissante.

» Nous ne détaillerons pas ici toutes les dispositions de cette bulle; vous pourrez les connoitre dans le temps. Vous apprendrez avec plaisir que l'illustre et antique église de Cologne a été rendue à sa dignité d'église métropolitaine, et que les élections des évêques dans tout le royaume se feront, suivant l'ancien usage, par les chapitres; lesquelles élections, reconnues canoniques par le saint Siége, seront confirmées par lui, lorsque les évêques élus auront été jugés capables suivant les règles des saints canons, et après les informations et les procédures ordinaires.

Nous espérons, avec la miséricorde divine, pouvoir vous annoncer bientôt l'organisation des diocèses d'un autre Etat de l'Allemagne, et sucessivement celle de quelqu'autre portion de cette grande contrée. Tant qu'il plaira à Dieu de nous conserver en vie, nous ne cesserons de consacrer tous nos soins à l'avantage et à la splendeur de toutes les églises, et en particulier de celles qui ont un besoin plus pressant de notre secours. Nous espérons, et nous désirons ardemment, que tous les souverains secondent nos soins paternels, dont l'unique but est d'assurer le bien spirituel des fidèles, et de faire que la protection et la sûreté restent toujours à notre très-sainte religion, sur laquelle est établi le plus solide appui des royaumes, des autorités légitimes, et de la tranquillité des peuples ».

—Le jour de l'Assomption, S. S. a assisté, dans sa chapelle, à la messe solennelle, chantée par M. le cardinal Pacca. La veille, le saint Père avoit reçu, en audience particulière, M. le comte Appony, ambassadeur d'Autriche, qui lui a présenté, de la part de son souverain, un magnifique ostensoir de vermeil, et une collection en pâte, parfaitement exécutée, de toutes les pierres précieuses du cabinet de Vienne. Ces présens étoient accompagnés d'une lettre de l'empereur, qui prioit S. S. de les recevoir comme une marque de sa sensibilité pour l'accueil qu'elle lui avoit fait à Rome.

M. Jean Barberi, fiscal de la chambre apostolique, est mort, le 14 août, à l'âge de 71 ans. Sa vie

laborieuse, ses connoissances, son intégrité, sa prue dence, et le courage qu'il avoit montre dans les der nières persécutions, lui avoient acquis l'estime générale.

PARIS. Le lundi 3 septembre, des messes ont été ce lébrées, toute la matinée, dans l'ég ise des Carmes de la rue de Vaugirard, et dans la chapelle du fond dụ jardin contigu au couvent, qui fut le principal theatre des massacres. Un grand nombre d'ecclésiastiques et de fidèles ont visité ces lieux pleins de tristes et de glorieus souvenirs. A deux heures un quart, M. l'abbé Rauzan est monté en chaire; il avoit pris pour texte ces paroles de l'Apôtre : Et nos tantami habentes impositam nu◄ bem testium, per patientiam curramus ad propositum nobis certamen. L'orateur s'est attaché à faire voir que la mort des confesseurs de la foi nous offroit de grands exemples et de hautes leçons. Il a peint rapidement l'origine et les progrès de l'incrédulité en France, et l'a montrée dominante enfin, et travaillant de tout son pouvoir à effacer toutes les traces de la religion. Elle rencontra un puissant obstacle dans le zèle et la fermeté du clergé. Le corps épiscopal défendit avec vigueur les droits de l'Eglise et l'autorité du saint Siége des pontifes et des prêtres scelièrent de leur sang la confession de leur foi; et, tandis qu'une fureur aveugle les immoloit sur tous les points de la France, la vertu de leur sacrifice intercédoit pour une ingrate patrie, et nous traçoit la route où nous devons marcher. M. l'abbé Rauzan a célébré avec beaucoup d'ame et d'accent la glorieuse fin de ces honorables victimes, et a su faire entrer dans son plan des morceaux pleins de sentiment sur la famille royale. Son discours a été suivi de la bénédiction du saint Sacrement, après laquelle une quête a été faite pour les enfans délaissés de l'œuvre établie par Mme. de Carcado. L'église n'a pu contenir tous ceux qui s'étoient présentés pour entrer. M. le nouce, M. l'évêque de

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