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1789.

Le peuple avait pris à Paris et à Versailles

M. de Juigné l'habitude des mouvemens séditieux. Sa fuest poursuivi

par le peuple reur fut dirigée contre l'archevêque de Paris,

ans les rues de

Versailles. M. de Juigné, prélat dont les vertus bienfaisantes étaient dignès des premiers temps

de l'église, et qui, dans l'hiver de cette même année 1789, avait donné plus de deux cent mille francs aux pauvres. On lui reprochait de mettre des obstacles à la réunion d'une partie du clergé. Il fut insulté et poursuivi à coups de pierre dans les rues de Versailles.

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Sans la vitesse de ses chevaux, il pouvait 1789. expirer sous les coups de ceux qu'il venait de nourrir. Il fallait bien que les chefs du peuple eussent l'intention de le conduire à de grands attentats, pour l'exciter à une si monstrueuse ingratitude, M. de Juigné parut le lendemain, conduit par l'archevêque de Bordeaux, au milieu de l'assemblée nationale. Le président, M. Bailly, lui adressa ces paroles : « L'acte d'union et de paix que » Vous venez de faire était la dernière cou

Pétion de Villeneuve.

D'André pour la deuxième fois.

L'abbé Grégoire

De Mirabeau,

Duport.

De Noailles.

De Montesquiou.

Tronchet.

Chabroud.

Reubel,

D'André pour la troisième fois.

D'Auchy.

Alexandre de Beauharnais.

Charles de Lameth.

De Fermon.

D'André pour la quatrième fois.

Dupont de Nemours pour la deuxième fois.
Thouret pour la troisième fois.

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1789.

»ronne qui manquât à vos vertus. >> Cepen

Représentations dant la majorité de la noblesse osait encore

faites au roi

par la moblesse résister aux vœux ardens du peuple, aux

contre la réu

ordres.

(27 juin.)

nion des trois vœux présumés du roi. Elle avait chargé d'exprimer à Louis XVI les motifs de son opposition. «Votre majesté, dit le duc de » Luxembourg, président de la noblesse, doit » tout craindre d'une assemblée unique dont >> la violence s'est annoncée par un serment » téméraire et coupable. Si cette assemblée » nous voit arriver dans son sein, quel fruit ⚫ ne tirera-t-elle pas de cette nouvelle vic>>toire? Quel égard montrera-t-elle pour deux

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ordres dont elle a juré la ruine? Notre pré» sence accroîtra sa considération, son pou» voir, sans modérer ni ses prétentions ni » ses fureurs. Séparés du tiers-état, nous of» frons encore un contre-poids et peut-être » une digue à ses projets factieux. Notre po»sition est difficile sans doute; mais, Sire, » laissez-nous des périls où nous nous plaisons, puisque nous les encourons pour le » trône. Contre une force d'attaque dont l'im» pétuosité va toujours s'accroissant, laissez⚫ nous employer la force d'inertie. Ce n'est pas trop que de deux sanctions à donner à » tous les décrets qu'on prépare dans cette > assemblée. La résistance de l'autorité royale

» sera faible et nulle, si celle de la noblesse 1789. » est d'abord écartée. Tous les amis du trône » et ceux même de la liberté, frémissent de » voir le tiers-état s'emparer de la puissance » législative dans toute sa plénitude. Dans le >> conflit que nous nous engageons à soute »> nir, tous les actes de votre médiation se>>ront sacrés pour nous. Les sacrifices que » vous nous avez demandés dans votre séance » royale, nous sommes prêts à les ratifier ; >> mais conservez-nous au moins la liberté de » vous en offrir de nouveaux. »

« Non, répondit le roi, je ne puis laisser ma fidèle » noblesse soutenir une lutte trop inégale. Il >> est de mon devoir, il est dans mon cœur » de lui sauver des périls manifestes. Eh! » que n'auriez-vous pas à craindre d'une mul» titude qui n'a point respecté dans M. l'ar» chevêque de Paris, de Paris, son bienfaiteur, son

» guide spirituel.» «Sire, reprit M. de >> Luxembourg; il n'est aucun de nous qui >> ne s'attende et ne s'apprête à mourir vic» time de la fureur populaire. Mais les atten>tats commis sur nos personnes, frapperont » de nullité les opérations d'une assemblée » qui se sera délivrée par des meurtres du >> tiers de ses membres. » «Voilà, reprit » le roi avec une vive émotion, ce qu'il m'est

$1789.

impossible de souffrir. Mes réflexions sont > faites. Je suis déterminé à tous les sacri»fices. Je ne veux pas qu'il périsse un seut » homme pour ma querelle. Dites donc à » l'ordre de la noblesse que je le prie de se réunir aux deux autres; si ce n'est pas » assez, je le lui ordonne; comme son roi, » je le veux. >>

b

Je suis sûr qu'il n'est pas un de mes lec teurs qui n'éprouve ici un saisissement douloureux. Tous les malheurs de Louis XVI, et tous les nôtres, nous semblent écrits dans les mots : Je ne veux pas qu'il périsse un seul homme pour ma querelle. L'état c'est moi, avait dit Louis XIV, et je ne disconviens pas que ces mots, pris dans un sens trop absolu, pourraient conduire au despotisme oriental; mais, lorsqu'un monarque est en danger, aussi-bien que la monarchie, il ne doit pas oublier que l'état c'est lui-même, et je ne sais pourquoi il n'opposerait pas à des factions les armes qu'il opposerait à de dange reux voisins. Dans tout ce que nous aurons à rapporter de Louis XVI, l'homme humain, l'homme juste et pieux, le saint même va se montrer sans cesse ; le roi ne nous apparaî tra que rarement.

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