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per toute communication entre eux. Quoiqu'il en foit, fi le général Gage eft obligé de tenir fes troupes dans le voisinage de Bofton, il ne fera point en état d'intercepter les députés qui vont former le congrès général à Philadelphie. Le Canada fe prop foit d'y envoyer les fiens, auffitôt que l'on auroit reçu les actes du parlement qui concernent cette province. En attendant com ne la récolte a été fort belle cette année, on char geoit à Quebec, fuivant une lettre de cette villela du 15 Août, un vaiffeau qui devoit porter du froment à Boston pour le foulagement des néceffiteux. En général, felon cette lettre, tous les habitans, Anglois, François, proteftans & catholiques du Canada, ne paroiffent nullement édifiés des. arrangemens faits par le parlement à leur égard.. Tous fe récrient contre les taxes qu'on veut leur impofer, fans les avoir préalablement confultés, & fans qu'ils y aient confenti. Ils réclament les droits & les privileges des fujets du roi. Ainfi l'on s'attend que l'acte du parlement n'y bera point reçu avec cet empreffement auquel on s'étoit at tendu. Une de fes claufes furtout révolte les poffeffeurs de terres; c'eft celle du rétabliffement des dîmes, qui rendront les prêtres fupérieurs à la plus riche nobleffe Canadienne puifque, depuis que le pays eft foumis à la domination Britannique, l'agriculture y a fait de fi grands progrès, que là où les dîmes, avant la conquête, ne produifoient que 50 liv. fterling, elles en rapportent 500 aujourd hui.

Les inftructions dreffées pour les députés de la Virginie au congrès général, font extrê mement fortes. On s'y éleve contre la proclamation par laquelle le général Gage déclare trabifon toute aflemblée pour y difcuter les griefs & les moyens de les faire redreffer, & enjoine aux magiftrats de fe faifir des perfonnes qui fe ren

droient à ces affemblées: on y taxe le général Gage de s'arroger un pouvoir que la conftitution refuse même à notre fouverain : &, après avoir expofé l'illégalité de fa conduite, foit comme gouverneur de la province de Maffachuffet - Baye foit comme commandant en chef des troupes du roi en Amérique, on finit par dire que l'exécution de cette proclamation, ou même le deffein de Kexécuter, juftifiera la réfiftance & les repréfailles. Les inftructions de la Penfylvanie font plus modérées on y raisonne de fang-froid fur les intérêts réciproques de la Grande-Bretagne & des colonies & fur les moyens de les réunir par le redreffement univerfel des griefs, qui y font mis fous les yeux du public avec beaucoup de précifion, & en affignant, du confentement des colonies, une fois pour toutes, un revenu fixe à la couronne. Enfin, les députés font chargés de propofer une députation au roi, & de ne rien faire que l'on n'ait vu l'effet de cette démarche, à laquelle cependant la province renonce au cas qu'elle ne foit pas goûtée au congrès général. L'expofé des griefs que renferme cette piece, & la fermeté qui y regne, ne donnent gueres lieu de croire que l'on faffe plier les Amé

ricains.

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Un voleur, en croifant fur une des routes de cette capitale, rencontra le foir, un homme affez bien mis, mais qui n'annonçoit pas une grande opulence, puifqu'il voyageoit à pied; il l'arrêta, & lui fit fon compliment ordinaire, qui étoit de remettre fa bourfe; il présenta en même tems, le bout d'un piftolet, qui appuyoit puiffamment fa demande. Le voyageur lui répondit fans s'émouvoir je ne vous enrichirai pas; car je n'ai qu'un fcheling; vous ne me trouvez ici que parce que je fuis malheureux; au moment où je vous parle des gens de lot chargés d'un ordre de m'ar

rêter pour 20 liv. fter., font dans ma maison; j'ai été prévenu de leur vifite, & j'ai quitté la ville pour les éviter; je vais chercher un afyle où je fois à l'abri de leurs recherches ; vous voyez que dans ma fituation; ma rencontre vous est peu avantageufe, & que je n'ai pas beaucoup de fujet de craindre la vôtre. Le voleur, qui l'écoutoit attentivement, remit fon piftolet dans fa poche, & plaignit un galant homme réduit à un fi trifte fort. Si votre rencontre, lui dit-il, m'eft peu utile, la mienne le fera pour vous. Je ne m'expli querai pas; vous voyez cette maison, ajouta-t-il en lui en montrant une à 20 pás de-là; trouvezvous y demain à 9 heures du matin, vous y arez de mes nouvelles. Je veux vous obliger prenez garde de chercher à me perdre. A ces mots, il quitta le voyageur, qui ne fut pas peu étonné de ce difcours, & du rendez-vous qu'on lui donnoit; il héfita d'abord s'il s'y trouveroit; mais comme il n'avoit rien à rifquer, & qu'il étoit curieux de fçavoir ce qu'un voleur feroit pour fon fervice, il fut exact à l'heure, & alla à la maifon indiquée. Il y attendit jufqu'à 11 heures, & fe difpofoit à fe retirer comme il étoit venu, lorfqu'il vit revenir fon voleur, qui le conduifit hors de la maison fur le chemin, en lui faifant mille excufes de l'avoir fait attendre. Lorf qu'ils furent hors de la vue de tout le monde il lui donna un billet de banque de 50 liv. fterl., lui dit qu'il étoit fâché de ne pouvoir pas faire davantage, & l'exhorta à aller payer fes créanciers & les fuppôts de la juftice; après cela, il le quitta, & laiffa l'autre fort étonné, rendant grace à un brigand qui le fecouroit, tandis qu'il étoit perfécuté par des gens qui paffoient pour honnêtes.

PAYS BAS.

BRUXELLES (le 6 Octobre. ) Le confeil des domaines &

finances de S. M. a rendu une ordonnance qui défend exporter du farrafiu en graine à l'étranger, tant par terre que par cau, par Turnhout, Anvers, St. Philippe, St. Nicolas, Bruges, Oftende, & Nieuport.

On abat actuellement les murailles de la vieille cour

brûlée, pour ériger le 4 du mois de Novembre prochain dans cet emplacement, la ftatue équeftre de gr. de duc Charles de Lorraine, gouverneur-général des provinces. Les états donneront à cette occafion une grande fête, & feront des réjouiffances pub'iques. Comme le caractere affable & bienfaifant de ce prince le fait univerfellement aimer, tous les citoyens s'emprefferont en même tems de lui donner des marques de leur attachement,

Les papiers publics étrangers & les lettres de Paris, rapportent les nouvelles fuivantes..

en

Il n'eft pas encore décidé fi le facre de S. M. T. Chrét. fe fera dans la capitale, ou à Rheims. Le peuple de la premiere de ces villes defire, ardemment que cette cérémonie s'y fafle, parce que dans la capitale, la foule immenfe de monde qui fe rend de toutes parts à un fpectacle auffi brillant, trouvera bien plus de commodités que dans une ville de province, & que d'ailleurs les frais & la dépenfe de la cour y feroient infiniment moindres. Ces deux raifons ont même engagé, dit-on, le con-trôleur-général à favorifer la propofition de faire le facre dans la cathédrale de Paris. D'un autre côté, il eft vrai que c'est un des plus beaux droits de la ville de Rheims ; mais "en même tems, fi elle en eft privée cette fois-ci, elle épargnera à es habitans des dépenfes excellives tr'autres cent mille écus pour un feul objet, le repas qu'elle eft obligée de donner au roi. Cependant il fe fait déjà à Rheims des difpofitions pour la cérémonie. L'intendant de Champagne s'y cft rendu plufieurs fois pour faire marquer les logemens & défigner les endroits qu'on devra laiffer libres pour le campement des troupes; & il a été publié une ordonnance à Rheims, pour défendre. les femailles dans les endrois défignés. La ville a demandé que la folemnité fût remife jufqu'après les femailles pour ménager les récoltes; mais elle n'a pas encore reçu de réponse, & l'on n'a pas envoyé non plus jufqu'ici au maire la lettre de cachet d'ufage, pour lui notiner les erdres du roi. Mr. de Sauvigny, intendant de Paris & premier préfident du palement, s'eft juftifié dans une Fettre dont 'on voit des copies, du blâme qu'on pourroit: répandre fur fa conduite, comme s'etant prêté, lors de La révolution de 1771 aux vues du chancelier. H

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fait voir qu'il y a été, pour ainsi dire, contraint, s'il ne vouloit s'expofer avec fon fils, qui lui eft adjoint dans l'intendance, aux plus extrêmes défagrémens. Ou prétend que ce magiftrat a déjà donné fa démiffion de la charge de premier président ».

« M. de Miromefnil, garde des fceaux, a écrit à M. de Malesherbes, premier président de la cour des aides, que le roi informé de fa probité & de fes talens, lui ren doir toute liberté ; &, fur fa demande

on lui a ac

cordé celle de 6 confeillers de fa compagnie. M. de Miromefnil a aut appellé auprès de lui les heutenans civil, criminel, & de police, & le procureur du roi du châtelet. On en ignore totalement les raifons. Ce magiftrat paroit gravé avec ces mots au bas de l'eftampe, Armand Hue de Miromefnil, premier préfedent du parlement de Normandie, & garde des Sceaux de France. Il y a quelque tems que le commencement de cette foufcription auroit fait une affaire férieufe au graveur, & à ceux qui auroient débité cette eftampe; mais aujourd'hui l'ancienne magiftrature prend fans rifque le ti tre des charges dont elle étoit revêtue, & foutient même ne les avoir pas perdus. On en tire un augure favorable pour la conciliation des affaires ».

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« Il regne dans les campagnes & principalement dans les villages des environs de Paris, des fievres malignes, & putrides, qui enlevent beaucoup de monde. On attribue cette épidémie à la mauvaise qualités des farines, provenant des bleds amoncelés qu'on a laiffé échauffer & gâter dans les magafins. On prétend que l'inhumanité, cet égard, a été pouffée fi loin, que ceux qui portoient de bons grains aux moulins, recevoient de ces farines altérées; les meuniers avoient des inftructions qu'ils ne fuivoient que trop fidelement. Le nouveau miniftre a donné des ordres bien différens. On a jetté dernierement dans la Seine une très grande quantité de ces bleds & farines, & l'on en a remis une plus grande encore aux amidoniers. Il a été nommé des commiffaires pour visiter ces maga fins, & l'intention de S. M. eft qu'ils s'acquittent de cette commiffion avec autant d'activité que de bienfaifance. Un particulier d'une ville de province a été depuis peu conduit à la Baftille pour avoir fait des levées effrayantes de bled; on dit qu'il avoit plus de 150 perfannes occupées de ce foin dans les provinces. Le cri pus blic eft qu'on va faire des perquifitions contre les citoyens barbares qui étoient à la tête d'un commerce inhumain qui a plongé tant d'honnêtes familles dans un état de lans

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