faites ne peuvent qu'être funeftes pour lui. On apprend de Suede qu'il y est tombé une fi grande quantité de neige que les chemins font impraticables.

BERLIN (le 30 Novembre.) Le 23 de ce mois, vers 3 heures après midi, le roi, accompagné du prince de Wurtemberg, des lieutenans-généraux Lentulus & de Krokow, ainsi que du miniftre comte de Werthern, fe rendit au palais de la princeffe de Pruffe. S. M. y tint fur les fonts de baptême la princeffe nouvellement née, qui reçut les noms de Fréderique-Louife-Wilhelmine. Ce fut le Sr. Cochius, chapelain de la cour, qui fit la cérémonie du baptême dans l'appartement même de S. A. R.

RATISBONNE (le 26 Novembre.) Le 15 de ce mois, la diete reprit fes féances pour la premiere fois depuis les vacances; mais on n'a pu rien mettre fur le tapis, parce que les miniftres directoriaux du college des princes & plufieurs autres ne font pas encore de retour. Il s'eft tenu cependant ces jours derniers, chez les miniftres proteftans, une conférence, où l'on affure qu'il à été queftion de minuter un projet de fuffrage fur les objets de la vifitation qui doivent être examinés, dès que les délibérations auront repris leur entiere activité.

On apprend de Wetzlar qu'il y eft furvenu quelques difficultés au fujet de la convocation du fubdélégué du college des comtes, & l'on craint que cet incident ne porte quelque obftacle au travail dont doit s'occuper la feconde claffe de la députation, qui depuis le 1er. de ce mois, a relevé la premiere.

On raconte ici l'anecdote fuivante. Un officier Décembre. 1774. ae. quinz.

B

flattant qu'il pourroit trouver à Vienne on emploi plus avantageux que celui qu'il occupoit dans fa patrie, fe rendit dans cette ville, où il follicita vainement pendant quelques mois. Quoiqu'il eut pris le parti de vivre avec la plus grande économie, l'argent ne tarda pas à lui manquer; il y fuppléa en vendant fucceffivement tous fes effets; mais ces reffources s'étant épuisées, fans avoir rien obtenu, & fa fituation devenant chaque jour plus critique, le défefpoir lui infpira un deffein fort étrange. Il écrivit à l'envoyé Turc qu'il étoit prêt à fe faire circoncire, s'il vouloit lui affurer un emploi, au moyen duquel il pût vivre honnêtement. Sa lettre étoit écrite en françois, parce qu'il avoit oui dire que Suleiman-Effendi entendoit cette langue; elle fut mife à la petite pofte, mais avec tant de précautions & fi fortement recommandée, que le directeur du bureau crut qu'il s'agiffoit d'affaires d'état; cn conféquence, il fe hâta de la porter au gouverneur, qui fit venir l'officier. Il l'interrogea fur le contenu de cette lettre, & apprit de fa bouche ce qu'il fçavoit déjà, puifqu'il l'avoit ouverte & lue; il lui ordonna les arrêts, & inftruifit le fouverain de ce qui s'étoit paffé; ce grand prince voulut voir le fujet, & fçavoir de lui-même la caufe qui avoit pu le porter à cet acte de défefpoir. « Sans emploi, fans reffource, réduit à mourir de faim, je n'avois plus que deux partis à prendre, répondit l'officier; il falloit ou me déshonorer par quelque crime, ou facrifier ma religion. J'ai mieux aimé vivre en mahométan, que d'être l'opprobre de mon nom, de ma famille, de la fociété, que j'aurois outragée par mes crimes, fans ceffer d'être chrétien ». Le prince touché de l'état de ce militaire, ne crut point devoir l'affliger par des réprimandes; il lui accorda fur le champ une penfion honnête, &

l'expectative de la premiere place qu'il pourroit remplir. Lorfqu'il l'eut raffuré par fes bienfaits, il lui fit fentir que l'apoftafie ne déshonoroit pas moins que les autres crimes; que fi elle ne conduifoit pas fur l'échaffaud, elle faifoit toujours méprifer le coupable, & par la religion qu'il quittoit, & par celle qui le recevoit."

MUNICH ( le 23 Novembre.) L'électeur, notre fouverain, ayant été informé qu'il s'étoit introduit plufieurs abus dans l'instruction de la jeuneffe de fes états, a fait publier un réglement qui mérite d'être connu, & qu'on pourroit propofer pour modele à plufieurs états d'Allemagne.

On apprend de Schwandorff dans le Brifgaw, que le 30 du mois dernier, le nommé Gafpard Heiff, chaffeur, & le meunier de l'endroit, étant -occupés, avec plufieurs ouvriers, à travailler dans un étang, ils entendirent tout-à-coup un bruit fouterrein; & au heu de l'eau qu'ils vouloient faire écouler, il fortit de la partie inférieure une efpece de torrent de feu. Le fils du meunier en fut bleflé à la joue droite, & fa fœur par tout le vifage, ainsi qu'une fileufe, qui étoit près d'elle. Ce feu brûla pendant 4 minutes, s'éleva à la hauteur de la maison, dont il enflamma les murailles extérieures, quoique mouillées; mais on réuffit à l'éteindre. On croit que le tremblement de terre du II Septembre dernier, a donné lieu à ce phénomene.

VIENNE (le 30 Novembre. ) Aujourd'hui fête de St. André, patron de l'ordre de la Toifon d'or, l'empereur, précédé des chevaliers & fuivi de toute la cour, s'eft rendu à la grande chapelle, où il a affifté au service divin. S. M. I. a diné en public dans le grand fallon, & les chevaliers de l'ordre

ont été fervis, fuivant l'usage, à une table à côté de celle de l'empereur. On ne fçait point encore quels font les chevaliers de nouvelle création.

Leurs M. I. & R. ont nommé leur ministre plénipotentiaire à la cour de Danemarck le comte Joseph de Kaunitz, fils cadet du prince de Kaunitz, chancelier de cour & d'état. Ce nouveau miniftre fe difpofe à partir pour Copenhague, où il remplace le baron de Wiedman, qui en eft de retour.

Don Spiridion Afprea, né dans l'ifle de Corfou fous la domination de la république de Venife, & iffu d'une ancienne famille noble de l'ifle & royaume de Candie, prêtre & archimandrite, ou abbé grec de l'abbaye de Notre-Dame Dikoea, (la juste), a fait profeffion de foi de l'églife catholique-romaine dans la petite chapelle de la cour, en préfence de LL. MM. Imp. & R. & de L. A. R. Le P. Jofaphat Baftaffitfch, prêtre de l'ordre de St. Bafile le Grand, a célébré dans la chapelle de la cour la meffe, fuivant le rit & l'ufage de l'église grecque orientale, conformément à ce qui eft prefcrit par la bulle 33me. émanée du pape Grégoire XIII, l'an 1575, & par le concile de Trente, & il a en même tems reçu la profeffion de foi de D. Spiridion Afprea, qui s'est réuni à l'église catholique-romaine.

ITALI E.

ROME ( le 23 Novembre.) Le cardinal Vifconti, nonce du St. fiege à la cour de Vienne, eft entré au conclave le 16 de ce mois, ainfi que les cardinaux de Serfale, archevêque de Naples & de Migazzi, archevêque de Vienne, qui font arrivés ici, l'un le 16, & l'autre le 19. Le cardinal Caftelli, qui étoit forti du conclave, y eft rentré. On n'attend plus pour procéder à l'é

fection, que le cardinal de Solis, qui ne pourra guere fe rendre ici avant les premiers jours de Décembre. Les cardinaux portugais ne viendront pas au conclave.

Les cardinaux miniftres ne font pas dans l'inaction. Ils rédigent divers projets relatifs aux différentes branches d'adminiftration de l'état eccléfiaftique, dans le deffein de les préfenter au futur fouverain pontife. La chambre apoftolique, de fon côté, n'étant pas fatisfaite des comptes rendus par le Sr. Bifchi, fur la régie des grains, a chargé le prélat de Wecchis, préfet de l'annone, d'exiger de lui des états plus détaillés fur l'emploi des deniers qui lui ont été confiés. Il femble qu'on ne fe propofe d'éclairer de fi près la conduite de cet ancien régiffeur, que parce qu'il avoit la confiance du feu

pape.

On a procédé à la vente de quelques effets que le feu pape avoit laiflés au couvent des 12 apôtres, & qui auroient pu s'y gater; ils confiftoient en vin, tabac, cacao &c., préfens qui lui avoient été envoyés par le roi d'Efpagne.

Le prélat Potenziani, gouverneur de cette capitale, a fait arrêter quelques perfonnes, foupçonnées d'avoir eu quelque part à la compofition ou à la publication des fatyres qui ont attaqué la mémoire de Clément XIV; mais, malgré ces recherches, on ne ceffe de mettre au jour ces produc-tins déteftables appellées Pafquinades. On en voit dans toutes les rues de cette capitale : on en lit danstous les cafés; & ce qu'il y a de plus étonnant c'eft qu'elles ont franchi les barrieres du conclave, on affure qu'on a eu l'impudence d'en afficher à la porte de la cellule de quelques cardinaux. La piece fatyrique intitulée Le fermon de St. Pierre, dont on a parlé, contient 120 ftrophes, toutes marquées au coin de l'impofture & de l'impiété..