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annuel de 12 mille piaftres; S. H. leur en fit la remife, pour cette année, en dédommagement des vaiffeaux que cette république a perdus dans la derniere expédition des Dulcignotes. Le même jour, on diftribua aux janiffaires quelques mois, d'arrérages de folde.

Le grand-vifir partira d'ici le 7 de ce mois, & le grand-feigneur le 8, pour aller recevoir le fangiak-chérif, qui fera tranfporté dans le ferrail. On peut fe rappeller les fcenes fanglantes dont le Sr. Brognard & fa famille furent les victimes, lorfque cet étendard de Mahomet partit pour l'armée. Afin d'éviter la fureur fanatique des mufulmans, qui prétendent qu'un chrétien qui a ofé porter fes regards fur ce fignal de guerre eft digne de mort, les patriarches grecs & arméniens ont rendu une ordonnance par laquelle ils défendent à tous ceux de leur communion de paroître dans les rues, ni aux fenêtres, le jour que le fangiak-chérif entrera dans cette capitale.

Le grand-feigneur a envoyé à Iffed Méhémet pacha la peliffe d'honneur pour le confirmer dans la charge de grand-vifir. Suleyman-coujougi pacha, qu'on a dit avoir été nommé beglierbey de Natolie, a reçu ordre de fe rendre à Gallipoli, & d'y attendre de nouvelles inftructions. Abderrefah-effendi, qui avoit été exilé au château de Corcia, après la déroute de Kofledgé, eft attendu dans cette capitale, où S. H. l'a rappellé.

Le Sr. Alexis Ypfilandi. vient d'être confirmé dans la place de dragoman de la Porte, dont il rempliffoir les fonctions ad interim.

Sur les inftances de la fultane, fœur du grandfeigneur, le corps du feu grand- vifir, fon époux, a été transporté d'Andrinople ici, & enterré dans la mofquée du faubourg d'Ayoub.

Par les dépêches d'un Tartare, arrivé ici de la Crimée le 18 du mois dernier, on apprend qu'Y

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anikli-Ali pacha ayant débarqué à Balaclava, a attaqué & défait un gros détachement ruffe ; que le prince Dolgorouki, qui s'étoit avancé pour rétablir le combat, avoit été battu lui-même; que dans -ces entrefaites, les Tartares ayant pris les armes s'étoient jettés avec fureur fur les Ruffes, dont ils avoient malfacré un grand nombre à Bagtsché, Serraï, & autres endroits; que ces fuccès avoient tellement refferré le prince Dolgorouki, qu'il étoit entré en négociation avec Ali-pacha, & fe propofoit d'abandonner Kirsch & Jenikalé, lorfqu'on apprit la conclufion de la paix. Les hoftilités ont ceffé auffitôt ; mais les deux généraux font convenus de garder les poftes dont ils étoient en pof feffion à la réception de cette nouvelle, en attendant les ordres ultérieurs de leurs cours refpe&ti

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On apprend qu'une partie de l'armée du maréchal de Romanzow eft encore à Schumla, où elle reftera, dit-on, jufqu'à ce que la Porte ait rempli toutes les conditions ftipulées dans le traité de paix, fur lefquelles le gouvernement continue de garder le filence.

Le courier qui avoit été chargé de porter la nouvelle de la conclufion de la paix à la flotte ruffe dans l'Archipel, a repaffé ici pour retourner en Moldavie.

(La date du dernier article de Conftantinople eft du 18 Août, & non du 18 Septembre. ) RUSSI E.

PETERSBOURG (le 23 Septembre.) On célé bra ici, le 10 de ce mois, avec beaucoup de pompe, la fête de St. Alexandre Newski, patron de l'ordre de ce nom. L'impératrice, revêtue du manteau de l'ordre, & ayant une petite couronne fur la tête, fe rendit à l'églife de Notre-Dame de Cafan, & y affifta au fervice divin. La ville fut illuminée le foir; il y eut bal dans la galerie pour

les 4 premieres claffes de la nobleffe. S. M. I., le grand-duc & la grande ducheffe honorerent cette affemblée de leur préfence: les princes de HeffeDarmstadt & de Holftein-Gottorp s'y trouverent auffi; il y avoit quelques jours qu'ils étoient arrivés de l'armée de Romanzow.

Il est décidé que les réjouiffances de la paix fe feront à Moscou. On s'occupe déjà, dans cette ancienne capitale de l'empire, de tous les préparatifs néceffaires pour la réception de l'impératrice, & de toute la cour. Comme ce voyage doit fe faire en traîneaux, il n'aura lieu qu'au mois de Décembre prochain, lorfque les neiges en faciliseront l'exécution. On a déjà expedié une ukafe pour cet effet.

Le comte Alexis Orlow ne fera point chargé, comme on le croyoit, de l'ambaffade de Conftan tinople, c'eft fur le prince Nicolás dé Repnin qu'est tombé le choix de l'impératrice. Ce général eft déjà parti, avec une fuite de plus de 500 perfonness mais avant que de fe rendre à Conftantinople, il prendra, dit-on, le commandement de l'armée, & fera chargé de différentes difpofitions relatives à l'affermiflement de la paix.

On a été fort alarmé fur l'état du maréchal de Romanzow, qui étoit dangereufement malade en Moldavie; mais on apprend par un courier qui vient d'arriver, que ce général eft entré en convalefcence, & qu'il ne tardera pas à être entiere ment rétabli,

Le duc de Bragance, après avoir vu tout ce que cette ville & fes environs offrent de plus remar quable, eft parti pour Stockholm; l'impératrice lui a fait préfent d'une peliffe des plus riches. Ce prince & le comte de Zinzendorff retourneront par Copenhague à Vienne.

Il у a quelques jours que le lieutenant géné ral prince de Czerbatow eft revenu ici de nos

provinces afratiques, où il commandoit les troupes deftinées à agir contre Pugatfchew. On ne fcait pas au jufte quel eft l'état des affaires fur le Jaik & le Volga. On dit que les rebelles fe font enfon cés dans des déferts où l'on ne fera point tenté de les poursuivre.

SUEDE.

STOCKHOLM (le 3 Odobre) Les troupes qui formoient le camp de Lund en Scanie, fe font féparées le 19 de ce mois, & ont repris la route de leurs quartiers; elles devoient manoeuvrer pendant un mois; mais les téms orageux en ont abrégé le terme de 8 jours. On a fait dans ce camp l'effai d'un nouveau réglement concernant la difcipline, l'entretien & l'économie militaires ; il contient plufieurs articles qui n'ont pas encore été publiés. On a remarqué que l'efcadre ruffe, commandée par le vice-amiral Barfch, s'eft tenue à l'ancre près de l'ifle de Bornholm, entre le Danemarck & la Scanie, pendant tout le tems qu'ont duré les manœuvres de nos troupes. En partant de ce camp, le roi s'eft rendu à Carlfcron, où il a examiné le nouveau chantier, & vu lancer à l'eau le Prince Frederic-Adolphe, vaiffeau de guerre neuf de 60 canons. De-là, S. M. a repris la route de Gripsholm, par Chriftianstadt, Stromferun, Norkipping &c. Elle y eft arrivée le 25 & y a été reçue par la reine, qui s'y étoit établie quelques jours auparavant. Le duc & la ducheffe de Sudermanie font partis du camp pour Gothenbourg, d'où L. A. R. ne font point encore de retour.

Le 30, au foir, le roi arriva en cette capitale. Le 1er. de ce mois, S. M. admit à fon audience le chambellan Nariskin, chargé de complimenter S. M., de la part de l'impératrice de Ruffie, fur le mariage du duc de Sudermanie. L'après dinée, le roi retourna à Gripsholm.

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S. M. a fait remettre 300 tonnes de feigle aux surés de cette ville, pour en faire la diftribution aux pauvres de leurs paroiffes. Six vaiffeaux marchands, chargés de cette denrée, font partis d'ici pour Amfterdam; il y a environ un fiecle que l'exportation n'a point eu lieu dans ce royaume.Ce furcroît d'abondance eft dû aux vues économiques du roi & aux encouragemens qu'il n'a ceffé de donner aux cultivateurs depuis fon avénement au trône. La diftillation de l'eau-de-vie, que fa fageffe avoit fait fufpendre, va être permife de nouveau; mais elle ceffera d'être tolérée lorfque, les grains monteront à un certain prix: d'ailleurs, S. M. n'ac cordera ce privilege qu'à quelques particuliers qui fe conformeront aux réglemens qui leur feront prefcrits.

Les habitans de la Gothie occidentale, qui font fi célebres par leurs fuccès dans l'agriculture, qu'on dit d'eux que la nature les a faits cultivateurs, ont eu une récolte très-abondante, & fourniffent de grains les principales villes des montagnes, & cel les qui font à la proximité des mines. Une petite ville du plat pays a follicité un ordre du roi pour interrompre ce commerce; mais S. M. n'a pas jugé propos de lé reftreindre en accordant un privilege qui auroit nui à fes autres fujets.

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Le roi avoit publié une ordonnance, il y a quel que tems, pour faciliter la maîtrife aux ouvriers compagnons, qu'on avoit coutume de ruiner en les recevant maîtres, parce qu'on exigeoit d'eux beaucoup au-delà de ce que devoit payer l'induftrie qui peut être utile, & faire baiffer le prix de la main-d'oeuvre; les orfêvres & les jouaillers ont repréfenté à S. M. qué leur profeffion étant d'une nature différente des autres, ils fouhaitoient de n'être point foumis au nouveau réglement; mais lé roi a répondu qu'il ne vouloit pas qu'un citoyen fût traité autrement qu'un autre citoyen.

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