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qui compofoient la garnifon. Cette prife de pof feffion eft fondée fur une convention arrêtée & conclue entre notre cour & celle de Madrid. L'Endeawour eft de retour à Portsmouth depuis quel ques jours.

Des lettres de Bengale, reçues ici par le navire de la compagnie le Harcourt, portent qu'il y avoit une grande difette de vivres de toute efpece dans la province; que le riz & les autres denrées étant en Ta poffeffion de quelques perfonnes opulentes, beaucoup de monde avoit péri par la châleur & le manque des fubfiftances néceffaires à la vie ; enfin, que de commerce y diminuoit à vue d'œil.

Le patron d'un bâtiment arrivé de Portugal dans la Tamife, rapporte que deux frégates, l'uné Espagnole & l'autre Portugaife, avoient eul'une contre l'autre à la hauteur de Lisbonne un combat qui a duré trois heures, & que la dernie-re, après avoir été fort maltraitée, & avoir perdu une partie de fon équipage, avoit eu de la peine à regagner le Tage.

Les nouvelles des colonies angloifes font tou jours les mêmes. Les habitans de Bofton achetent les foldats qui forment le blocus de la ville. Ils offrent 5 guinées par tête, la franchife, le droit de bourgeoifie, & 20 arpens de terre à chacun de ceux' qui voudront quitter leurs drapeaux. Ces moyens attrayans leur réuffiffent, & les ordonnances que le général Gage y a oppofées, n'ont pas produit le même effet. Prefque tous les Américains, hommes & femmes, depuis l'âge de 18 ans, fignent l'efpece de ligue formée contre le commerce de la métropole; ils manifeftent une union ferme & générale pour refufer les marchandifes angloifes, & ils ont pris la réfolution de n'en ache

ter aucune.

On écrit d'Antigoa, & de plufieurs autres de nos ifles des Indes occidentales, que la confter

nation y eft générale au fujet de la refolution on font les colonies de l'Amérique de difcontinuer de leur envoyer des vivres, & autres provifions qu'elles avoient coutume d'y faire pafler; & que, pour y fuppléer, on avoit réfolu de faire croître dans les plantations du maïs, des pommes de terre, & autres denrées pour la fubfittance des efclaves, au -cas que la fufpenfion du commerce continue. On ajoute que les négocians d'Antigoa ont fait de mander le rétablillement du port de Bofton ou qu'on leur envoye d'Europe les fubfifiances néceffaires; fans quoi ils feront obligés d'abandonner la culture du fucre, du tabac, du riz &c. , parce que les habitans des Indes ne pourront envoyer leurs productions en Europe, faute de futailles.

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Voici le précis des différentes lettres qu'on vient de recevoir de Bofton.

Du 10 Août. « Les bâtimens de transport à bord defquels les fufiliers royaux de Galles, commandés par le colonel Sernard, s'étoient embarqués à la Nouvelle-York, arriverent ici hier: ce régiment débarquera dem, & campera fur la hauteur près du fort. Le général Gage, à ce qu'on aiture, a deman dé encore un renfort de troupes & de vailleau

Du 11 Août, « Le vailieu de guerre le Scarborough arriva ici d'Angleterre le 6 de ce mois, en 8 fem ines de trajet. Les dépêches dont il s'eft trouvé chargé pour le général Gage, lui ont été d'abord envoyées à fa maison de camp gne à Dan-ves. Le gouvernement lui a fait auffi remettre par ce navire to mille liv. fterl. pour l'ufage des troupes qu'il doit employer à l'expédion de Bolton ».

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Du 14 Août. « Le roi ayant nommé le Sr. Tho mas Oliver lieutenant gouverneur de cette province, fa commitlion fur publiée dans la chambre du confeil Salem, le 8 de ce mois, & il prêta ferment entre les mains du gouverneur Gage,

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ainfi que les Srs. Thomas Flucker, Fofter Hurchinfon, Harrison Gray, Joseph Lee, Ifaac Winslow, Guillaume Brown, Jacques Boutineau, Jofué Loring, Guillaume Pepperell, & Jean Erving, qui, par ordre du roi, ont été déclarés membres du nouveau confeil, & les autres membres ont été fommés par le général Gage de se trouver à l'affemblée de cette chambre à Salem après-demain, 16 de ce mois ».

Du 15 Août. «Le 13, le général Gage manda à la maifon provinciale les élus de cette ville & les informa de la claufe de l'acte du parlement, qui défend toute affemblée de ville fans la permiffion spéciale du gouverneur; après la leur avoir remile pour en faire la lecture, il leur dit, qu'il étoit difpofé, lorfqu'il en feroit requis

à

permettre une affemblée de ville, fi cette affemblée lui paroiffoit néceffaire. Les élus lui répon dirent que jufqu'alors les loix provinciales avoient été à cet égard la regle de leur conduite. A quoi le gouverneur repliqua qu'il étoit déterminé à mettre en exécution l'acte du parlement, & qu'ils feroient refponfables des mauvaises fuites qui pourroient en réfulter».

Suivant ces avis, le général Gage paroit vouloir entamer fes opérations, au cas que les Américains ne fe foumettent point de bon gré. Ceuxci, de leur côté, tiennent ferme. La tyrannie que l'on exerce aujourd'hui (eft-il dit dans une lettre de Boston du 10 Août ), produit les plus glorieux effets dans les villes & bourgs de cette province & des autres colonies. La paffion pour les manufactures Américaines, & le dégoût pour tout ce qui vient de la Grande-Bretagne fe répandent avec une rapidité fi étonnante, qu'on ne hazarde rien en affurant que l'oppreffion, pour peu qu'elle dure, portera à leur maturité la profpérité, l'accroiffement & l'indépendance de l'Amérique, puisqu'en

ne tirant rien de la Grande-Bretagne, on coupera toute racine à la tyrannie, & l'on affermira la li berté des Américains fur une bafe fûre & folide........ On prévoit bien que ceux qui veulent les affervir, tácheront de traverfer ces mesures..... Mais on eft affuré qu'ils n'y réffiront point...... Les Américains fçavent qu'ils n'ont qu'à choisir entre trois paris, l'un de rompre tout commerce avec la Grande-Bretagne, l'autre de fe défendre par le fer & le feu, & le dernier de fe foumettre aux horreurs de l'esclavage..... La conduite arbitraire des officiers de la douane ne contribue pas peu à l'indignation des habitans. L'ade du parlement pour bloquer le port de Bofton, porte de n'y rien laiffer entrer hors les viuailles. On a voulu y envoyer du poiffon falé & de l'huile, dont les habitans de Marblehead faifoient préfent aux indigens de Bofton. Ces officiers ont déclaré que le poiffon & l'huile n'étoient point compris dans le mot victuailles: ainfi l'on a été obligé de les voiturer par terre. On avoit fait la même chicane relativement au riz que l'on avoit embarqué à la Caroline méridionale; mais on s'en eft enfin reláché, & l'on a même permis de lancer à l'eau les bâtimens qui étoient fur les chantiers à quoi l'on s'étoit oppofé fans la moindre autorité.

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Les lettres du 15 Août ajoutent que les Srs. Thomas Cushing, Samuel & Jean Adams, & Robert Treat Payne étoient partis de Bofton le 10, pour fe rendre au congrès général à Philadelphie. Les députés qui doivent y affifter de la part de la Virginie, ont été nommés le 5 Août. Ce font les Srs. Peyton Randolph, Richard-Henry Lee, George Warhington, Patrick Henry, Richard Bland, Benjamin Harrison, & Edmond Pendleton. On leur a affigné environ 1000 liv. fterl. pour les défrayer. Les députés de cette province, dans leur affemblée tenue à Williamsbourg depuis le 1er, jufqu'au 9 Août, ont conclu en termes fages

& modérés. Cette affociation, qui eft très-forte confifte en 12 articles, & eft fignée par 108 deputés. On s'y engage entre autres, à ne plus tranfporter de tabac dans la Grande-Bretagne, fi les griefs des Américains ne fe trouvent point redreffés avant le 10 Août 177, & l'on recommande de fubftituer en partie à la culture du tabac celle de tout autre article propre à fervir de bafe à toute forte de manufactures, & l'accroiffement des brebis & des moutons. L'entretien des gens que les circonftances du tems mettent à l'étroit à Bofton, n'y eft pas oublié. Le colonel Bolling a offert à cet effet l'ufage gratuit de deux de fes moulins, eftimés les meilleurs de la colonie. La ville de Philadelphie a voté le 27 Juillet,. 200 liv. fierl. pour les habitans néceffiteux de Bofton, & la ville de Newbery-Port dans la Nouvelle-York, leur a destiné une pareille fomme dans une affemblée tenue le 3 Août.

Sur les dernieres dépêches reçues de la part du général Gage, on a pris au confeil des réfolutions: vigoureufes, en conféquence defquelles on va faire partir une frégate légere avec des inftructions pour ce général, & les autres gouverneurs. des colonies for le continent de l'Amérique. On attend avec impatience les effets que produiront les actes de vigueur, au cas que le général Gage. fe trouve en état de les tenter. Déjà, s'il en faut croire quelques avis de la Nouvelle-York, la déclaration qu'il avoit faite le 13 Août, aux élus de Bofton (& dont on a parlé ci-deffus), y avoit fi fort aigri le peuple, qu'il avoit commencé à en témoigner fon reffentiment. Les troupes avoient eu ordre de s'y oppofer; elles s'étoient effectivement mifes fous les armes, mais n'avoient point. voulu faire feu. Il eft certain, ajoutent ces avis, que les foldats & les habitans paroiffent s'entendre, quelque peine que l'on fe donne pour cour

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