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tonneaux qu'ils difoient être remplis de couleurs, la matière ayant été mise à la coupelle, on a trouyé qu'elle étoit très-riche en or. Cette découver◄ te & d'autres raisons ont déterminé le miniftere à rendre une ordonnance qui défend à tous les Juifs de faire aucun commerce dans les villes ou bourgs, à moins qu'ils ne prouvent qu'ils poffedent au moins 100 ducats; on faifira ceux qui n'étant pas dans ce cas, n'ont fouvent d'autre reffource que de faire valoir une induftrie nuifible aux autres citoyens, & ils feront condamnés à labourer ou à défricher les tèrrès des nobles.

On continue d'affurer, que les troupes ruffes hiverneront en Wolhynie & en Podolie, & qu'elle's y payeront argent comptant toutes les denrées que ces provinces ont ordre de leur fournir.

Nous avons dit précédemment que le Sr. Bénoît, miniftre de Pruffe à Warfovie, avoit remis à la délégation une carte des limites dans lesquelles fa cour croyoit devoir borner les nouvelles acquifitions qu'elle a faites fur la Pologne, & que la république, de fon côté, lui avoit fait remettre des obfervations fur cette carte. Elles contenoient en substance, « que, par le traité, la république, en cédant à la cour de Berlin le diftri&t de la Grande Pologne en deçà de la Netze ou Notecz, en longeant cette riviere depuis la fontiere de la Nouvelle-Marche jufqu'à la Viftule près de Fordon & Suletz, n'avoit entendu céder que les parties des palatinats de Pofnanie & de Gnefne qui font fur la droite de la Norecz, & que du point de la frontiere de ce dernier palatinat, le plus voifin de la Viftule, qui eft Nakel (ou Naklo), il feroit tiré une ligne de démarcation par le palatinat d'Inowroclaw jufqu'à la Viftule, de forte que cette ligne, en commençant à la Notecz qui fait la féparation entre les palatinats de Gnefne & d'Inowroclaw ( & longeant à peu près la riviere Brda ), iroit aboutir au point de la Viftule le plus prochain, entre Fordon & Soletz; mais qu'au lieu de cette dé marcation, les limites, tracées par la carte de la cour de Berlin, s'étendoient plus loin, & qu'au lieu d'une très-petite portion du palatinat d'Inowroclaw, elle's

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ajoutoient aux nouvelles poffeffions de S. M. Pruffienne la plus grande partie de ce dernier palatinat, & une partie de celui de Brzefc en Cujavie, jusqu'à la fource de la Notecz au-delà du lac Goplo; que cependant, cette étendue étoit évidemment contraire au fens & à la lettre du traité, puifqu'il auroit été inutile d'y défigner le terminus ad quem par l'expreffion des villes de Fordon & de Soletz, fi la ceffion devoit s'étendre beaucoup au-delà de ces endroits jufques dans le palatinat de Brzefe, & à la fource de la Notecz dans le lac Goplo ".

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En réponse à ces obfervations, le Sr. de Bénoît a remis à la délégation, le 20 du mois dernier, un mémoire d'autant plus curieux, qu'on y trouve de nouveaux principes fur la matiere fi importante de l'interprétation des traités. Voici ce qu'il contient :

L'illuftre délégation ayant fait faire quelques remarques fur la carte géographique que le roi mon mai tre lui a fait communiquer, le fous-figné a été chargé d'y répondre article par article par les obfervations fuivantes.

61.9

Ad lum. « L'argument contenu dans cet article ne décile rien contre la démarcation du roi, S. M. n'ayant rien fait occuper au-delà de la Nerze que ce qui appar tient à cette riviere (*). Comme elle doit avoir, feJon le traité de Warfovie, la riviere, de Netze en entier, il faut qu'elle en ait aufli les deux rives, ainfi que le fous figné l'a déjà fuffifamment démontré. Sous Je nom de rive, il faut comprendre nécessairement tout le

Pour mieux entendre la difcuffion contenue dans “dette piece, voici les mots du traité entre 5. M. Pruf fienne & la délégation, qui en font l'objer. S. M. le roi de Pologne...; & les ordres & états-généraux du ro yaume de Pologne & du grand duché de Lithuanie cedent le diftrict de la Grande Pologne en deçà de la Netze, en longeant cette riviere depuis la frontiere de la Nou velle Marche jufqu'à la Viftule près de Fordon & Solet, de forte que la Nene faffe la Frontiere des états de S. M. le roi de Pruffe, & que cette riviere lui appartienne en entier: On fe rappelle que l'omillion de ces mots en enstier raifoit un des griefs de la cour de Berlin' contre la copie du traité, qui avoit été publiée avant qu'elle l'eût fait imprimer à Berlin. :

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terrein adjacent au fleuve, qui en eft fouvent inondé, & en fait partie alors, ainfi que les marais que cette riviere caufe par fes inondations. Cette interprétation eft conforme à l'ufage; & c'eft en conféquence du même principe que la couronne de Suede, après avoir obtenu par le traité de Weftphalie, la Poméranie citérieure & la riviere de l'Oder avec les deux rives, s'eft approprié une rive de deux milles d'Allemagne. D'ail leurs, le local a exigé que, pour ne pas féparer les poffeffions des particuliers, & caufer par-là de grands inconvéniens on ajoutât à la rive méridionale de la Netze quelques terres & qu'on réglât les limites telles qu'elles fe trouvent déterminées fur la carte remife à l'illuftre délégation ».

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A llum, «On admet que la frontiere de la Nouvelle-Marche foir le terminus à quo, & la Viftule près de Soletz le terminus ad quem; mais cela n'empêche pas que le roi ne puiffe prétendre tout le cours de la Netze, vec tous fes bras & toutes fes finuofités, jufqu'à fa fource, en y comprenant la lac Goplo, puifqu'autrement S. M. n'auroit pas la riviere de Netze en entier comme elle doit l'avoir felon le traité, mais feulement une partie. Il n'y eft pas dit que la limite doit longer Ja Netze jufqu'à la Viftule en ligne droite, & l'aban

aner à l'endroit le plus proche de la Viftule près de Soletz, Il ne peut donc être queftion ni de Nakel, qui n'eft pas même l'endroit le plus proche de la Viftule, comme on le verra aifément par la carte ni d'aucun endroit; & il eft naturel que cette limite pour comprendre la Netze en entier aille tout le long de la Netze jufqu'à fa fource, & de-là jusqu'à la Vistule près de Soletz ".

"L'induction tirée de l'expreffion près de Fordon & de Soletz, eft également précaire. On a ajouté le nom de Forden à celui de Soletz, pour mieux marquer le terminus ad quem par le nom d'un endroit plus connu, tel que Fordon; mais la véritable limite doit s'entendre de Pendroit le plus avancé qui cfi Solewz. D'ailleurs, tous les endroits fpécifiés nommément dans le traité, doivent être pris exclufivement, felon la raifon & l'ufage

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Ad Illum. "La Netze deit, fans doute, faire la frontiere des états du roi; mais, comme cette riviere change fouvent de cours & d'extenfion, il n'y auroit point de limites fures & certaines, fi l'on ne mettoit des poreaux fur la rive de la Netze, ou fur l'extrémité du ter rein qu'elle inonde fouvent »,

Ad Vum. « Cette interprétation unilatérale eft auffi forcée que contraire au fens littéral du traité de ceffion. La partie de la Netze qui doit appartenir au roi, n'eft aucunement déterminée par les mots allégués du traité. Ceux-ci s'expliquent plutôt par les mots fuivans, felon lefquels le roi doit avoir la Netze en entier; mais il ne l'auroit pas en entier, s'il ne devoit avoir que le cours en entier d'une partie de cette riviere. Le mot d'entier exprime affez toute la riviere, tant pour la longueur que pour la largeur, & il auroit été fuperflu de faire mention de la fource. Pour que cette interprétation de l'illuftre délégation pût avoir lieu, la république de Pologne auroit du ftipuler clairement qu'elle n'entendoit céder la Netze que jufques vis-à-vis de Soletz, & que la limite du roi devoit y quitter cette riviere, & aller en ligne droite fur Soletz. Elle peut y aller tout auffi bien en ligne courbe, & ce n'eft que de serre façon que le roi peut pofféder la Netze en entier ».

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"Ce qui eft ajouté dans cette remarque de l'Elément de l'eau, n'eft qu'un jeu de mots. Le roi doit avoir la Netze en entier, c'eft-à-dire avec les deux rives, qui en font un acceffoire inféparable. Il n'aura que l'Elément de l'eau, quand la riviere déborde; il aura du terrein, quand elle rentre dans fon lit,

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Ad Vum. « Toute cette conclufion tombe avec fes prémiffes: le roi ne veut ni commencer ni finir fa démarcation à la fource de la Netze. Il veut la commencer, felon la diftribution du traité, aux frontieres de la Nouvelle-Marche, & il veut la finir à la Viftule près de Soletz, mais en fuivant tout le cours de la Netze, avec fes rives & les différens bras qui y appartiennent, pour pofféder cette riviere en entier, felon les termes clairs & exprès du même traité. Cette prétendue extenfion ne fait pas au refte un objet immenfe, mais plutôt médiocre, comme l'infpection des cartes peut en convaincre toutes les perfonnes non prévenues,,

Ad Vlum. La petite lifiere que le roi a fait occuper au-delà du fleuve Drwnca, a fait ci-devant partie de la Pruffe-Polonoife, felon, toutes les notions qu'on en a, & elle fe trouve marquée ainfi fur plufieurs cartes. C'eft pour cette raifon que le roi l'a fait occuper. Il eft auffi aifé à prouver par un nombre de traités & de chartes, que ce district a été longtems poffedé par l'ordre teutonique, de même que toute la terre de Dobrzyn

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Le fous-figné croit avoir ainfi démontré que la carte des limites qu'il a remife à l'illuftre délégation, câ

exactement conforme à la teneur du traité de cemon & que les objections qu'on a jugé à propos d'y faire ne fçauroient la détruire. Le roi s'y tient invariablement, & la regarde comme la bafe unique de fa démarcation. Comme S. M. ne doute pas que la république ne défe re aux argumens par lefquels la cour impériale & royale a juftifié la limite, elle s'attend qu'on aura pour elle les mêmes égards dans cette négociation, & qu'on y obfervera l'égalité parfaite, qui doit avoir lieu à l'égard de toutes les parties intéreffées dans cet arrangement. Le fous-figné demande avec inftance que l'illuftrẹ délégation veuille donner en conféquence fès inftructions à fes commiffaires, pour régler uniquement fur les lieux la limite, felon la carte qui lui a été remife.

Ceux d'entre les membres de la délégation qui ont vu avec un déplaifir réel le démembrement de leur patrie, ont été extrêmement touchés de ce qu'à l'article IV le Sr. Benoît leur reproche d'as voir dû ftipuler plus clairement la ceffion que la république entendoit faire, tandis qu'il eft connu que les miniftres des trois cours co-partageantes, en préfentant à la délégation les traités de ceffion, déclarerent qu'elle devoit les figner fans y changer un feul mot, ou que la république alloit être traitée en ennemie par les troupes de leurs fouverains, prétes à entrer dans le royaume. Aurefte, il paroît par cette piece, que la cour de Berlin n'a aucune intention de reftituer ce qu'elle a pris fur la Pologne au-delà des limites qu'on avoit cru jusqu'à préfent prefcrites par les traités, & que les efpérances conçues d'après la conduite de la cour de Pétersbourg, dont nous avons parlé, n'étoient que peu ou point fondées.

Le baron de Rewitzki a répondu auffi aux remarques que la délégation avoit faites, fur les cartes des limites de la Pologne Autrichienne. (On donnera cette réponse dans le Journal prochain.)

THORN (le zer, Qdobre.) Tous les papiers publics ont été induits en erreur en rapportant que

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