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très-reftreinte, & prefque anéantie. On remarque que le comte de Branicki, depuis fon retour, ba lance l'exceffive autorité du prince Poninski. Lorfque l'impératrice de Ruffie lui accorda l'ordre de St. André, elle prit le cordon que portoit le grandduc, qui fe trouvoit près de S. M. I., & elle en décora elle-même le grand-général. La ftaroftie héréditaire qu'il a obtenue eft celle de Bialacerkiew, da ns la Lithuanie Ruffe.

Un objet dont la difcuffion fera plus intéreffante, eft celui qui doit fixer les revenus de la république, & la mettre en état de faire face aux dépen fes dont elle eft chargée. Les projets pour l'établiffement des impôts commencent à reparoitre en foule, & ils éprouvent, à l'ordinaire, plus ou moins de difficultés dans leur exécution. Quelques délégués ont manifefté, à cette occafion, leur pa triotifime & leur défintéreffement, en propofant que tous les officiers des différens départemens, commiffions particulieres & les membres même du confeil permanent exercent pendant 3 ans les fonctions de leurs charges, fans toucher les ho noraires qui y font attachés; mais cette propofition n'eut pas l'approbation de la pluralité, & l'on chercha même à la tourner en ridicule. Cependant on eft déjà convenu de la maniere de lever & d'employer 12 millions de florins polonois pour l'entretien de l'armée, dont un million est deftiné pour le corps des caders. On affure qu'on eft auffi d'accord fur les articles féparés à ajouter aux traités, excepté néanmoins celui qui concerne le commerce.

Tandis que la délégation cherche & combine avec tant de peine les moyens de fe procurer les fommes dont la république a befoin, le prince Poninski, paie argent comptant les 40 mille du cats dont il eft convenu avec le Sr. de Weffel pour l'acquifition de la charge de grand-tréforier

de la couronne. La facilité & la promptitude avec lefquelles il a déployé les heureux talens d'un ha bile financier, font dire à quelques perfonnes que la délégation devroit avoir recours à fes lumieres pour apprendre le fecret d'amaffer de groffes fom mes en peu de tems. Ce maréchal de la confédé→ ration, qui, après avoir exercé un pouvoir illimité va fe trouver borné aux fonctions de trésorièr vient d'envoyer en Hollande le Sr. Kempinski, fon homme d'affaires. Les uns difent que c'eft pour y placer des capitaux confidérables; les autres, qu'il eft chargé de découvrir les fources qui ont fourni les vérités hardies inférées dans les gazettes de Leyde, dont il est déjà parvenu à défendré l'entrée en Pologne. Depuis le décret prononcé contre ce papier public, plufieurs per fonnes qui ne le lifoient point, ont pris des me fures pour fe le procurer.

Les biens meubles & immeubles des jéfuites & leur argenterie font entre les mains de la dé légation; & comme on n'en avoit point encore tenu registre, l'évêque de Lucorie, dans une de fes féances, a demande que la commission prépo fée pour la vente des effets de la fociété éteinte, rendit un compte exact de l'emploi qu'on en avoit fait. Cette demande étoit en foi très-raifonnable; mais le prince Poninski, maréchal de la confédération, répondit, qu'il n'y avoit point de loi qui obligeát de rendre compte de ces opérations, cette claufe furtout n'y ayant point été inférée. Sur quoi le prélat repliqua, qu'il y avoit une loi plus ancienne qui défendoit de prendre le bien d'autrui, & qu'il voyoit bien qu'on fuivoit pour maxime: heureux celui qui tient On dit que la précieuse représen→ tation de l'églife des jéfuites de Cracovie, évaluée à 70 mille ducats, a été cédée pour moins de 8 mille à un des acquéreurs qu'on ne nomme pas. La commission pour l'éducation nationale de Po

logne a pourtant commencé à rétablir quelques écoles dans certains diftricts; mais le défaut d'argent, qui rentre difficilement dans la caiffe, rend fes opérations-fort lentes. On jette les hauts cris dans toutes les provinces du royaume contre ceux qui font caufe de ce retardement. On n'eft pas moins indigné de voir qu'il n'ait encore été affigné aucune penfion aux individus de la fociété fupprimée, & qu'un grand nombre de vieillards & d'infirmes n'ayent rien d'affuré pour leur subfiftance. La commiffion fur l'éducation. fe propofoit de réunir ces derniers en une ou deux maifons à leur choix, & de pourvoir à leurs befoins; mais fes meilleures intentions rencontrent tou jours de grandes difficultés ; & tandis qu'on perd le tems en projets & en belles promeffes, l'hu manité fouffre, & la justice réclame inutilement fes droits. C'eft le crime des acquéreurs, & non celui des particuliers, qui recueillent chez eux autant qu'ils peuvent des ex-jéfuites errans, fans feù & fans lieu, & vont pour eux des égards infinis.

Le 1er. de ce mois la diete fit fairentrée & ne refta que deux jours affemblée. On y représenta qu'il falloit accorder du tems à la délégation pour terminer les différentes affaires dont elle eft chargée, & furtout pour régler définitivement celle qui concerne la démarcation des provinces cédées aux trois cours alliés. Après quelques dé bats, il fut décidé que la diete fe fépareroit juf qu'au 15 Novembre prochain. Les miniftres d'Au triche & de Pruffe ont infifté ainfi que les délé gués, fur la fortie des troupes ruffes; mais il pa roit qu'elles hyverneront encore, cette année en Pologne. Quelques nonces fe font diftingués, pendant fes deux féances, par des difcours patrio tiques.

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.2 Le tribunal de Petrikau a envoyésici, en qua lité de députés le Sr. Carnyfz, doyen de Cujavie

& le Sr. Roy, ftarofte de Neuftadt, pour rendre compte au roi du commencement de fes opérations. Le comte Malachowski, qui en eft maréchal, eft, auffi arrivé ici. Le tribunal de Petrikau pour la Pologne, & celui de Wilna pour la Lithuanie, ont été établis le premier en 1578, & l'autre en 1581,1 pour juger en feconde inftance les caufes qui concernent les nobles, parceque depuis le regne de, Sigi mond-Augufte ceux-ci refufoient de comparoitre aux jugemens affefforiaux. Ils font compofés de juges eccléfiaftiques & féculiers. La nobleffe élit ces derniers, tous les ans, dans chaque palatinat ou district, fous la reftriction cependant, qu'un même fujet ne peut être admis au tribunal une feconde fois, qu'après un intervalle de quatre ans. Ce juges députés doivent être nobles, verfés dans les loix de la république, de bonnes mœurs, n'ayant point de procès, & pof fédant des terres dans le palatinat ou diftrict qui les a envoyés; mais comme dans plufieurs endroits, il faut qu'ils foient choifis à l'unanimité, il arrive fouvent que de ces palatinats ou terres il ne paroit point de député au tribunal. Quant aux juges eccléfiaftiques, chaque évêché en députe deux, parceque ces tribunaux jugent auffi les caufes du clergé. Lorfque tous les députés font réunis, ils fe choififfent un maréchal, dont la charge expire au bout d'un an, & qui ne peut être élu, ni même un autre de fon nom ou de fa famille, qu'après le terme de quatre ans; mais les juges eccléfiaftiques du tribunal de Petrikau ont leur propre préfident, qui eft toujours le premier des chanoines députés de Gnefne. Le choix du -maréchal eft alternatif entre la grande & la petite -Pologne, & même le tribunal s'affemble alterna tivement, depuis le lundi, après la fête de St. François jufqu'au dimanche des rameaux, à Petrikau, où l'on ne peut porter que les caufes de

la grande Pologne, & depuis le dimanche de Quafimodo jufqu'à la fête de St. François, à Lublin, où l'on juge exclufivement les caufes de la petite Pologne. Le tribunal de Lithuanie s'affemble de même alternativement la moitié dé l'année à Vilna, & l'autre moitié, lá premiere année à Novogrod, & la feconde à Minsk. Il n'a point été permis jufqu'à préfent d'appeller des arrêts de ces deux tribunaux, ni même d'en demander la caffation au roi; mais ce qui en rendoit P'utilité moins générale, c'eft qu'ils ne pou voient juger aucune caufe que la loi ne fût expreffe; & dans les cas où l'on ne pouvoit décider que par analogie, ils devoient renvoyer les parties à la diete. D'ailleurs, la corruption y étoit fréquente par l'influence que les grandes familles avoient, foit dans les jugemens mêmes, foit dans l'élection de députés qui leur étoient dévoués. Ainfi il étoit d'une grande néceffité pour le bonheur public qu'on penfât à mieux régler l'adminiftration de la juftice. Ce font les raifons qui ont fait projetter l'établiffement de la cour fuprême dont nous avons parlé; mais le fuccès n'en paroit pas certain.

On affure que la profcription lancée, le 15 du mois dernier, contre le prince Charles de Radziwil, palatin de Wilne, fera fuivie de celle des autres chefs de la confédération de Bar, tels que les comtes Potocki, Krafinski, Pac & Oginski; ce dernier eft menacé de voir bientôt fes biens confifqués, & fa charge de grand-général de Lithuanie déclarée vacante. Pendant que les ames honnêtes & fenfibles plaignent le fort de tant d'illuftres cirovens, leurs ennemis ardens à les pour fuivre précipitent leur chûte, dans la douce e'pérance de sélever fur les débris ce ces anciennes

maifons polonoifes.

On a arrêté dernierément deux Juifs, avec deux

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